Reconversion économique : recherche de la qualité, clef du développement durable

La récession économique mondiale se répercute sur l'économie vietnamienne. Elle fait transparaître maints points faibles sur lesquels il faut remédier. Pour cela, il faut procéder à une reconversion en accordant le plus grand soin à la qualité plutôt qu'à la quantité. C'est la clef pour se sortir du "piège" d'une croissance finalement artificielle. Analyse de Nguyên Dinh Cung, chef adjoint de l'Institut national de la recherche sur la gestion économique.

* Aux dires d'experts, il est temps pour le Vietnam de restructurer son économie. Étant un des responsables de l'élaboration du projet sur la reconversion économique, pourriez-vous en dire plus ?

La croissance économique du Vietnam est actuellement basée pour l'essentiel sur la majoration quantitative des fonds d'investissement. Mais l'efficience de ces capitaux n'est pas vraiment élevée. L'augmentation du PIB dépend de 26 groupes de produits, comme les produits agricoles, l'exploitation et la transformation des fruits aquicoles, l'exploitation du pétrole brut, etc. Vingt-et-une de ces 26 lignes de produits ne représentent chacune qu'entre 0,5% à 1% du PIB, et les produits industriels notamment n'occupent eux-aussi qu'un très faible pourcentage du PIB. Idem pour les services bancaires, financiers et de crédits.

Les services scientifiques et technologiques contribuent de manière peu significative à la croissance du PIB... Le processus de reconversion demeure tardif, notamment en ce qui concerne certaines branches d'activités économiques de pointe. Le secteur tertiaire se développe, certes, mais pas assez rapidement. Les travailleurs des secteurs non officiels (employés dans de petites structures avec une production dispersée) représentent 80% de la population active nationale. La répartition des actifs est là aussi trop hétérogène (43% dans le secteur d'État qui attire 34% du total des investissements). Le secteur à la participation étrangère absorbe 4% des travailleurs.

* À votre avis, quelles sont les solutions pour restructurer de manière judicieuse l'économie nationale ?

Cette grande question n'a de cesse de me tourmenter. Je me demande souvent si l'économie vietnamienne peut devenir une véritable économie régionale. Pour l'heure, il existe 2 types d'économie dans notre pays : l'une à l'échelle centrale, et l'autre au niveau local (provincial et municipal). En termes de structure, le pays recense "64 économies" dont une seule est à niveau central. Le reste est au niveau local et correspond au nombre de villes et provinces du pays. L'élaboration de politiques économiques similaires et adaptées à tous les échelons est considérée comme le "levier" qui permettra de modifier en profondeur chacune des branches économiques. L'économie régionale se développe et se modernise dans les provinces avoisinantes des 2 noyaux principaux que sont Hanoi et Hô Chi Minh-Ville. L'objectif est d'harmoniser ce développement à toutes les provinces et régions. Un défi colossal, car les localités ne savent pas encore comment développer leur économie en s'appuyant sur la valorisation de leurs atouts.

* Face à cette situation, quelles sont d'après vous les questions stratégiques auxquelles nous devons nous intéresser ?

Je pense que de nos jours, il est nécessaire de se pencher en priorité sur l'augmentation de la production mais aussi de l'amélioration de l'efficacité. La qualité doit être privilégiée à la quantité. Et c'est le secteur économique étatique, primordial au Vietnam, qui doit montrer la voie à suivre.

L'investissement direct étranger (IDE) devra être utilisé pour développer des secteurs de pointe moins gourmands en énergie, et améliorer la qualité de la main-d'oeuvre... Il faut aussi accorder de l'importance au secteur privé afin qu'il devienne une force motrice importante du développement de l'économie nationale. Ce qui va de pair avec le développement équitable des composantes économiques du pays et de l'étranger ; entre les branches économiques comme agroalimentaire, industrie, bâtiment et services. Mais ce n'est pas tout. Il faudrait éviter de fixer des objectifs socio-économiques arbitraires sans fondement scientifique et nuisibles au développement de l'économie nationale. Autre remarque : réduire la tendance qui consiste à investir "trop" pour Hanoi et Hô Chi Minh-Ville. Il est nécessaire de développer les liens de coopération entre toutes les régions et non des liens uniquement bipolaires, synonymes de disparités. Le système financier doit lui aussi être revu pour s'élargir.

* Trân Du Lich, membre du Comité économique de l'Assemblée nationale et du Conseil national de consultation des politiques financières et monétaires :
L'objectif et la tâche majeurs d'ici 2010 sont d'accélérer le processus de relance économique. Il est temps de réaliser un programme de restructuration globale de la production, afin d'élever la compétitivité. Cela permettra de créer de premiers fondements solides à l'édification du plan quinquennal de développement socio-économique. Pour que la relance économique se fasse sur la durée, il est préférable d'améliorer la qualité de la croissance plutôt que les chiffres et de maintenir un rythme de développement adapté pour la période de post-crise. Sans oublier de pratiquer une politique financière souple et prudente ; réviser les projets issus des investissements prélevés du budget d'État ; mettre en valeur le marché domestique afin d'atteindre une croissance du PIB de 6,5%. La hausse de l'indice des prix à la consommation sera contrôlée pour ne pas dépasser les 10% par an. Les exportations devraient connaître une croissance de 8% par rapport à cette année.

Hà Anh/CVN

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