France
Premier week-end déconfiné : vers la Grande Bleue ou au vert

La plage ou la forêt, la nature si possible... Confinés huit semaines durant, les Français espèrent renouer samedi 16 mai avec les chemins creux et les sites touristiques qui rouvrent ponctuellement, comme le Mont Saint-Michel, les 39 forêts d'Ile-de-France, la cathédrale de Chartres et même l'Aiguille du Midi dont le téléphérique reprend du service.

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Des personnes font du kite surf sur la côte de Douarnenez, en Bretagne, le 14 mai. 
Photo : AFP/VNA/CVN
Photo : AFP/VNA/CVN

Pour les collégiens de 6e et 5e résidant en zones "vertes", ce premier weekend de déconfinement, qui amorce le lent retour à la normale, sera aussi une veille de rentrée après celle des maternelles et des primaires.

Le bilan quotidien de l'épidémie a baissé vendredi 15 mai avec 104 nouveaux décès enregistrés en 24 heures, contre un pic à plus de 600 début avril, portant le total à plus de 27.500 morts depuis le 1er mars. Surtout, le nombre de patients en réanimation diminue régulièrement (-96 patients vendredi 15 mai), insiste la Direction générale de la santé vendredi soir 15 mai.

Pour la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, le bilan des premiers jours de déconfinement est "globalement positif". Elle a salué des mesures "très bien respectées", tout en prévenant qu'il restait "beaucoup d'efforts à fournir" d'ici la saison estivale.

Pour les premières escapades du déconfinement, autorisées dans la limite des 100 km à vol d'oiseau, les routes devraient enregistrer les premiers ralentissements comme en direction de l'ouest au départ de Paris, ainsi que le prévoient les sociétés d'autoroute.

Besoin d'exercice

Surfeurs, baigneurs, marcheurs et plaisanciers comptent retrouver le littoral, où rassemblements, sports collectifs et bronzette restent prohibés. Mais sortir des grandes villes sera déjà un luxe.

Le sanctuaire de Lourdes, qui vient de subir la fermeture la plus longue de son historie, rouvrira également samedi 16 mai.

"J'ai vraiment besoin d'exercice, travaillant toute la semaine dans un bureau, on a vraiment besoin de s'exprimer à l'extérieur", justifie Sylvie Bosredon, présidente de l'association Marchepied qui organise d'habitude des randonnées le week-end.

L'Esplanade des Invalides, le 15 mai à Paris.

"La nature m'a vraiment manquée", renchérit Lise Balmes, médecin hospitalière de 55 ans qui partira très tôt "pour voir la belle lumière du matin en forêt".

Changement de programme lundi matin : après les 1,5 million d'écoliers de retour sur les bancs des classes, "au moins 150.000 collégiens de 6e et 5e", dans les zones vertes, pourront leur emboîter le pas la semaine prochaine, selon le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer. Soit environ 10% de l'effectif de ces tranches d'âge.

Pour les classes de 4e et 3e, Blanquer a renvoyé la décision aux "derniers jours de mai".

S'agissant des lycées, le Premier ministre Edouard Philippe avait indiqué une décision sur leur réouverture en juin. Manque de "visibilité" pour les familles, a regretté vendredi 15 mai le président de la métropole de Lyon, David Kimelfeld.

Cependant, l'annonce du décès à Marseille d'un enfant de 9 ans n'est pour rassurer les parents inquiets: il s'agit du premier dans l'Hexagone à succomber à cette forme proche de la maladie de Kawasaki, décrite chez de jeunes patients ayant été en contact avec le coronavirus. A ce jour, 144 cas ont été répertoriés, selon la Direction générale de la santé.

En visite surprise à la Salpêtrière, un des grands hôpitaux parisiens, Emmanuel Macron s'est fait vivement interpeller vendredi 15 mai par les personnels soignants. Une infirmière lui a réclamé "du flouze, du pèze, de la fraîche: on veut de l'argent !".

Prime COVID

Applaudies chaque soir par le public et glorifiées par les politiques, blouses blanches et surblouses bleues attendent toujours la prime promise fin mars par le chef de l'Etat.

Le décret paru vendredi 15 mai attribue une "prime COVID" de 500 euros à tous les personnels hospitaliers et 1.500 pour ceux au front dans les 40 départements les plus touchés et les établissements concernés par l'épidémie.

"C'est pas 300 euros qu'il faut, c'est bien plus pour garder notre personnel. En réanimation, les deux tiers des effectifs partent", lui a lancé une infirmière des urgences, très remontée.

Le président a affirmé avoir "demandé au ministre un travail express" sur le sujet.

"Ne nous laissons pas endormir par ces belles paroles", a réagi dans un communiqué le Pr Laurent Thines, neurochirurgien à l'hôpital de Besançon. "En pratique, les projets de restructuration et de suppression de lits et de personnels se poursuivent", affirme-t-il, annonçant "une grande manif de soutien à l'hôpital le jeudi 28 mai - si l’épidémie ne repart pas d’ici là".

Sur ce risque, les experts semblent de plus en plus divisés.

Fête de la Musique

Le Premier ministre Edouard Philippe a érigé en "priorité nationale" le sauvetage du secteur du tourisme qui représente deux millions d'emplois et 7% d'un PIB national, déjà torpillé par la pire récession depuis la Seconde guerre mondiale.

Car pour l'heure, "l'économie française redémarre doucement", a estimé le ministre de l'Éonomie, Bruno Le Maire, qui écarte l'éventualité d'un rétablissement de l'ISF.

Inquiète dans ce contexte de "la dégradation substantielle attendue cette année des finances publiques et de l'activité économique en raison de l'épidémie de COVID-19", l'agence financière Fitch a abaissé vendredi soir 15 mai de "stable" à "négative" la perspective de sa notation de la France.

Fitch dispose désormais de deux années pour abaisser éventuellement la note de la France, qui influence les conditions auxquelles le pays peut emprunter sur les marchés, et qui est laissée pour l'heure inchangée à "AA".

Bonne nouvelle en revanche: grâce aux restrictions drastiques de circulation pendant les huit semaines de confinement, le nombre de personnes tuées sur les routes a chuté en avril de 55,8%. De même la pollution atmosphérique en région parisienne a dégringolé de 30% pour certains polluants. Quant au trafic de drogue, il aurait baissé de 30 à 40%.

Enfin, le ministre de la Culture, Franck Riester, a assuré vendredi soir 15 mai que la Fête de la Musique aurait bien lieu le 21 juin : "On parlera musique, on verra musique", a-t-il juré sur RTL. "On essaie de proposer quelque chose qui ait de la gueule, qui permette aux Français de chanter, de jouer de la musique, sans prendre de risque".

AFP/VNA/CVN

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