Préservation et valorisation des langues vernaculaires

Le Vietnam est un pays multiethnique et multilingue. À part le vietnamien, utilisé comme langue véhiculaire officielle, il existe 53 ethnies minoritaires avec leurs propres langages dont certains risquent de disparaître.

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Il est nécessaire d’enseigner à l’école les langues des minorités ethniques.
Photo : Bao Phùng/CVN

Les langues des minorités ethniques ou langues vernaculaires sont très importantes. Elles ne sont pas seulement un outil de communication mais aussi un témoignage de la culture et de l’histoire de ces ethnies. De ce fait, "la protection de la diversité culturelle et linguistique est devenue une tâche urgente dans le contexte actuel", a souligné le Dr. Nguyên Huu Hoành, directeur adjoint de l’Académie des sciences sociales du Vietnam.

Les études menées par des scientifiques de cette académie et du Département de linguistique de l’Université des sciences sociales et humaines de l’Université nationale de Hanoï ont prouvé que certaines langues minoritaires font face à un risque élevé de disparition, telles que le Ruc, Co Lao, Pa Di, Thu Lao et Pu Peo.

Il s’agit pour la plupart des ethnies avec peu de personnes (de quelques centaines à environ 1.000) et leur vie est très difficile. Elles ne sont plus capables d’assurer la transmission de leurs propres langues.

Une menace réelle

De nombreuses raisons peuvent expliquer ce risque de disparition. Premièrement en cause, une faible population. En effet, le nombre de personnes qui connaissent et utilisent régulièrement chacune de ces langues demeure faible. Deuxièmement, elles n’ont pas d’écriture propre ou n’écrivent que très peu dans leur langue. Elles vivent isolés ou aux côtés d’autres ethnies plus larges. Un phénomène qui s’accentue sensiblement chez les plus jeunes qui se laissent facilement "séduire" par le chant des sirènes de la modernité.

Aujourd’hui, seules les personnes d’un certain âge utilisent encore ces langues.

Selon le Dr. Nguyên Van Hiêp, directeur de l’Institut de linguistique de l’Académie vietnamienne des sciences sociales, la préservation des langues vernaculaires est depuis longtemps une préoccupation particulière du Parti et de l’État. La Constitution de 2013 stipule clairement que "Des ethnies ont le droit d’utiliser leur propre langue et écriture ainsi que de préserver et de promouvoir leurs valeurs culturelles traditionnelles".

De nombreuses résolutions prises par l’État et les localités visent à maintenir au maximum l’existence des différentes langues du pays. Selon les experts, ces dernières ont toujours été considérées comme l’un des éléments qui composent l’identité culturelle nationale. Donc, l’utilisation et la promotion de ces langues au sein du système éducatif, des médias locaux et des activités culturelles, reste à ce jour une priorité.

Classes de langues pour les Phù La et Bô Y

Écriture ancienne des Thai.

Notamment, le Khmer, Ê Dê, Gia Rai, Ba Na, Cham, H’mông, Xê Dang, Tày, Hà Nhi et Co Tu, ont été diffusés sur plusieurs ondes radios et émissions télévisées des provinces et villes. Certains ont même été utilisés dans des œuvres littéraires, dictionnaires et manuels scolaires.

Les facteurs les plus essentiels pour permettre à ces langues ethniques de perdurer est leur enseignement mais aussi l’importance de leur rôle au sein de la vie de ces communautés. Les localités telles que Soc Trang (Sud), Dak Lak, Gia Lai (hauts plateaux du Centre), Nghê An, Khanh Hoà (Centre), Lai Châu, Diên Biên, Hà Giang, Lào Cai et Son La (Nord), ont notamment mis en place un certain nombre de mesures pour les remettre au cœur des activités sociales.

Le Comité provincial des affaires ethniques de Lào Cai a par exemple ouvert 60 classes de langues pour les groupes ethniques Phù La et Bô Y. Les stations de radio et de télévision locales ont, quant à elles, lancé deux sites web spécialisés sur les langues H’mông et Dao pour celles et ceux qui souhaitent les étudier. Le Service provincial de la culture, des sports et du tourisme a également mené de nombreuses études sur ces langues à travers des livres anciens conservés au musée local.

Les activités visant à préserver ces langues minoritaires ont reçu un accueil enthousiaste de la part des ethnies concernées. Bon nombre de personnes âgées ont ainsi ouvert des classes de langues et d’alphabétisation pour les jeunes afin de les aider à conserver leur langue maternelle.

De surcroît, le ministère de l’Éducation et de la Formation a élaboré un programme bilingue dans les huit langues suivantes : le Thaï, le H’mông, le Ba Na, le Gia Rai, le Xo Dang, le Cham, le Khmer, le Hoa et le Ê Dê à destination des écoles élémentaires et des internats. Sur la base de cet ensemble de documents, environ 30 provinces et villes du pays enseignent actuellement ces langues.

En outre, de nombreuses localités les ont enseignés aux lycéens en obtenant des résultats positifs. La province de Son La (Nord) est un parfait exemple avec son projet d’ouvrir chaque année environ neuf classes de langues, d’un total de 400 élèves, ou encore celui de Binh Thuân (Centre) dispensant quatre cours de Cham par semaine dans des établissements scolaires.

L’enseignement des langues minoritaires au sein de la communauté est un facteur capital pour leur "renaissance". La conservation et la promotion des cultures des ethnies doit inéluctablement passer par celle de leurs langues propres.


Thuy Hà/CVN

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