Réforme d'EDF : les salariés mettent la pression avant le choix de Macron

"Sale temps pour Emmanuel Macron aujourd'hui" : à l'image du député normand Sébastien Jumel venu soutenir le personnel des industries électriques et gazières à l'appel de la CGT-FNME, plusieurs milliers de personnes ont défié la pluie mardi 22 juin à Paris pour mettre la pression sur le président de la République avant son arbitrage sur la très contestée réforme d'EDF.

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Manifestation à Paris le 22 juin pour "un service public de l'énergie".
Photo : AFP/VNA/CVN

"12.000 électriciens et gaziers rejoints par les cheminots viennent réaffirmer leur attachement à un Etat qui ne renonce pas à prendre soin de l'énergie. Nous allons faire échouer la volonté de M. Macron", a déclaré l'élu communiste après avoir rallié la place de la République depuis Nation. Le secrétaire général du PCF, Fabien Roussel, était lui aussi présent. La préfecture de police a décompté 5.500 manifestants.
"Le gouvernement a tort. Il doit tout ranger au fond du tiroir et garder son calme, a fustigé le dirigeant de LFI Jean-Luc Mélenchon. On va perdre les savoir-faire, déstabiliser l'industrie, c'est un projet détestable qui ne va rien rapporter. Si je suis élu en 2022, rien de tout cela ne se fera".
"On voit les dégâts des privatisations et de l'ouverture à la concurrence, nous revendiquons une entreprise publique au service de la Nation et du citoyen", a plaidé Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, pour qui "le gouvernement est sur le +reculoir+, il faut continuer à appuyer".
Les manifestants, arborant le gilet rouge de la CGT ou les parkas noires et jaunes des gaziers, brandissaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire "faire baisser les factures c'est urgent" ou "le service public de l'énergie est bon pour emploi, bon pour climat".
"Mascarade"
Sur une place de la République noire de monde et enfumée par les fumigènes ou les pétards, le secrétaire général de la Fédération nationale CGT mines et énergie Sébastien Ménesplier, électrisé par une haie d'honneur de cheminots, fonctionnaires et membres de la fédération Spectacle, a continué de pilonner le gouvernement.

Une banderole est déployée lors d'une manifestation nationale pour défendre un service public de l'énergie, le 22 juin à Paris.

Le projet de réforme "est une mascarade organisée au plus haut sommet de l'État", a-t-il tonné. "Nous avons semé la panique et contraint le gouvernement à temporiser sur la réforme d'EDF. Ni le gouvernement ni l'Europe libérale ne doivent faire aboutir la réforme. Non, M. Macron vous n'aurez jamais le dernier mot pour l'avenir du service public de l'énergie !".
Selon lui, la solution passe par "deux établissements publics à caractère industriel et commercial, un Epic gazier et un Epic électricité 100% publics". La manifestation s'est accompagnée de baisses de production, a-t-il indiqué. Selon la direction, le taux de grévistes représentait 12,73% de l'effectif total sur la journée.
Cette réforme va "sécuriser la place donnée au nucléaire dans le mix énergétique", a assuré Olivia Grégoire, secrétaire d'
État à l'Économie sociale et solidaire lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale. "Il n'y a aucun catimini et l'ambition est de préserver un joyau".
Enlisée dans les échanges entre la direction du groupe, l'
État et Bruxelles, garante de la concurrence, la réforme est contestée depuis près de deux ans par une interfédérale (CGT, FO, CFDT, CFE-CGC) qui a trouvé de nombreux soutiens d'élus locaux et dans l'opinion publique. Son dénouement est imminent : deux fenêtres de tir pour un débat au Parlement, en juillet et octobre, auraient été identifiées.
Initialement baptisé "Hercule", le projet "Grand EDF" vise à réorganiser le groupe, fortement endetté, en trois entités pour lui permettre de se développer dans les renouvelables, tout en assurant de lourds investissements dans le nucléaire.
Trois solutions semblent se dessiner : l'abandon de la réforme et l'avenir d'EDF confié au prochain président de la République, la réforme telle qu'elle a été présentée initialement ou une solution intermédiaire.
Dans ce dernier schéma, le gestionnaire du réseau Enedis, qui constitue le n
œud du problème, ne serait pas forcément intégré dans la société avec les énergies renouvelables et son capital ne serait pas ouvert. Là encore, ce serait au prochain président d'arbitrer le sort du réseau de distribution.
"L'énergie est un bien commun, il ne faut pas faire n'importe quoi", témoigne Erwan Boisseuil, technicien Enedis gréviste, venu de Limoges. "Si demain on laisse ça au privé, c'est fichu, c'est l'actionnaire qui fait votre facture".

AFP/VNA/CVN

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