Promouvoir les patrimoines culturels matériels de manière globale

Le pays lancera une stratégie globale pour demander à l'UNESCO une reconnaissance massive des patrimoines culturels immatériels, au lieu d'envoyer des dossiers séparés comme à l'heure actuelle. Avis de Lê Thi Minh Ly, vice-directrice du Département des patrimoines culturels, lors d'une interview accordée au journal en ligne VietnamNet, à l'occasion de la Journée nationale du patrimoine (23 novembre).

* Pouvez-vous expliquer ce qu'est exactement la notion de "patrimoine immatériel de l'humanité" attribuée par l'UNESCO ?

Un patrimoine se verra attribuer ce titre s'il traduit les caractères de la communauté, que sa naissance revêt une signification historique importante et qu'il est transmis de génération en génération. La continuité d'un patrimoine vivant contribue à esquisser un tableau culturel de la communauté et d'un pays et à augmenter la diversité de la culture mondiale. C'est le facteur le plus important. Ensuite, il faut que ce soit la même communauté qui protège volontairement et prenne l'initiative dans la présentation d'un dossier de candidature. Outre la mission d'édification d'un plan détaillé de protection, la communauté doit répondre à toutes les conditions une fois le patrimoine reconnu, évitant un litige avec les autres cultu-res.

* En se basant sur les critères précités, le Vietnam aura plusieurs de ses patrimoines à présenter au monde, outre la musique de cour, des gongs, le quan ho (chants populaires ) et le ca trù (chants des courtisanes). En effet, la Chine a eu pas moins de 25 de ses patrimoines reconnus simultanément en tant que tels. Treize pour le Japon, 7 pour la Croatie, etc. Quelles expériences peut-on en tirer ?

Le retard dans la reconnaissance patrimoniale pour le ca trù et le quan ho s'explique par l'attente pour le passage du système d'estimation selon la Convention 2003 de l'Unesco pour la protection des patrimoines culturels immatériels. Ainsi, le pays doit amender le contenu de ses dossiers.

Mais à l'avenir, le Vietnam devrait élaborer une stratégie pour inventorier la globalité de son trésor patrimonial. D'où un plan global pour la promotion mondiale dans l'objectif de demander la reconnaissance pour toute une série de patri- moines, plutôt qu'un dossier pour chacun d'entre eux. Selon la nouvelle convention, la communauté joue un rôle très important. Ainsi, il faudra encourager la participation active des habitants dans la protection et le développement du patrimoine. Autre point, la communauté devrait accorder une vision ouverte aux patrimoines. Chaque patrimoine revient à plusieurs communautés. Il n'est pas nécessaire de discuter de l'origine du ca trù et du village natal du quan ho (Bac Ninh ou Bac Giang). C'est aussi cette diversité qui fait leur intérêt.

* Que pensez-vous de l'idée d'une coopération avec d'autres pays pour partager un titre de patrimoine comme l'ont fait l'Argentine et l'Uruguay pour le tango, ou bien 7 pays (Azerbaïdjan, Inde, Iran, Kirghizistan, Ouzbékistan, Pakistan et Turquie) pour la Fête du printemps ?

C'est normal. La fusion culturelle est naturelle et l'inscription commune d'un patrimoine entre différents pays contribue à éviter les litiges. La Chine a suggéré une coopération avec le Vietnam pour demander à l'UNESCO une reconnaissance patrimoniale. Si le Laos adopte la Convention de l'UNESCO, une coopération entre le Vietnam, le Laos et le Cambodge s'avère envisageable. L'UNESCO encourage aussi ce modèle de coopération.

* D'ici septembre 2010, le pays table sur la présentation d'un dossier de candidature pour le hat xoan (chants traditionnels) de la province de Phu Tho. Les préparatifs seront-ils accélérés dans cette optique?

Cette fois, ce sont les autorités locales qui prennent l'initiative dans la présentation du candidat et dans l'élaboration du dossier, avec l'assistance des organismes professionnels. Pour le hat xoan de Phu Tho, les experts de l'Institut national de la musique se rendront sur place pour que le dossier puisse être envoyé à l'UNESCO en mars 2010. Le Vietnam planifie également la demande de titre pour 3 patrimoines. Le dossier de la Fête Giong a été envoyé à l'UNESCO fin août 2009. Ceux des marionnettes sur l'eau et des épopées de Tây nguyên sont en cours.

* Le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme aura-t-il des orientations pour élever la conscience communautaire sur la nécessité de préserver les patrimoines reconnus ?

Plusieurs activités pour mettre en avant les 2 patrimoines récemment répertoriés (ca trù et quan ho) seront organisées pendant la Journée nationale du patrimoine (23 novembre). Le ministère encourage les autorités locales à présenter des candidatures, en accordant une priorité aux patrimoines des ethnies et aux patrimoines à sauvetage urgent. Par ailleurs, la présentation des patrimoines au monde contribue à édifier le label national et au développement durable du pays.

* La préservation et la valorisation d'un patrimoine dépend-elle de la communauté ?

L'honneur d'être reconnu est synonyme de responsabilité. La communauté devrait contribuer à la protection et à la valorisation du patrimoine. Il faudrait faire des efforts pour donner une vitalité au patrimoine au lieu d'essayer de tirer profit des intérêts apportés par le titre honorifique.

Ngân Huong/CVN

(20/11/2009)

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