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Le parquet du New York Stock Exchange. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le Nasdaq a enregistré la troisième plus importante perte en points de son histoire, après les deux séances noires des 12 et 16 mars 2020, au début de la pandémie de coronavirus. L'indice à forte tonalité technologique a dévissé de 4,99%, tandis que le Dow Jones a abandonné 3,12% et l'indice élargi S&P 500, 3,56%. "On a eu une des meilleures séances hier, et l'une des pires aujourd'hui", a relevé Angelo Kourkafas, d'Edward Jones.
Après s'être enthousiasmé, mercredi 4 mai, pour les commentaires du président de la Banque centrale américaine (Fed), Jerome Powell, qui avait écarté un durcissement encore plus marqué de la politique monétaire et une hausse de 0,75 point de pourcentage lors de sa prochaine réunion, le marché a retrouvé ses esprits jeudi 5 mai.
"Le fait (que la Banque centrale américaine) ait écarté une hausse de 0,75 point de pourcentage n'a pas vraiment changé le fait que l'économie ralentit et que la Fed va durcir sa politique monétaire à un rythme élevé", a expliqué Angelo Kourkafas. "Les gens ont commencé à réfléchir un peu plus à la Fed et à sa communication et ont réalisé que les choses n'allaient pas s'améliorer", a abondé Maris Ogg, de Tower Bridge Advisors.
Pour elle, le mouvement de jeudi 5 mai s'explique également par des prises de bénéfices, qui ont suivi le bond de la veille, ainsi que par la flambée des taux obligataires. "C'est ça qui a fait peur au marché actions", selon elle. Le rendement des emprunts d'État américains à 10 ans s'est envolé au-dessus de 3,10% pour la première fois depuis novembre 2018.
Comme à l'accoutumée, les premiers à tomber sous le feu des investisseurs ont été les valeurs technologiques et de croissance, qui pèsent désormais le plus lourd à Wall Street. Apple (-5,57%), Microsoft (-4,36%), Tesla (-8,33%) ou Amazon (-7,56%) ont été rudoyés. Ce dernier est en repli de près de 20% depuis la publication de ses résultats, il y a une semaine, et a effacé plus de 280 milliards de valorisation boursière.
La place new-yorkaise a aussi été prise à rebrousse-poil par quelques résultats d'entreprises mitigés, assortis de prévisions très mesurées, voire pessimistes. "Les sociétés qui ont les meilleurs chiffres publient généralement les premières" durant la saison des résultats, affirme Maris Ogg. "Les mauvais viennent plus tard", c'est-à-dire en ce moment, selon elle.
Wall Street a notamment tiqué sur une série de publications de sites d'e-commerce jugées sans panache, voire préoccupantes. Le site de vente en ligne eBay a pâti de projections inférieures à celles des analystes pour le deuxième trimestre (-11,72% à 48,04 USD), malgré un chiffre d'affaires et un bénéfice supérieurs au consensus de Wall Street.
La plateforme de commerce en ligne Shopify s'est également effondrée (-14,91% à 413,09 USD), après la publication d'un chiffre d'affaires très inférieur aux attentes, ainsi qu'une perte sensiblement supérieure. Twitter a bénéficié (+2,65% à 50,36 USD) de la communication d'Elon Musk, qui est parvenu à lever sept milliards d’USD auprès d'investisseurs pour financer le rachat de la plateforme.
Cette somme, récoltée auprès de fonds et d'investisseurs fortunés comme l'entrepreneur Larry Ellison ou le prince saoudien Al-Walid ben Talal, va permettre de réduire le montant emprunté auprès de banques pour l'opération. Snap (-9,58%), Meta (maison mère d'Instagram, -6,77%) ou Alphabet (maison mère de YouTube, -4,76%) ont souffert après que leur plus féroce concurrent, TikTok, a révélé qu'il allait mettre en place un système de partage des revenus publicitaires avec les créateurs les plus populaires de la plateforme.
"Le marché va continuer à être volatil et en dents de scie jusqu'à ce que nous ayons confirmation que les pressions inflationnistes se calment et les taux obligataires avec eux", a estimé Angelo Kourkafas.
AFP/VNA/CVN