Qui a tué Banco Popular ? L'Espagne continue de s'interroger

Y a-t-il quelque chose de louche derrière le sauvetage de Banco Popular ? L'Espagne a continué de s'interroger cette semaine sur les zones d'ombre du rachat in extremis de la sixième banque espagnole, au bord de la faillite, par sa compatriote Santander.

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Une filiale de Banco Popular, banque espagnole en déroute boursière, le 17 mai à San Juan.

Lundi 12 juin , le ministre de l'Économie Luis De Guindos a pourtant répété devant le Congrès que les règles européennes avaient été suivies "au pied de la lettre" dans la nuit du 6 au 7 juin, lors du déclenchement par la Banque centrale européenne (BCE) d'un nouveau mécanisme de sauvetage des banques.

Destinée à protéger les contribuables lors des faillites bancaires, l'opération avait abouti en quelques heures au rachat de la sixième banque espagnole par la première Banco Santander, pour la somme d'un euro.

Le ministre de l'Économie a confirmé que Popular n'avait plus de liquidités dès le mardi 6 juin, et n'aurait pas pu ouvrir le lendemain si elle n'avait pas été rachetée.

Les 60 milliards d'euros de dépôts des épargnants ont été préservés et "pas un euro de fonds publics" n'a été dépensé pour le sauvetage, s'est félicité le ministre, sans réussir à faire taire les critiques.

Le quotidien économique Expansion a ainsi révélé lundi 12 juin que des collectivités locales avaient retiré avant le rachat leur argent de Popular, aux côtés des fonds d'investissements, participant ainsi à la crise de liquidités.

Ces retraits "ont coïncidé avec le moment où les autorités économiques nationales affirmaient que +Popular remplissait les exigences de la régulation+ (...) et tentaient de donner confiance aux épargnants", dénonce le journal.

Banque zombie

Plus largement, "comment une banque +zombie+ s'est-elle maintenue pendant cinq ans ? Quel a été le rôle du gouvernement et des autorités de supervision ?", a interpellé le député socialiste Pedro Saura au Congrès.

Une référence au temps écoulé depuis le sauvetage européen des banques espagnoles en 2012, refusé par Popular, plombée par ses actifs immobiliers "toxiques", des biens saisis après l'explosion de la bulle immobilière à des acheteurs incapables de rembourser leurs prêts.

Mardi 13 juin, les inspecteurs de la Banque d'Espagne se sont eux étonnés de l'estimation du cabinet Deloitte, utilisée comme base par les autorités européennes pour fixer le prix de vente à 1 euro, qui situait la valeur de Popular "entre moins 2 milliards et 8 milliards d'euros".

Avec une fourchette tellement large, "soit les scénarios sont d'une extrême diversité, soit l'+expert+ ne l'est pas tant que ça, soit il n'est pas si indépendant", écrivent-ils en soulignant "la futilité des stress tests" réussis par Popular l'été 2016.

Avec le temps "on comprendra si le décès (de Popular) était inévitable ou pas", analysent les inspecteurs, estimant qu'"il a été décidé de permettre que la maladie suive son cours jusqu'à devenir incurable".

AFP/VNA/CVN

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