Pollution et problème d’approvisionnement en eau : des défis majeurs

Partout dans le monde, les pays attache de plus en plus d'importance à la sécurité d’approvisionnement en eau pour leur population. Au Vietnam, cette question stratégique, à la fois pour le bien des personnes mais aussi pour l’indépendance et la sécurité du pays, soulève de nombreux défis.

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La chaleur et le manque de pluie ont causé de graves sécheresses.
Photo : VNA/CVN

Sécheresse, intrusion d’eau salée, inondations, le Vietnam subit de plus en plus des impacts du changement climatique dans son secteur hydraulique. Tour d’horizon des défis que devra relever le pays dans les prochaines années.
La commune de Nhon Hai, district de Ninh Hai, province de Ninh Thuân, est une région réputée pour sa culture d'oignons violets, de raisins, de pommes et d'herbe pour le bétail. Cependant, au cours des derniers mois, les agriculteurs locaux ont dû faire face à une grande sécheresse, qui les a empêché d’irriguer leurs cultures normalement. En effet, le lac
Ông Kinh s’est retrouvé à sec, obligeant les maraichers à forer un puits en plein milieu du lac asséché pour trouver l'eau nécessaire. Mais même cela n’a pas suffi. Alors, certaines familles ont décidé d’installer des pompes avec des tuyaux installés sur des kilomètres pour amener l'eau jusque leurs champs et sauver temporairement les récoltes.
Truong Tua, du village de My Tuong 1, a déclaré tristement : "J'ai planté des oignons violets dans cette culture, dépensé des dizaines de millions de dong pour forer un puits au milieu du lac Ong Kinh, mais la source souterraine n’a pas donné assez d’eau. Sans eau pour l'irrigation, cette saison est considérée comme perdue".

Sécheresse pour les uns, inondation pour les autres

Luu Minh Tri, agent agricole de la commune de Nhon Hai, déplore la même situation : "Environ 30 puits ont été forés sous le lit du lac Ông Kinh et à d'autres endroits, mais la quantité d'eau souterraine n'est pas suffisante pour irriguer les zones de culture. Cette saison, de nombreux agriculteurs vont tout perdre".
Pendant les mois de saison sèche, les provinces du centre-sud ont connu des précipitations très faibles. Il y a même des endroits où il n’a pas plu du tout. Les statistiques montrent que les précipitations totales dans ces zones sont de 20 à 40% inférieures à la moyenne nationale. La chaleur et le manque de pluie ont causé de graves sécheresses, les lacs comme les réservoirs de la région se retrouvent à sec. Cette année, plus de 80.000 ménages ont manqué d'eau pour la vie quotidienne, plus de 46.000 hectares de cultures doivent être abandonnés.
Outre la sécheresse, le Vietnam a aussi connu cette année plusieurs tempêtes, accompagnées d'inondations et de pluies. En 2020, les ouragans ont causé des graves inondations, de terribles glissements de terrain et de graves dommages aux personnes et aux biens dans de nombreuses provinces centrales.

Les enfants des minorités ethniques du district de Ninh Son (Ninh Thuân) sont heureux d'utiliser de l'eau potable.
Photo : Nguyên Trung/CVN

En raison de ses conditions naturelles, le Vietnam est constamment exposé à de graves risques de dommages et de catastrophes. Tempêtes, dépressions tropicales, fortes pluies, inondations, crues éclair, inondation, glissements de terrain, sécheresses, intrusion d'eau salée, incendies de forêt... ont été et seront davantage encore de grands défis à relever.
Une eau très polluée
Le rapport sur l'état de l'environnement national en 2018 montre que la part des eaux usées domestiques représente plus de 30% de la quantité totale d'eau circulant dans les rivières, lacs, et canaux. La raison en est le faible pourcentage d'eaux usées collectées et traitées avant d'être rejetées dans l'environnement : 20,62% à Hanoï et 13% à Hô Chi Minh Ville. Les eaux usées des petits établissements de production industrielle, des ménages et des villages d'artisans ne sont quasiment pas traitées et rejetées directement dans l'environnement.
Dans le même temps, le risque d'insécurité des barrages et des réservoirs augmente en raison des pluies extrêmes et des inondations sous l'impact du changement climatique, du déclin des forêts du bassin versant et de la baisse de la couverture végétale sur le bassin réservoir existant.
La qualité des eaux de surface et des eaux souterraines se dégrade en raison de la salinisation et de la pollution, qui sont courantes dans les plaines côtières du Nord et du Sud. Le phénomène de pollution par les métaux lourds et l'ammonium dans les eaux souterraines est également présente dans la plupart des localités où l'exploitation et l'utilisation des eaux souterraines sont importantes. L'utilisation sur le long terme de produits chimiques et de pesticides dans l'agriculture pollue également de plus en plus gravement les eaux souterraines.
Par ailleurs, l’eau consommée par la population provient majoritairement (63%) de l’étranger. Ces dernières années, les pays en amont ont accru les investissements et l'exploitation des sources d'eau à des fins de développement de l'hydroélectricité. Cette réalité affecte également directement la sécurité en eau du Vietnam, en particulier dans le delta du Mékong et le delta du fleuve Rouge.
Un sujet d’ordre stratégique prioritaire
Face à la gravité des problèmes, le gouvernement a demandé au ministère de l'Agriculture et du Développement rural de se coordonner avec les ministères et les secteurs concernés pour développer un projet visant à assurer la sécurité des sources d'eau et la sécurité des barrages et des réservoirs au cours de la période 2021-2030, avec une vision jusqu'en 2045. Directeur du Département général de l'irrigation (ministère de l'Agriculture et du Développement rural) Nguyên Van Tinh explique : "Nous sommes confrontés au risque d'insécurité hydrique. Actuellement, de nombreuses régions et zones n'ont pas été en mesure d’assurer l'approvisionnement en eau pour la vie quotidienne et les besoins de développement socio-économique. Assurer la sécurité de l'eau contribue à assurer la demande en eau pour le développement socio-économique, à protéger l'environnement écologique, à remplir les engagements internationaux sur les objectifs du Millénaire pour le développement et à contribuer à la prévention et au contrôle de la pollution de l'eau, des catastrophes naturelles et de l'adaptation au changement climatique. La question de la sécurité de l'eau couvre de nombreuses industries et domaines, il est donc nécessaire d'avoir la coopération de toute la société et faire l’objet de la plus grande attention du gouvernement".
Pour faire face aux défis mentionnés, le pays n’a plus d’autre choix que d’agir efficacement et rapidement, pour ne pas se rendre davantage vulnérable aux conséquences du changement climatique.

Thu Huong/CVN

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