"Tous les travailleurs dans le secteur de la conservation des patrimoines savent qu'une préservation +intelligente+ doit se baser sur la protection des valeurs culturelles d'un lieu où convergent les connaissances sur l'histoire, l'esprit et les caractères particuliers". Telle a été l'affirmation du Dr. Jin Kwang So concernant la durabilité culturelle dans la gestion urbaine lors du 12e forum "UNESCO-Universités et patrimoines" qui doit s'achever le 10 avril à Hanoi.
Lors de cet événement gravitant autour du thème "Paysages des cités historiques", le Dr. Jin Kwang So a également souligné que les valeurs économiques n'existent que pendant un temps avant de se perdre ou d’être remplacées par d'autres, mais les valeurs culturelles s'éternisent en dépit des vicissitudes de l'histoire. De nos jours, le recours aux progrès technico-scientifiques a beaucoup facilité la conservation des patrimoines. Cependant, sur le plan culturel, il produit souvent des impacts négatifs. Aussi, le facteur humain et ses politiques constituent-ils l'élément le plus important susceptible d'assurer l'homogénéité et la durabilité de ce travail. M. Jin a insisté sur la nécessité d'élaborer un programme global de formation de main-d'œuvre et d'éducation de la population des régions de grands patrimoines afin qu'elle soit consciente de leurs valeurs matérielles et immatérielles. "Le Vietnam en général et la capitale de Hanoi en particulier doivent s'intéresser à la formation de ressources humaines dans ce secteur", a-t-il suggéré.
Selon le Dr. Rodrigu Normand, consultant du bureau de l'UNESCO à Hanoi, la capitale du Vietnam, une ville millénaire, est le lieu de convergence des valeurs culturelles vietnamiennes ainsi que le centre économique, éducatif et scientifique du pays. Après plus de 20 ans de Renouveau, le Vietnam a beaucoup changé avec une urbanisation rapide, et de même pour sa capitale. L'espace du vieux quartier est occupé et plusieurs maisons d'architecture ancienne ont dû céder leur place à des édifices modernes, d'où la nécessité d'une "intervention urgente", a indiqué ce consultant canadien. De son avis, cette intervention peut débuter par un consensus entre ministères et services sur la préservation du vieux quartier. Il faut disposer d'un plan de sauvegarde globale, et pour l'élaborer, les autorités doivent consulter ses habitants.
Des frais de visite pour la préservation
Selon de récentes études de l'Université d'architecture de Hanoi, 60% des familles résidant dans le vieux quartier veulent moderniser leurs maisons en leur donnant plus de confort alors que selon le plan de préservation préconisé par l'administration, il faut conserver les valeurs culturelles et l'architecture caractéristique que présentent les habitations. Pour leur vie quotidienne, certaines familles ont déjà effectué des travaux. Devant cette situation, Dô Minh Huyên, professeur à l'Universitéd'architecture de Hanoi, a proposé plusieurs solutions dont l'octroi d'une aide financière pour que les propriétaires à faibles revenus puissent procéder à la réparation de leur habitat, ou encore la mobilisation de la participation des touristes à la préservation du vieux quartier.
En effet, d'après une enquête, seul 43% des habitants du vieux quartier sont prêts à contribuer financièrement au travail de conservation estimé très "coûteux ". Outre l'assistance du gouvernement et la participation de la population, faut-il percevoir des frais de visite du vieux quartier.
Hà Minh/CVN