Coronavirus
Plus de 17.000 morts en France, les incertitudes du 11 mai

De nombreuses incertitudes planent sur le possible allègement du confinement à partir du 11 mai en France, où l'épidémie de COVID-19 a tué plus de 17.000 personnes et n'en finit plus d'alimenter une crise économique qui durera "des années".

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Désinfection d'une salle de classe à Cannes, le 10 avril.

Le 11 mai, "on ne va pas passer du noir au blanc, on va passer du noir au gris foncé", a souligné mercredi 15 avril le président du Conseil scientifique du gouvernement devant la mission d'information de l'Assemblée sur le COVID-19. "Il s'agit d'un continuum, il n'y aura pas un avant et un après. Il faut faire extrêmement attention à ça, sinon le virus peut repartir", a prévenu le Pr Jean-François Delfraissy.

Le milieu médical reste prudent sur l'évolution de l'épidémie qui a fait 17.167 morts en France depuis début mars, 10.643 à l'hôpital et 6.524 dans les Ehpad et autres établissements médico-sociaux, sans compter les décès à domicile. Si le bilan en maisons de retraite ne faiblit pas, le léger mieux en hôpital semble se confirmer : pour la première fois depuis début mars, le nombre de patients hospitalisés a diminué, avec 513 personnes de moins depuis mardi, même si près de 31.800 malades restent à l'hôpital.

Plus probant encore, le solde des entrées et sorties en réanimation - indicateur scruté par les spécialistes - est négatif depuis maintenant sept jours : mercredi soir 15 avril, 6.457 personnes nécessitaient des soins lourds dans ces services, 273 de moins que mardi 14 avril. La maladie a touché jusqu'au porte-avions français Charles de Gaulle dont plus d'un tiers des marins ont été testés positifs au COVID-19 depuis leur retour anticipé dimanche, selon un bilan encore provisoire.

Alors que la France est désormais tournée vers l'échéance du 11 mai, les spécialistes ont encore du mal à anticiper la dynamique de l'épidémie, a relevé le Pr Renaud Piarroux, chef du service de parasitologie à la Pitié-Salpêtrière, à Paris. "Quand on regarde ce qui se passe en Italie, en confinement depuis dix jours de plus que nous, il reste encore une transmission très élevée", s'est-il inquiété sur France Inter.

Antoine Flahault, professeur de santé publique à l'université de Genève, est plus optimiste : "C'est réaliste de penser que la décrue sera largement amorcée le 11 mai". Dans tous les cas, près de 18 millions de personnes à risque devront rester confinés, a prévenu le Pr Delfraissy devant la commission des lois du Sénat.

Pour le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, il faudra conserver "dans les semaines et les mois qui viennent ces mesures barrières, ces gestes assez peu naturels de distanciation physique et sociale, pour protéger en permanence les personnes les plus vulnérables". Et selon le Pr Delfraissy, le déconfinement devra être reporté si des conditions indispensables, notamment un nombre suffisant de tests de dépistage et la mise en place d'un système de traçage des contacts des nouveaux cas identifiés, ne sont pas réunies.

Macron "assume"

Cette éventuelle reprise d'activité le 11 mai apporte son lot de polémiques, comme celle liée à l'annonce surprise par Emmanuel Macron que les crèches et établissements scolaires (à l'exception de l'enseignement supérieur) allaient rouvrir. Les critiques sont d'autant plus virulentes que bars, restaurants et salles de cinéma resteront fermés. En outre, l'économie ne doit plus compter sur les festivals d'été. Mercredi 15 avril les Vieilles Charrues ont renoncé à leur tour.

Augmentations journalières des morts du COVID-19 en France, des personnes en réanimation, des hospitalisation et des sorties d'hôpital, au 15 avril.
Photo : AFP/VNA/CVN

La question du déconfinement s'accompagne aussi de celle, cruciale, des masques pour la population. La ville de Cannes a commencé à en distribuer massivement en commençant par les commerçants et les personnes fragiles. La SNCF, qui prévoit une reprise progressive du trafic d'ici à l'été, considère que les passagers devront en porter. Très critiqué sur cette question des masques, dont plus d'1,6 milliard ont été commandés à ce jour par l'État mais dont de nombreux personnels soignants déplorent le manque, le chef de l'État a rejeté mercredi 15 avril dans un entretien au Point tout "procès" en mauvaise gestion.

Il a également affirmé "assumer totalement" le maintien du premier tour des municipales le 15 mars, deux jours avant le confinement. Très attendu sur son "plan complet de sortie" du confinement, le gouvernement table désormais sur une récession encore plus grave que prévu, avec 8% de chute du PIB en 2020. "Nous en avons pour des années avant de sortir des conséquences économiques de cette crise", a estimé le ministre de l'Économie Bruno Le Maire, auditionné par la commission des Finances de l'Assemblée.

Aides financières

Le plan d'urgence destiné à soutenir entreprises et salariés s'élève désormais à 110 milliards d'euros. Le chômage partiel concerne désormais 8,7 millions de salariés, a indiqué la ministre du Travail Muriel Pénicaud, "plus d'un salarié sur trois", pour un coût à ce stade de 24 milliards d'euros. Le gouvernement a également annoncé mercredi 15 avril des primes pour les soignants et des aides pour les ménages les plus défavorisés.

Le 15 mai, "plus de quatre millions de foyers" parmi les plus modestes percevront une "aide d'urgence", a annoncé le Premier ministre Edouard Philippe à l'issue du Conseil des ministres. Chaque famille bénéficiaire du RSA ou de l'Allocation de solidarité spécifique (ASS) recevra 150 euros, plus 100 euros par enfant, et les familles touchant des aides au logement percevront de leur côté 100 euros par enfant.

Une aide "bienvenue" mais "insuffisante", et qui "fait l'impasse sur une partie importante des publics en situation de précarité", a estimé le collectif Alerte contre la pauvreté et l'exclusion. Edouard Philippe a par ailleurs annoncé le versement d'une prime exceptionnelle de 1.500 euros aux personnels soignants des services de santé dans les départements les plus touchés par l'épidémie et à ceux des services ayant accueilli des patients COVID-19 dans les départements les moins touchés. Parmi les nouvelles mesures annoncées figure aussi une prime allant jusqu'à 1.000 euros pour certains fonctionnaires poursuivant leur mission de service public malgré le confinement.


AFP/VNA/CVN

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