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Le réalisateur et metteur en scène Viêt Tu. |
Fils de Ngô Thanh Hiên, célèbre marionnettiste, Viêt Tu est, dès l’enfance, tombé amoureux du théâtre traditionnel. Après avoir échoué au Conservatoire de Hanoï, il a décidé de devenir réalisateur et metteur en scène. Son premier gros contrat fut, Nhât thuc (Éclipse) en 2001, le premier concert de Trân Thu Hà, qui a reçu en 2002 par la Télévision du Vietnam (VTV) le prix de «L’évènement culturel de l’année».
Ensuite, il a enchaîné avec succès la réalisation de clip-vidéos, de concerts, de cérémonies d’événements sportifs, de tournées de chanteurs et d’acteurs, d’échanges culturels. En 2013, il a quitté VTV afin de monter sa propre compagnie de spectacle, Viet Theatre. Avec l’idée d’apporter sur scène le théâtre vietnamien.
«Tu Phu», un coup d'essai qui fut un coup de maître
Après trois ans de préparation, fin 2015, Viêt Tu a présenté son travail au Théâtre Công nhân, 44 rue Tràng Tiên, à Hanoï. Un spectacle de 50 minutes, dénommé «Tu Phu» (Quatre Palais en français), qui représente de nombreuses pratiques du culte des Déesses-Mères.
Une scène de «Tu Phu» au Théâtre Công Nhân à Hanoï. |
«On nous a qualifiés de +pionniers+. En fait, des troupes avaient déjà apporté ce rituel au théâtre, raconte Viêt Tu. Mais ils n’étaient pas des artistes. Nous, nous nous inspirons de ce culte, le revisitons et l’interprétons à notre manière».
Son équipe comprend des musiciens professionnels, un chanteur de châu van (le chant des chamans), une «actrice-médium», deux assistants et de jeunes techniciens passionnés. Les costumes ont été confectionnés par des tailleurs de villages artisanaux du Nord.
«Ici, on ne cherche pas à présenter au public quelque chose de mystique. Il faut communiquer avec les spectateurs de la manière la plus naturelle qui soit. C’est une des caractéristiques de notre spectacle», insiste Viêt Tu.
Le metteur en scène Viêt Tu juste avant le spectacle. |
Joué chaque jeudi et samedi soir au Théâtre Công nhân, «Tu Phu» attire aussi bien des touristes que des amoureux de la culture vietnamienne. Vingt minutes avant le spectacle, il y a déjà foule. La lumière est splendide. Une odeur de cannelle flotte dans la salle.
Au début, Viêt Tu a visé comme public les touristes étrangers. «Le format, la durée, les décorations, etc. tous ces éléments avaient été réfléchis pour cibler un public étranger, partage-t-il. Mais à ma grande surprise, le spectacle a attiré autant de Vietnamiens que d’étrangers. J’ai retiré cette leçon: il ne faut jamais cibler un type de public car l’art est un langage universel !», s’exclame-t-il.
Cependant, seuls trois «personnages» sur les 36 qui servent de base au culte des Déesses-Mères sont interprétés sur scène, en raison des compétences limitées de l’équipe. Mais les spectateurs sont toujours demandeur de nouveautés.
«Oui, interpréter 3 des 36 personnages est insuffisant. La longévité moyenne d’un spectacle est de deux ans, donc il est nécessaire pour nous de revitaliser "Tu Phu" afin de continuer à le jouer», précise-t-il.
D’autres projets en cours
Les musiciens se préparent avant d’entrer en scène. |
«J’ai la chance d’avoir comme assistants des jeunes qui ont étudié à l’étranger. Ils sont ambitieux, talentueux et dynamiques. Ils adorent la culture traditionnelle et ont des visions modernes de l’art. Tout cela va m’aider à développer mon spectacle», sourit-il.
«Tu Phu» est le premier succès de Viet Theatre. L’équipe a déjà commencé un autre projet ambitieux, concernant un autre «poids lourd» de la culture traditionnelle vietnamienne : les marionnettes sur l’eau. Le spectacle, dénommé «Thua ây xu Doài» (Le pays de Doai à l'époque), est joué dans le district de Quôc Oai, en banlieue de Hanoï.
Le culte des Déesses-Mères,
patrimoine culturel immatériel de l’humanité
Reconnu en décembre 2016 comme patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO, le culte des Déesses-Mères du Vietnam marque le point incomparable de la culture vietnamienne.
Mené par le chant châu van, le culte interprète 36 différents personnages, ceux qui représentent les fameux héros et génies dans les contes du pays.
Texte et photos : Dang Duong/CVN