Quelles perspectives pour l'économie vietnamienne en 2009 ?

Comme tous les pays du monde, le Vietnam a dû faire face l'an dernier à une crise importante qui a profondément affecté tous les rapports de la vie. L'économie vietnamienne connaîtra encore des difficultés cette année, mais, ayant tiré de précieux enseignements de 2008, le Vietnam a confiance en 2009.

* Cao Sy Kiêm, vice-président du Conseil de la consultation des politiques monétaires et président de l'Association des PME.

En 2008, on a atteint les objectifs fixés en début d'année, à savoir inflation freinée, croissance économique stabilisée et bien-être social assuré. En conséquences, l'investissement, l'import-export et le budget sont maintenus. Il ne faut toutefois pas se réjouir trop vite car l'économie vietnamienne devrait à nouveau faire face cette année à des défis internes et externes. Par l'extérieur, l'investissement direct et indirect, de même que les exportations connaîtraient une très nette baisse. Les services financiers et bancaires seraient restreints. La consommation et le secteur touristique seraient moins développés. À l'intérieur, après des années d'intégration et de transformation de la structure économique, il subsiste toujours des problèmes au niveau de la mise en œuvre de certaines politiques économiques. De même, il reste des obstacles à l'application efficace des politiques de crédits et d'import-export, sans compter les lacunes dans le système administratif. Quant au secteur agricole, la situation risque d'être aussi compliquée : les infrastructures sont obsolètes et la plupart des exportations sont sous forme de brut ou semi-produit, ce qui implique une plus faible valeur ajoutée. Par manque de produits technologiquement à la pointe, le secteur industriel subirait lui aussi les conséquences de la crise mondiale.

Il ne fait aucun doute qu'en 2009, le gouvernement prend de nombreuses mesures pour limiter les dégâts. Un exemple, les prix de l'électricité, du charbon et de l'eau sont désormais réajustés en fonction de la tendance du marché. L'État renforce aussi son investissement dans l'éducation, la santé, l'environnement et le développement rural. Autre difficulté, comment faire pour stopper le ralentissement économique tout en maintenant la lutte contre l'inflation ? Car, le déficit de la balance commerciale et certaines dettes douteuses sont autant de signes d'un possible retour de l'inflation. Par parer à cette éventualité, le gouvernement a pris des mesures en vue de d'épauler les entreprises dans la production et la commercialisation, de stabiliser la croissance, de relancer l'investissement et la consommation. J'ai donc pleinement confiance dans le développement de l'économie vietnamienne en 2009. D'autant plus que, malgré le fait que l'inflation a été plus élevée que dans les autres pays de la région en 2008, le Vietnam a su surmonter au fur et à mesure des difficultés.

* Trân Duc Nguyên, ex-président du Comité de la recherche du Premier ministre.

L'an passé, l'inflation et le ralentissement économique ont été au cœur de la plupart des réunions du gouvernement. Dans un sens, cette période a été profitable car, on a pu déterminer avec plus de précisions les faiblesses de l'économie nationale. Fort de cette expérience, il est plus facile aujourd'hui d'affronter les difficultés et de mettre en œuvre les mesures adéquates. Selon moi, il est impératif de se concentrer sur le développement des infrastructures, la formation des ressources humaines et la gestion. Ces dernières années, le taux de croissance de l'économie nationale n'a cessé d'augmenter mais moins en termes de qualité. Cela se traduit par une faible productivité, des investissements moins efficaces...

L'investissement public est issu du budget étatique, des obligations gouvernementales, des aides étrangères et des contributions des entreprises nationales. Jouant un rôle important pour le développement socio-économique du pays, l'argent public est parfois utilisé avec moins d'efficacité. Un exemple, de nombreux aéroports et ports maritimes ont été construits mais, pour la plupart d'entre eux, le taux d'utilisation demeure bas. À cela s'ajoute le fait que la construction de la plupart des ouvrages a pris du retard pour diverses raisons. Le problème, c'est que ces retards coûtent énormément d'argent.

* Trân Xuân Gia, ex-ministre du Plan et de l'Investissement, président du conseil d'administration de la banque A Châu.

À mon avis, 2009 est une année encore plus difficile pour l'économie vietnamienne. La situation de l'an passé était quasi-identique à celle de la période 1997-1998. Cette année, la croissance devrait connaître un sérieux coup de frein pour 3 raisons. Primo, la croissance économique continue de ralentir, passant de 7,2% au 1er trimestre 2008 à 5,8% au 2e, puis à 6,1% au 4e trimestre. Ce phénomène est d'autant plus remarquable que ces dernières années, la tendance était à la hausse continue. Secundo, les exportations devraient être en chute même si leur valeur en 2008 a augmenté de 160% par rapport au PIB. Le hic, c'est qu'avec la crise financière mondiale, les principaux marchés importateurs de produits vietnamiens appliquent "des politiques d'austérité" et que les exportations devraient en pâtir. Tertio, l'investissement devrait lui-aussi diminuer. L'année précédente, sa hausse était de 11% en glissement annuel. En réalité, il a diminué de 10% à cause de la flambée des prix à la consommation. Selon toutes vraisemblances, cette situation devrait se répéter en 2009. La croissance du secteur de l'industrie et de la construction est la plus basse enregistrée depuis 1995. En particulier, le taux de croissance de 0,02% du secteur de la construction est sans précédent, et cela ne devrait pas s'arranger dans les mois qui viennent. Autre défi qui attend le Vietnam en 2009, éviter que le pays ne subisse trop les conséquences de la crise financière qui frappe les autres pays du monde. Mais, le gouvernement a d'ores et déjà pris les devants en mettant en œuvre une série de mesures afin d'y parvenir.

Tùng Chi/CVN

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