Quand la pègre fait le buzz sur le Net

Depuis quelques années, les réseaux sociaux s'enflamment avec des sujets de société liés au gangstérisme.

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De plus en plus de célébrités participent à la course au Web-drama sur des thèmes violents.
Photo : Thu Nguyên/CVN

À côté "des tendances Internet" déviantes au travers de personnalités telles que Kha Banh ou Duong Minh Tuyên, cette course voit également la participation de célébrités qui exploitent des courts métrages sur Youtube. Ce phénomène a suscité des inquiétudes en termes de "culture des idoles" et "d’intérêt" des jeunes.

Déviations dans l’idolâtrie des jeunes

De nos jours, en un seul clic sur Google, plusieurs millions de résultats sur ces nouvelles "idoles" des réseaux sociaux apparaissent en quelques secondes. Qui est Kha Banh ? Qu’a-t-il fait pour être aimé par plusieurs milliers de jeunes ? Kha Banh (de son nom complet Ngô Ba Kha, né en 1993, résidant à Tu Son, Bac Ninh) est un personnage très mentionné en ligne ces derniers temps.

Ce personnage a su attirer une grande attention par ses vidéos où on le voit enfreindre la loi sur Youtube par le biais d’actions controversées en tous genres. Ou Duong Minh Tuyên (né en 1986, résidant à Bac Ninh) qui a connu une gloire inattendue ces dernières années avec le surnom d’"insulteur public" dû à de nombreuses vidéos vulgaires postées à l’encontre notamment d’événements sociaux et de célébrités.

Célèbres pour leurs "valeurs déviantes", ces deux nouveaux phénomènes en ligne sont malheureusement admirés par de très nombreux jeunes qui les considèrent comme des "idoles". Avec un seul clic sur Google, 117.000.000 résultats en 0,89 seconde avec les mots clés : "Voyou réseau social".

Toutes leurs diffusions en direct reçoivent plusieurs millions d’interaction dont la plupart venant d’écoliers et d’étudiants, la vue ne diffère pas de l’histoire que les gens décrivent souvent à propos des fans de K-pop.

Lorsque la perversité est non seulement pas condamnée mais au contraire prospère dans un environnement favorable que sont les réseaux sociaux, cela affecte directement la conscience, la réflexion, même les actions des plus jeunes. Il est nécessaire de sonner l’alarme sur ce phénomène, extrêmement dangereux, de cette tendance à admirer ces idoles déviantes qui se propagent telle une contamination affectant les mauvais comportements des jeunes au moment crucial de leurs années de formation de la personnalité.

Courts métrages et violence

Le concept de web-drama n’est pas nouveau pour la communauté des cinéphiles vietnamiens. Les web-séries ou web-dramas sont également connus sous le nom de courts métrages en ligne. Les réalisateurs diffusent leurs œuvres cinématographiques sur les réseaux publics sur des sujets très variés. De nos jours, le web-drama est progressivement devenu un type de distraction populaire, en particulier chez les jeunes. Les profits sont basés sur le nombre de vues et la publicité. En général, ce genre de film utilise la participation de nombreux comédiens et met l’accent sur le divertissement plutôt que la qualité ou le message du film.

Le plus remarquable est Thâp tam muôi (Treize filles) de Thu Trang - Tiên Luât. Il se concentre sur le monde de la mafia vietnamienne et les batailles sans fin entre des groupes sous-terrain. Le film possède beaucoup de scènes de combats et de violence, et exploite également le coin sombre de la pègre et de la prostitution dans les boîtes de nuit.

Une élève regarde un clip du jeune amateur Kha Banh.
Photo : Thu Nguyên/CVN

À noter également le film Vi Ca préhistoire. Il s’agit du produit de Quách Ngoc Tuyên relatant le début de Thâp tam muôi. Viêt Huong a également participé peu de temps après le tourbillon Web drama, avec un film intitulé Chêt thi chiu (Accepter de mourir) et Trât tu moi (Nouvel ordre). Ce film a également vu la participation de Chi Tài, Hông Thanh et Kha Nhu... En outre, cette vague a également reçu la réponse de nombreux acteurs et chanteurs célèbres tels qu’Ung Hoàng Phúc, Hô Quang Hiêu, Nam Thu, Lâm Chân Khang et Phu Lê, entre autres.

Toujours en 2019, le milieu de la mafia est encore un sujet chaud qui attire de nombreux artistes et spectateurs. La plupart des courts métrages exploitant ce sujet comptent près de 10 millions de vues par vidéo. Ce n’est pas un petit nombre pour les films en ligne. Une "invasion" des films en ligne avec en mémoire Chi muoi ba (La treizième sœur), dernier volet de Thâp tam muôi a également marqué les esprits avec un profit d’environ 46 milliards de dôngs. Ces résultats successifs montrent une explosion du genre au Vietnam.

Dans la vague de cette tendance, les types de web-drama contenant le mot clé "Gangster", en plus d’être devenus les plus recherchés sur Youtube, sont également les mieux notés, à l’instar des vidéos de Kha Banh, Duong Minh Tuyên, et autres séries et films musicaux sur ce sujet.

Bien sûr, il est ridicule de comparer ces clips insolents d’amateurs avec des Web-drama professionnels. Mais cette tendance nous force à nous poser également la question suivante : "Pourquoi un tel engouement des Web-drama sur le sujet de la mafia et des gangsters ? Pourquoi la violence fascine-t-elle autant ?".

Depuis quelques années, les réseaux sociaux sont au cœur des sujets portant sur les nouveaux moyens de communication. Pour la plupart, cet outil est à double tranchant. Pourquoi ? Plusieurs théories défendent Facebook, Twitter, Youtube ou les autres réseaux en les présentant comme des moyens qui rapprochent les gens de la vérité, ou plutôt de l’actualité.

En revanche, il n’est pas faux de dire que les réseaux sociaux comportent également des risques et servent à galvaniser, endoctriner les foules. Dans une société où les normes morales sont respectées, les "zones sombres" quant à elle, stimulent la curiosité et plaisent aux populations. Les contenus de violence peuvent être considérés "inoffensifs, inutiles" pour certains mais pour les plus jeunes, ils risquent de répondre à la mentalité "rebelle" de l’adolescence, surtout des esprits les plus malléables qui ne sont pas encore matures pour pouvoir distinguer le bon du mauvais.

Toutes leurs diffusions en direct reçoivent plusieurs millions d’interaction dont la plupart venant d’écoliers et d’étudiants.
Photo : Bùi Phuong/CVN

Pour expliquer ce phénomène, Nguyên Cuong, spécialiste des médias sociaux a déclaré : "À l’heure actuelle, sur Facebook et YouTube, il existe des milliers de canaux de divertissements, de voyages et de découvertes auxquels les utilisateurs ont accès. Les nouveaux produits deviennent ainsi de plus en plus attrayants pour le public. Ainsi, de par leur nouveauté, le fait que les jeunes s’intéressent à ce genre de vidéos reflétant la vie sous-terraine de la mafia vietnamienne est un phénomène psychologique disons normal".

École, famille et gestionnaires

La suppression de la chaîne YouTube de Kha Banh avec 2 millions d’abonnés a marqué la première action sévère, certes retardataire, des autorités vietnamiennes sur le contrôle du contenu des réseaux sociaux. Néanmoins, avec la propagation rapide des réseaux sociaux, ces valeurs aberrantes ont créé un tsunami et des solutions plus radicales sont nécessaires. Il n’est pas facile de lutter contre elles car Internet est un monde ouvert et immense. Il est tout de même possible de les réduire avec la collaboration de l’école, des familles et des responsables des réseaux sociaux.

Selon quelques études récentes, plus de 90% de la population pense que les attitudes adoptées dans la vie réelle contribuent à construire celles en ligne. Alors, les écoles et la famille doivent renforcer l’éducation des enfants afin de former leur esprit et leur attitude de manière adaptée. De plus, les gestionnaires des réseaux ont besoin d’un mécanisme pour filtrer ou bloquer les discours ou les contenus subversifs, influant négativement sur la communauté en ligne. Au lieu de compter sur la faible conscience de soi des utilisateurs, il est temps que les autorités réagissent plus résolument pour les protéger.

Est-il trop tard pour fermer la porte de l’écurie une fois que le cheval a été volé ?


Thu Nguyên/CVN

(Prix d'encouragement du Concours "Jeunes Reporters Francophones - Vietnam")

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