Phu Binh, collectionneur d’horloges au pays des pendules

Nguyên Phu Binh, un Vietnamien résidant en Suisse, s’est consacré corps et âme à la collection d’horloges anciennes. Il est fasciné par leur valeur tant historique que culturelle.

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Nguyên Phu Binh et son épouse possèdent de nombreuses horloges précieuses.
Photo: Quy Hiên/CVN

C’est à son domicile à Yverdon-les-Bains, une commune suisse du canton de Vaud, que Nguyên Phu Binh cache son trésor: des centaines d’horloges de toutes les sortes et de toutes les tailles.

Trois rois de France dans une horloge

Nous guidant vers une horloge de parquet (autre nom pour désigner une pendule sur pied), il nous apprend que c’est une horloge comtoise créée en 1899-1900 par un artiste originaire d’Allemagne vivant à Neuchâtel (une grande ville germanophone de Suisse, ndlr). Elle est très précieuse, de par sa décoration dorée, mais surtout pour l’histoire qu’elle retrace dans ses décors, celle de trois rois de France. Son coffre en bois de noyer révèle des motifs de fleur de lys, symbole de la monarchie française dans les arts.

Une sculpture élaborée en bronze au sommet de la boîte évoque le règne du roi Louis XIV - surnommé le Roi-Soleil, symbole de la période la plus glorieuse de la monarchie française. Louis XIV était également sculpteur et danseur, et a prêté une grande attention aux arts et à leur développement en France. Les palais les plus fastes de ce pays ont d’ailleurs été construits pendant le règne de Louis XIV.

La seconde partie de l’horloge incarne le règne du roi Louis XV, lui aussi passionné d’art, où l’on peut admirer une sculpture d’un de ses carrosses.

Le sommet de l’horloge affiche une sculpture en bronze avec des motifs de fleur de lys elle aussi. Elle symbolise la couronne du roi, mais bordée d’un côté, pour rappeler le sort du roi Louis XVI, décapité pendant la Révolution française.

Chaque horloge conte une histoire

Quelques horloges dans la collection de Nguyên Phu Binh.
Photo: Quy Hiên/CVN

M. Binh confie qu’il partage sa rémunération mensuelle en deux parties, une pour la vie de la famille, l’autre pour financer sa passion. Comme il n’est pas vraiment riche, il doit parfois attendre quelques années pour acheter certaines pièces. "Il y a une horloge pour laquelle j’ai dû attendre trois ans avant de l’acheter", raconte-t-il.

Bien que sa collection contienne des centaines de pièces, Phu Binh se souvient clairement où et quand il les a achetées, ainsi que leur histoire.

Il y a notamment un souvenir qui l’a marqué longuement. C’est l’histoire d’une horloge qu’il a acheté à une riche famille arménienne réfugiée en Suisse.

C’est une pendule sur pied, qui fait partie des horloges que les nobles européens avaient achetées pour les offrir à la dynastie Qing, en Chine. Raison pour laquelle ses motifs sont influencés par un style asiatique. À la fin de la dynastie Qing, un vol historique a eu lieu, plus de 3.000 horloges précieuses ont été dérobées pour être vendues sur le marché européen. Les ancêtres de cette famille arménienne en avaient acheté un. Mais leurs petits-enfants, pour leur subsistance, ont dû la vendre.

"Quand je suis venu chercher l’horloge, la mère (alors âgée de 80 ans), pleurant, a hésité à me l’apporter. Ma femme ne voulait plus l’acheter, mais les enfants de cette famille ont insisté pour nous la vendre, se souvient-il. De retour à la maison, j’ai eu du mal à dormir en repensant à la peine de cette vieille femme. Le lendemain, nous sommes revenus pour la lui rendre. Cependant, ses enfants ne voulaient pas la reprendre, car ils avaient besoin de l’argent. J’ai promis à cette vielle femme que je garderais cette horloge et qu’elle ne serait vendue à personne, de sorte que chaque fois qu’elle le voudrait, elle pourrait venir la voir. Mais malheureusement, elle n’a pas pu le faire car elle est décédée peu de temps après".

Une passion nourrie par la culture suisse

Phu Binh est fasciné par la valeur tant historique que culturelle des horloges.
Photo: Quy Hiên/CVN

Selon Binh, la culture suisse a nourri son amour envers les horloges anciennes. Il y a un musée de l’horloge mondial près de chez lui.

"Si vous voulez  connaître l’histoire de votre horloge, apportez-la au musée, on imprimera ses caractéristiques sur une feuille: où, quand et à quel style elle appartient, remarque Phu Binh. Les Européens sont très conscients de l’histoire de chaque article, donc quand vous achetez une horloge ancienne, vous recevrez tous les informations la concernant".

Phu Binh explique que sa passion pour les horloges anciennes lui a été transmise par sa femme. Au début, sa femme, Thuy, et lui allaient juste à la chasse aux horloges afin d’acheter et de vendre à but lucratif, en parallèle du travail à temps plein dans leur restaurant près de la frontière française.

Parmi les clients du restaurant de Thuy figuraient de nombreux chercheurs en sciences sociales, qui prenaient plaisir à regarder les montres et à les commenter. C’est leur expertise qui a éveillé la curiosité de la restauratrice et lui a fait prendre conscience de la valeur de ses possessions.

En effet, elle ne s’attendait pas à posséder de tels trésors culturels. Elle a depuis refusé de vendre ses belles pièces. "Nous n’avons vendu que des horloges banales. Et celles dont l’histoire était fascinante et intéressante, aimées par nous deux, je les ai gardées. Donc, au fil du temps, le nombre de nos horloges augmente de plus en plus. Maintenant, nous avons un entrepôt, et nous construisons une maison pour les exposer, afin de transmettre l’amour de l’art et de la culture aux enfants, et voir et réfléchir sur la vieillesse", dévoile Phu Binh.



Quy Hiên - Phuong Nga/CVN

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