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Le président du Conseil européen Charles Michel (gauche), la chancelière Angela Merkel (centre), le président Macron (2e droite) et la présidente de la Commission Ursula von der Leyen, lors d'une réunion bilatérale au Sommet de Bruxelles le 19 juillet |
Depuis trois jours, les pays dits "frugaux" (Pays-Bas, Suède, Danemark, Autriche), rejoints par la Finlande, multiplient leurs réserves sur un plan de soutien à l'économie qui profiterait avant tout aux pays du Sud, Italie et Espagne en tête. Réunis à Bruxelles depuis vendredi, les chefs d'État et de gouvernement de l'UE ne parviennent pas à trouver un compromis, malgré les efforts répétés du président français Emmanuel Macron et de la chancelière allemande Angela Merkel, dont le pays assure la présidence tournante de l'Union.
Après avoir multiplié toute la journée les rencontres en tête-à-tête ou en petits groupes, M. Michel, chef d'orchestre du sommet, a mis en garde lors d'un dîner dimanche soir 19 juillet les 27 dirigeants européens contre une "Europe faible, minée par la défiance", selon des propos rapportés par une source proche des discussions. Dans son discours, il a rappelé le bilan humain dévastateur du coronavirus de 600.000 morts dans le monde - dont 200.000 morts en Europe - et a exhorté l'UE à "réussir une mission impossible".
Sur la table des négociations, un fonds constitué par une capacité d'emprunt de 750 milliards d'euros pour relancer l'économie européenne, qui affronte une récession historique, adossé au budget à long terme de l'UE (2021-2027) de 1.074 milliards d'euros. Les discussions ont porté durant le dîner sur la possibilité de réduire le montant des subventions du fonds de relance à 400 milliards d'euros, contre 500 milliards initialement, ce qui se situe à la limite de ce que Paris et Berlin, principaux avocats de ce plan, sont prêts à accepter. Les prêts du plan de relance seraient alors portés à 350 milliards d'euros, contre 250 milliards au départ, selon cette répartition.
État de droit
Ce geste en faveur des frugaux, qui préfèrent les prêts aux dons, a été rejeté par les intéressés, qui ne sont pas disposés à aller au-delà de 350 milliards pour les subventions, a précisé une source européenne. L'unanimité nécessaire des 27 États membres rend un accord particulièrement difficile. D'autant qu'il ne s'agit pas du seul point de friction.
(de gauche à droite) : le Premier ministre néerlendais Mark Rutte, le chancelier autrichien Sebastian Kurz, la Première ministre finlandaise Sanna Marin, suédois Stefan Lofven et danoise Mette Frederiksen, lors d'une réunion bilatérale à Bruxelles le 19 juillet. |
Parmi eux figure en bonne place le lien entre le versement des aides et le respect de l'État de droit, une idée particulièrement soutenue par La Haye, mais qui hérisse considérablement Budapest et Varsovie, actuellement dans le collimateur de l'UE. Le Premier ministre hongrois Viktor Orban s'est vivement opposé à une telle mesure dimanche matin 19 juillet devant la presse, accusant son homologue néerlandais de vouloir le "punir financièrement" et de le "détester" lui et la Hongrie.
À deux reprises, M. Michel a par ailleurs fait un geste en faveur des frugaux, qui réclament aussi une augmentation des rabais accordés aux pays qui, comme eux, versent davantage d'argent au budget de l'UE qu'ils n'en reçoivent. "Dans ma proposition de samedi 18 juillet, j'ai proposé de les augmenter, je l'ai refait ce matin, sauf pour l'Allemagne", a-t-il rappelé dimanche soir 19 juillet à l'attention de Vienne, Copenhague, Stockholm et La Haye.
Charles Michel a également tenter d'amadouer le Néerlandais Mark Rutte, particulièrement réservé sur le paquet de relance, qui réclame que les plans de relance nationaux présentés en contrepartie des aides européennes soient validés à l'unanimité des 27. Une telle configuration, qui équivaudrait de facto à un droit de veto pour chaque capitale, inquiète Rome et Madrid, qui craignent d'être soumis à un programme de réformes (marché du travail, retraites...) imposé.
Le Belge a présenté un mécanisme un peu plus nuancé, permettant à un pays qui aurait des réserves sur le plan d'un autre État d'ouvrir un débat à 27. La chancelière allemande Angela Merkel avait ouvert la journée en prévenant qu'il était "possible qu'aucun résultat ne soit obtenu", tandis que le président français Emmanuel Macron avait averti que les "compromis" ne pouvaient pas se faire "au prix de l'ambition européenne".
AFP/VNA/CVN