Pour Trump, le retour à Washington s'annonce compliqué

L'heure de la rentrée a sonné pour Donald Trump qui retrouve lundi 21 août la Maison-Blanche, repeinte à neuf, à l'issue de deux semaines de vacances chaotiques. Elle s'annonce rude.

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Le président américain Donald Trump à Hagerstown, aux États-Unis, le 18 août.

 

Les nuages sombres s'amoncellent sur la jeune présidence du magnat de l'immobilier septuagénaire qui bat des records d'impopularité par rapport à tous ses prédécesseurs. Et qui, loin d'avoir trouvé un ton rassembleur, alimente chaque jour un peu plus un sentiment de chaos et d'improvisation au sein de l'exécutif de la première puissance mondiale. 

De toutes les crises qu'il a lui-même générées depuis sept mois, celle née 
de ses propos sur les violences racistes de Charlottesville fut sans conteste la plus dévastatrice. En affirmant, lors d'une conférence de presse en roue libre devant les ascenseurs dorés de la Trump Tower, que les torts étaient des "deux côtés" (suprémacistes blancs et contre-manifestants), il a choqué.

Al Gore, ancien vice-président démocrate, lui a conseillé de 
"démissionner", Mitt Romney, ancien candidat républicain à la Maison-Blanche, de "s'excuser".

Une partie du monde des affaires affiche désormais ouvertement son 
exaspération. Dans le camp républicain, les critiques - longtemps "off the record" - se font plus audibles, pressantes. Avec l'idée qu'un tel degré d'imprévisibilité au sommet de l'État ne peut durer quatre ans.

Une phrase - terrible, ciselée - venue du sénateur républicain Bob Corker, 
qui ne peut être rangé dans le camp des anti-Trump primaires, résume le sentiment répandu au sein du Grand Old Party : "Le président n'a pas encore réussi à démontrer qu'il avait la solidité et les compétences nécessaires pour réussir".

Or, l'objectif affiché de la rentrée est clair pour un président en quête 
d'une première avancée législative à accrocher à son bilan : faire aboutir, à l'automne, la grande réforme fiscale promise sur les estrades de campagne.

Si les ténors républicains du Congrès y tiennent également, les attaques 
dont ils ont été la cible de la part du locataire de la Maison-Blanche pourraient compliquer les débats. Mais la crainte de provoquer un clash à l'approche des élections de mi-mandat sera présente dans tous les esprits.

Pour Larry Sabato, politologue de l'université de Virginie, les leaders 
républicains de la Chambre des représentants et du Sénat, Paul Ryan et Mitch McConnell, "savent à quoi s'en tenir avec Trump et il n'y a pas une ombre de complicité entre eux".

Mais, au moins jusqu'en novembre 2018, "ils n'ont pas d'autre choix que de 
travailler avec Trump, qui le sait et aime jouer avec eux comme un chat avec une souris", explique-t-il à l'AFP.

Steve Bannon, conseiller 
Photo : Reuteurs/VNA/CVN

Meeting sous tension à Phoenix 

Paradoxe : le renvoi vendredi 18 
août du sulfureux Steve Bannon, "conseiller stratégique" à la présidence, aurait pu marquer un moment fort, le marqueur d'un "recentrage". Mais le calendrier fut désastreux : il est intervenu quelques jours après les remarques présidentielles chargées d'ambiguïté sur l'extrême droite.

Certes, son départ clarifie les rapports de force au sein de la Maison-
Blanche, où John Kelly, général à la retraite des Marines, est désormais l'homme fort. Mais il pose avec une acuité renouvelée une question lancinante : quelle est la véritable doctrine de Donald Trump ? Quels sont ses véritables lignes directrices ?

Que restera-t-il, dans les esprits et les politiques, de Steve Bannon, 
principale plume du discours sombre et offensif prononcé par Donald Trump le jour de sa prestation de serment : "À compter d'aujourd'hui, ce sera l'Amérique d'abord et seulement l'Amérique ?".

Le 45e président de l'histoire américaine aura l'occasion de donner la 
tonalité de sa rentrée mardi 22 août à Phoenix, en Arizona, lors d'un meeting qui pourrait se dérouler dans un climat tendu.

Le maire démocrate de la ville, Greg Stanton, a déploré la tenue de ce 
rassemblement politique quelques jours après le drame de Charlottesville, mettant en garde contre le risque "d'attiser les émotions et de diviser encore plus le pays".

Des élus locaux redoutent que le président profite de ce rassemblement 
devant ses partisans chauffés à bloc pour accorder sa grâce à Joe Arpaio, ancien shérif du comté de Maricopa (qui inclut la ville de Phoenix) très controversé en raison de ses méthodes musclées et récemment condamné pour son zèle contre les clandestins.

Dans les cordes, isolé, Donald Trump devra trouver le juste équilibre entre 
sa volonté de galvaniser sa base venue l'acclamer - exercice dans lequel il excelle - et d'envoyer un message rassembleur à l'issue d'une semaine qui a ébranlé l'Amérique. Et peut-être entaché durablement sa présidence.

AFP/VNA/CVN

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