Que le cinéma soit ! Et les "Lumière" furent

Le 28 décembre 1895, au Grand Café à Paris, une nouvelle attraction enthousiasme le public : les frères Lumière font défiler sur un écran des images photographiques. Une exposition au Grand Palais raconte l'invention du cinématographe, qui deviendra le 7e art.

>>Il y a 120 ans naissait le cinéma
"Le cinématographe est une invention majeure de l'histoire des hommes et c'est l'une de celles qui est restée le plus longtemps conforme à ses origines", a déclaré Thierry Frémaux, l'un des deux commissaires, avec Jacques Greber, de l'exposition organisée à l'occasion des 120 ans du cinéma.
Un homme photographie le "Photorama" des frères Lumière à l'exposition "Lumière ! Le cinéma inventé", le 25 mars au Grand Palais à Paris.
Photo : AFP/VNA/CVN

Films, documents, affiches et objets d'époque, dont le cinématographe n°1, qui a servi lors de la première projection publique, sont réunis pour cette exposition intitulée "Lumière ! Le cinéma réinventé", jusqu'au 14 juin. Avec une première, la projection simultanée des 1.500 films réalisés par les Frères Lumière.
Les prémices
L'idée du cinéma arrive après une série d'inventions auxquelles l'exposition rend hommage. Au XVIIe siècle, "la lanterne magique" permet de projeter des images peintes sur des plaques de verre à travers un objectif, via la lumière d'une chandelle ou d'une lampe à huile.
En 1829, le Belge Joseph Plateau montre que la rétine de l’œil garde pendant un dixième de seconde le souvenir d'une image. Ce principe, à la base du dessin animé et du cinéma lui-même, va inspirer différents appareils à but ludique, comme le Phénakistiscope ou le Praxinoscope.
En 1891, l'Américain Thomas Edison brevète un appareil à usage individuel pour le visionnage d'images animées, le Kinétoscope. Il invente aussi une caméra de prises de vues, le Kinetograph, dont le format du film 35 mm a été conservé jusqu'à nos jours.
De l'individuel au collectif
Inspirés par les inventions du XIXe siècle, Auguste (1862-1954) et Louis (1864-1948) Lumière veulent rendre le visionnage d'images animées non plus individuel mais collectif.
Fils d'un fabricant de matériel photographique, ils ont déjà à leur actif une importante contribution à la photographie avec un brevet sur la couleur quand, faisant la synthèse de leurs recherches, ils déposent le 13 février 1895 le brevet du cinématographe (du grec kinéma, mouvement).
Thierry Frémaux, directeur de l'Institut Lumière et du festival de Cannes, présente l'exposition consacrée aux frères Lumière, le 25 mars au Grand Palais à Paris. Photo : AFP/VNA/CVN

Le prototype n°1, exposé au Grand Palais, est muni d'un mécanisme qui permet l'entraînement de la pellicule, de façon intermittente. Des modifications seront ensuite opérées, notamment pour réduire les à-coups au visionnage. L'appareil sera produit en série à partir de la fin 1895.
Première séance
Après une dizaine de projections réservées à des professionnels ou des scientifiques, les frères Lumière organisent la première séance publique de leur cinématographe.
Elle a lieu le 28 décembre 1895, dans le Salon Indien du Grand Café (actuel Hôtel Scribe), boulevard des Capucines à Paris.
Trente-trois spectateurs, chacun ayant payé sa place 1,02 franc, sont présents pour assister à la diffusion d'une dizaine de courts-métrages dont la célèbre Sortie des usines Lumière (qui dure 45 secondes). Quelques semaines plus tard, le Salon Indien accueillera jusqu'à 2.500 spectateurs par jour.
Les frères Lumière recruteront ensuite de jeunes opérateurs afin qu'ils parcourent le monde et tournent des images. Ils réaliseront ainsi 1.422 films entre 1895 et 1905 qui, pour la première fois au monde, sont projetés simultanément sur un écran géant au Grand Palais.
De l'attraction au 7e art
Les frères Lumière ne voient dans le cinéma qu'une curiosité scientifique et vont l'exploiter comme une attraction de foire. La technologie est encore, à leurs yeux, plus importante que ce qui est filmé.
Contemporains des frères Lumière, Charles Pathé, Léon Gaumont et Georges Méliès vont contribuer à faire du cinéma une industrie.
Formé à la prestidigitation à Londres, Méliès (l'un des premiers spectateurs au Grand Café) est passionné par l'illusion qu'offre cette nouvelle discipline. Il va lui donner une dimension narrative que n'avaient pas les films des frères Lumière et la transformer en art.
Héritage
Outre les innovations apportées par les Lumière (photo, cinéma en relief, photo couleur ou hologramme), l'exposition s'intéresse aussi à leur héritage : "L'évolution des techniques, le passage de l'argentique au numérique, la trace de l'esthétique Lumière chez les cinéastes d'aujourd'hui". "Si la technique a changé, l’esprit reste le même", assure Thierry Frémaux.
AFP/VNA/CVN

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