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Quang Nam est l’une des 11 provinces du Centre où se pratique le "bài choi", une sorte de jeu de bingo vietnamien accompagné de chant et de musique traditionnelle. |
Photo : VOV/CVN |
Autrefois, les habitants surveillaient leurs champs du haut de leurs belvédères. Sans téléphone, ils communiquaient d’un belvédère à un autre par le chant. bài choi est un mot composé de bài, qui signifie chant, en français, et choi, belvédère. Un assemblage à première vue simpliste qui prend pourtant des formes bien plus compliquées que vous ne pourriez l’imaginer.
Aujourd’hui encore, on organise à chaque printemps une fête du bài choi, qui dure une semaine, depuis le dernier jour de l’année lunaire jusqu’au septième jour de l’année suivante. La fête a lieu dans la cour d’une maison communale, d’une pagode ou sur un terrain vaste et plat. On y érige dix belvédères qui ressemblent plutôt à des maisons sur pilotis donnant sur un terrain de jeu.
Chaque belvédère abrite quatre ou cinq joueurs. "Joueurs", car le bài choi est aussi un jeu, compliqué en plus, comme l’explique Phung Tân Dông, un spécialiste du bài choi à Hôi An : "Mes études me conduisent à dire que c’est un phénomène culturel complexe alliant chant et jeu de hasard. Nous avons 30 cartes réparties en deux paquets, l’un étant mis dans un tube sur la scène, et l’autre vendu aux joueurs installés sur les belvédères. Une personne, appelée Hieu, tire une carte du tube qui est sur la scène et annonce le nom qui figure sur la carte en question. Le joueur qui a la même carte en main recevra un drapeau. Avec trois cartes, le joueur gagne et le jeu est fini".
Mais Hiêu, qui est une sorte de maître de cérémonie, ne se contente pas de tirer une carte et d’en annoncer le nom. Trop facile, ça ! Non, "il" doit improviser, à toute vitesse, un chant dans lequel le nom de la carte est évoqué. En fait, Hiêu peut aussi être une femme. C’est le cas de Phung Thi Ngoc Huê qui a été "contaminée par le virus du +bài choi+" depuis sa plus tendre enfance. "Pendant une séance de bai choi, pour attirer le public, Hiêu peut échanger quelques mots avec lui ou jouer des extraits de théâtre classique. Mais son rôle est surtout d’improviser des chants pour annoncer les noms de cartes, en s’inspirant des airs folkloriques locaux".
La voix veloutée de Hiêu, son sens de la réplique, les chants et les comptines populaires valorisant l’attachement entre les villageois et dénonçant les mauvaises pratiques… sont autant d’attractions pour les joueurs et les spectateurs.
En 1996, le Théâtre des arts traditionnels de Hôi An est né, marquant pour la première fois l’entrée en scène du bài choi, qui était jusque là limité au pur folklore. Deux ans après, le bài choi a été introduit dans le spectacle mensuel des nuits de pleine lune de l’ancien quartier.
Aujourd’hui, tous les soirs, à côté de la rivière Hoài, dans une nature on ne peut plus romantique, un espace consacré au bài choi attire de nombreux touristes vietnamiens et étrangers. "On ne peut pas prétendre avoir visité Hôi An sans avoir écouté du bài choi", affirme Trân Dinh Châu, directeur adjoint du Centre culturel et sportif de Hôi An : "Nous avons fait du +bài choi+ folklorique un art traditionnel. Le fait qu’on puisse assister à ce jeu en pleine rue a eu un impact considérable sur le public. À Hôi An, tout le monde adore le +bài choi+".
Le bài choi fait aujourd’hui partie intégrante des attractions touristiques et culturelles de Hôi An. En plus de répondre au besoin de divertissement de la population, il expose au grand jour l’esthétique et le savoir populaires qui constituent l’identité culturelle des habitants de la région.
VOV/VNA/CVN