Pour faire rayonner la gastronomie vietnamienne

La cuisine vietnamienne a ses propres caractéristiques qui se distinguent bien des autres. Forte de ses plats délicieux appréciés par les touristes et chefs étrangers, elle manque néanmoins d’une marque nationale pour être connue plus largement à l’étranger. Avis d’experts.

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"Le Vietnam mérite d’être l’une des cuisines du monde"
Han Nguyên Nguyên Nha, ancien directeur de l’Institut d’études gastronomiques du Vietnam

Basé sur les éléments naturels dans la transformation, notre art culinaire a sa propre identité. Le quotidien britannique The Times a honoré notre phơ (soupe de nouilles de riz au bœuf ou au poulet) comme l’un des dix meilleurs plats pour la santé au monde. La chaîne de télévision américaine CNN l’a classé, avec le nem (rouleaux de printemps) et le goi cuôn (rouleaux d’été), parmi les 50 meilleurs plats au monde.

Moi, je pense que le Vietnam mérite d’être l’une des cuisines du monde, du fait de la diversité et de l’originalité de sa culture gastronomique. J’ai apporté des mets tels que bánh can (crêpe de riz farcie et grillée), bánh chuôi (beignet de bananes), bánh xèo (crêpe farcie aux crevettes et légumes), bánh bèo (tarte de riz cuite à la vapeur), bánh bôt loc (raviolis aux crevettes)… à plusieurs festivals mondiaux de la cuisine de rue à Manille (Philippines) et à Singapour, où ils ont été très appréciés. Il y avait des stands vietnamiens où l’on faisait la queue pour déguster les mets.

La cuisine vietnamienne vient d’atteindre cinq nouveaux records mondiaux, étant ainsi une nouvelle fois mondialement consacrée. C’est une bonne occasion pour nous de la valoriser largement. Mais sur le long terme, je pense que tout d’abord, l’État doit élaborer une marque nationale pour notre gastronomie ainsi qu’un programme d’actions concrètes. L’époque dans laquelle nous vivons offre des outils dont il faut savoir profiter comme l’intelligence artificielle et les moyens modernes de l’ère 4.0, afin de réaliser une promotion efficace de notre art culinaire.

Des millions de Vietnamiens vivent à l’étranger. Ils témoignent là où ils vivent de notre culture et sont ainsi des ambassadeurs de la cuisine vietnamienne aux quatre coins du monde. En outre, je pense qu’il est nécessaire d’allier tourisme et gastronomie. Les grandes destinations touristiques comme Hanoï, Huê, Dà Nang, Hô Chi Minh-Ville, Cân Tho, Phu Quôc... doivent établir leurs propres villages culinaires dont chacun doit mettre en avant son identité en vue de pouvoir présenter les spécialités.

"Les touristes sont des ambassadeurs importants"
Bùi Thi Suong, ambassadrice culturelle et experte culinaire

Le chef sino-américain Martin Yan, de l’émission de cuisine "Yan Can Cook", lors d’une de ses visites au Vietnam, a dit : "Si j’avais su que les plats vietnamiens étaient si délicieux et originaux, j’y serais venu plus tôt". Pourquoi a-t-il dit ça ? Parce que même s’il a voyagé dans de nombreux pays du monde, au Vietnam, il a découvert un art culinaire unique, ce qui l’a incité à y retourner plusieurs fois pour l’étudier plus en profondeur au service d’un de ses programmes gastronomiques.

La cuisine de rue est un point fort et spécifique du Vietnam dont peu de pays dans le monde disposent. Toutefois, nous n’avons pas encore une stratégie promotionnelle efficace. Actuellement, elle est essentiellement connue et partagée via des sites web, des médias ou des livres... Mais il ne faut pas oublier la bonne vieille méthode du bouche à oreille. Ce sont nos convives, c’est-à-dire ceux qui l’ont déjà dégustée, qui sont les ambassadeurs les plus efficaces. Par exemple, le bánh mì (sandwich) de Hôi An est très présent sur les réseaux sociaux grâce aux commentaires des touristes venus au Vietnam et qui l’ont goûté. Si l’on remarque ce phénomène pour le bánh mì, on regrette qu’il soit plus rare pour l’ensemble de la diversité de notre cuisine. Il nous faut avoir une stratégie de longue haleine pour la promouvoir.

La gastronomie, si elle s’associe à l’éducation, au tourisme ou à l’art, peut être bien mieux valorisée. Les touristes sont des ambassadeurs dans la promotion de nos plats. En outre, les conférences diplomatiques internationales, les ambassades, attachés culturels et consulats dans le monde contribuent aussi à la promotion de notre cuisine. C’est en effet le travail de tous. Mais notre stratégie promotionnelle doit être claire, précise et de longue haleine. Au Vietnam, l’État joue un rôle clé dans l’élaboration de la marque nationale mais l’individu est également très important et même crucial.

"La gastronomie, le meilleur argument pour promouvoir le tourisme"

Adam Liaw, master chef et expert culinaire australien (*)

À mon avis, la culture culinaire couvre et reflète tous les aspects de la vie d’une nation. En particulier, c’est un art qui n’a aucune limite, ni barrière linguistique. En effet, vous n’avez pas besoin de parler vietnamien pour pouvoir déguster les plats vietnamiens, ni de connaître l’anglais pour savoir savourer la gastronomie australienne.

Les mets de votre pays sont merveilleux. La cuisine vietnamienne est toujours dans le Top 5 choisi par les Australiens et l’une de ses particularités est l’équilibre des goûts. Son point fort est la variation des plats en fonction de chaque région, c’est un peu comme chez nous. En Australie, on vend bon nombre d’ingrédients provenant du Vietnam. Il est facile de trouver un restaurant de pho et tout le monde peut bien prononcer ce mot.

La gastronomie vietnamienne convient à mon style et à mon goût. Mon plat vietnamien préféré est le bún cha (vermicelles de riz au porc grillé), je le prépare souvent chez moi. De plus, j’aime beaucoup le nem (rouleaux de printemps). Un autre mets que j’aime cuisiner est le poulet frit avec du nuoc mam (saumure de poisson) servi avec de la coriandre. Dans un de mes livres, j’en ai présenté les recettes.

À propos de la promotion de l’art culinaire vietnamien, je pense que le plus important est qu’il faut présenter les plats que les Vietnamiens préfèrent, préparés à la vietnamienne. Vous devriez absolument garder vos recettes traditionnelles. Il importe de valoriser ce qui est authentique, rustique et populaire.


Linh Thao/CVN

Note (*) : Adam Liaw a fait une escale au Vietnam en septembre 2019 lors de son voyage de découverte des dix pays d’Asie du Sud-Est, dans le cadre des programmes gastronomiques Asian Now et Taste of Australia.

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