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Enseigner le "trông quân" aux enfants du village de Bùi Xa |
Photo : Viêt Thanh/CVN |
Selon les anciens du village de Bùi Xa, dans la commune de Ninh Xa, le trông quân (chants alternés accompagnés d’un tambourin) est apparu au début du XIIIe siècle et s’est fortement développé jusqu’à la Révolution d’Août 1945.
En se remémorant l’effervescence et la joie du trông quân, l’artisane de 94 ans, Lê Thi Mao, originaire du hameau de Bùi Xa, raconte : "Autrefois, ce genre d’art populaire faisait partie intrinsèque de la culture spirituelle des habitants. Dans le village, hommes et femmes de tout âge étaient en mesure de le chanter".
Mme Mao nourrit une passion pour ce chant dès son plus jeune âge et suit les artistes afin d’apprendre à chanter et jouer au tambourin. À l’âge de 18 ans, elle fait officiellement ses débuts en participant aux séances de représentation, tenues lors des soirs de pleine lune.
Après 1945, le trông quân fait face à un recul notable. Il faudra attendre 1993, et particulièrement 2003, pour que le chant connaisse un nouveau souffle avec la création de nombreux clubs, qui continuent d’opérer à ce jour.
Une séance de "trông quân" des membres du club de Bùi Xa, province de Bac Ninh. Photo : Viêt Thanh/CVN |
Photo : Viêt Thanh/CVN |
À l’instar du quan ho (chant alterné), le trông quân nécessite du chanteur qu’il mémorise parfaitement les paroles afin de pouvoir répondre rapidement et librement lors de représentations. Sans instruments musicaux, les airs folkloriques sont rythmés avec le son d’un tambourin.
L’artiste Lê Ba Bao, 77 ans, est considéré comme l’un des “piliers“ du club de Bùi Xa. "Le chant +trông quân+ s’exécute selon les règles du +saluer, féliciter, souhaiter et demander+. Différent de celui d’autres régions, les villageois de Bùi Xa modifient les paroles sous forme de métrique +thâp cuu+ (dix et neuf pieds intercalés), au rythme lent, prolongeant ainsi les vibrations de la voix. Afin de pouvoir chanter de manière intéressante, il faut que l’artiste ait certes une bonne voix mais aussi de la passion", souligne M. Bao.
Préserver un art folklorique
La naissance du club de trông quân à Bùi Xa a pour but de renforcer la préservation et le développement de cet art populaire. À l’heure actuelle, celui-ci compte 30 membres, âgés de 39 à 88 ans.
La responsable du club, Lê Thi Thu, 70 ans, partage : "Nous nous réunissons tous les samedis et dimanches soirs. Les membres y répètent les anciennes chansons et en apprennent de nouvelles. Nous avons collecté plus de 130 chansons et les avons imprimées en plusieurs versions afin que les membres puissent les apprendre par cœur et s’entraîner".
En 2016, le trông quân a été reconnu patrimoine culturel immatériel national par le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme. Cette reconnaissance a encouragé les adeptes à continuer de consacrer leur passion pour cet art vocal.
Afin de le préserver au mieux, les artisans sont toujours tourmentés par la même question : comment transmettre la passion et le métier aux jeunes ? Ils souhaitent ainsi recevoir le soutien des autorités locales pour l’ouverture de formations en la matière ainsi que l’élaboration de manuels sur les techniques de chant à destination des écoles.