>>Angela Merkel se dit prête à discuter du litige commercial avec les États-Unis
>>Les États-Unis et l'UE cherchent une issue "acceptable" pour les deux parties
La marque BMW serait affectée en cas de taxes douanières supplémentaires aux États-Unis. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
Cette conclusion d'une enquête menée par le ministère, révélée jeudi 14 février par deux sources automobiles européenne et américaine, risque d'intensifier les tensions avec l'Europe pour laquelle l'automobile est un point sensible. Car elle tombe près d'un an après le début de la guerre commerciale entre les États-Unis et ses partenaires, déclenchée par l'administration Trump au travers de taxes douanières supplémentaires sur l'acier et l'aluminium.
Le président républicain Donald Trump a missionné ce ministère fin mai pour qu'il mène une enquête approfondie sur les importations de véhicules afin de "déterminer leur impact sur la sécurité nationale". En toile de fond, il agite la menace d'imposer des tarifs douaniers supplémentaires pouvant atteindre 25% sur les importations de voitures et d'équipements automobiles, un épouvantail pour cette industrie en Europe et notamment en Allemagne.
Les conclusions de l'enquête sont "positives" sur la question de savoir si les voitures importées sont une menace, a indiqué une source sous couvert d'anonymat, précisant que le rapport du ministère devrait être remis au président d'ici la date butoir de dimanche soir 17 février.
Ces travaux concluent que ces importations sont une mauvaise chose pour la sécurité nationale, a renchéri une seconde source.
En revanche, aucune n'a précisé les recommandations de l'administration Trump ni si certains pays pourraient être exemptés d'une éventuelle hausse des tarifs douaniers.
"L'UE riposterait"
Selon une source proche de l'administration américaine, le rapport sera remis à M. Trump "avant l'expiration de la date butoir". Le milliardaire disposera alors de 90 jours pour prendre sa décision. Il n'est toutefois pas certain que le rapport soit rendu public, ont fait valoir les deux sources de l'industrie automobile.
Pour imposer des droits de douanes supplémentaires en mars 2018 sur l'acier et l'aluminium importés, M. Trump s'était servi d'une procédure rarement invoquée de la législation commerciale américaine: l'article 232, qui s'appuie sur des arguments liés à la défense nationale pour limiter l'importation de produits et de biens aux États-Unis.
Après avoir exempté l'Union européenne et le Canada, la Maison Blanche avait finalement imposé en juin des taxes sur l'acier de ses alliés, suscitant leur indignation et leur incompréhension face à un argumentaire jugé irrecevable et "absurde".
Invoquer la sécurité nationale pour justifier des taxes imposées aux alliés est "risible", avaient notamment réagi le Premier ministre canadien Justin Trudeau et le président français Emmanuel Macron.
Les tensions commerciales sont sources d'incertitudes selon Mercedes. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
Si Donald Trump décidait d'imposer de nouveaux tarifs douaniers sur l'automobile, les constructeurs allemands seraient parmi les plus touchés. "Si les tarifs (douaniers) augmentent, ce n'est pas bon pour le consommateur, ce n'est pas bon pour notre réseau de concessionnaires et ce n'est pas bon pour l'économie", a prévenu mercredi 13 février Bernhard Kuhnt, Pdg de BMW en Amérique du Nord, sur la chaîne CNBC.
La marque a déjà élaboré différents scénarios en interne, dont certains pourraient conduire à des suppressions d'emplois aux États-Unis, a indiqué une source proche du dossier.
BMW dispose en Caroline du Sud de la plus grande usine de production de voitures au monde. En 2017, 70% des 371.316 véhicules produits sur ce site étaient destinés à l'export.
"Les tensions commerciales sont sources d'incertitudes aussi bien pour les constructeurs que pour les consommateurs", a déclaré une porte-parole de Daimler (Mercedes-benz).
En 2018, les groupes automobiles allemands ont exporté 470.000 voitures de l'Allemagne vers les États-Unis, selon la fédération des constructeurs VDA.
Selon une étude du cabinet EY, des taxes douanières de 25% sur les voitures coûteraient 5 milliards d'euros aux constructeurs allemands.
Dans le cadre de l'enquête du ministère, les principaux acteurs américains et étrangers ont été interrogés à l'été 2018 et des centaines de commentaires écrits ont été reçus, pour la plupart hostiles à de telles taxes.
Le porte-parole de la Commission européenne Daniel Rosario a rappelé jeudi 14 févrierr que Donald Trump et le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker s'étaient mis d'accord fin juillet 2018 pour ne pas imposer de taxes douanières supplémentaires tant que les deux parties étaient en discussions.
"L'UE riposterait si les États-Unis décidaient d'adopter une quelconque mesure", a dit M. Rosario. Bruxelles a d'ores et déjà préparé une liste de produits qui pourraient être taxés en représailles, à hauteur de 20 milliards d'euros.
AFP/VNA/CVN