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Une partie de la collection "Sylvia", présentée au public le 30 mars 2018, à la boutique City Owls, au 27, rue Phan Dinh Phùng, à Hanoï. |
Photo: NVCC/CVN |
Née en banlieue parisienne, Thi.bli a toujours été éprise de l’Asie. Durant ses études du processus de fabrication de la laque, le Vietnam lui est apparu comme une destination de prédilection pour son stage de fin d’étude.
Arrivée à Hanoï en 2013, ses premières impressions sur le pays furent très positives. Thi.bli a alors eu l’occasion de visiter le village de la céramique répondant au nom de Bát Tràng. Cependant, sa passion ne s’est pas révélée instantanément: "À ce moment-là, je ne me suis pas vraiment intéressée à la céramique" confie-t-elle. C’est le fait d’être en contact direct avec des objets en céramique faits-main qui a suscité son intérêt et l’a poussé à la pratique de cet art, précisément "lorsque l’on prend l’habitude et qu’on a plaisir à voir et à utiliser de jolies céramiques tous les jours".
Le détour imprévu par la céramique
Une fois les secrets de la laque maitrisés, elle retourne en France et enchaine immédiatement sur une formation en céramique à Antibes, dans le Sud de la France. Pourtant, elle ne cesse de penser au Vietnam. Elle y retourne finalement en septembre 2016, soit quelques mois après la fin de ses études. Elle tente depuis lors de lancer la fabrication de ses propres articles en céramique fabriqués à Bát Tràng.
La céramiste française Thi.bli au travail. |
Photo: NVCC/CVN |
"Chaque matin, je vais chercher du +xôi xéo+ (riz gluant cuit avec du haricot mungo pilé) chez la dame au coin de ma rue. Je vais jusqu’à Bát Tràng en moto. J’évalue ce que je dois faire dans la journée. Comme je déteste prendre des pauses, j’optimise au mieux mon temps et je travaille jusqu’à la fatigue. Ce cycle se répète de jour en jour".
En fait, la jeune Française n’est jamais satisfaite. Outre les expériences acquises par le biais de son travail à Bát Tràng, elle cherche à diversifier ses approches en voyageant par deux fois en Chine, en février 2016 et 2018. Lors de ces excursions, elle découvre des pièces uniques par leur raffinement.
Cette obsession pour l’amélioration de sa technique lui a valu une certaine reconnaissance dans le milieu. Ainsi, en juin 2016, elle expose sa première collection au VUI Studio, un café situé au cœur de la capitale. Baptisée "Hai Tam", l’exposition a attiré un public nombreux car curieux de voir le travail d’une Française reprenant le tour de main ancestral de la vallée du fleuve Rouge pour la fabrication de la céramique. Selon l’artisane, le succès de l’évènement prouve que l’"activité pourrait fonctionner" et lui "a donné vraiment envie de s’investir plus afin de revenir au Vietnam".
La défense de la céramique artisanale
Thi.bli est ainsi retournée en mars 2018 au Vietnam avec plusieurs idées de collaboration en tête : boutiques de vêtements, cafés, un de ses amis créateur de bijoux... C’est après avoir rencontré de nombreuses difficultés que la céramiste est parvenue malgré tout à créer sa deuxième collection pour la boutique de vêtements City Owls.
"Les céramiques de Bát Tràng ont plusieurs styles, mais il y a de moins en moins de céramistes indépendants qui créent leurs propres produits, la production de masse étant désormais la règle. Je voudrais montrer que l’on peut développer un circuit économique alternatif dans le domaine de la céramique".
Avec 300 pièces vendues au mois de mars, la nouvelle collection, nommée "Sylvia" (inspiré du mot "forêt" en latin) et exposée dans la boutique City Owls au cœur du quartier de Hoàn Kiêm, cherche à transcrire sur support céramique la poésie et la sérénité que l’on ressent au milieu de la nature. La jeune femme évoque également le fait qu’elle trouva l’inspiration pour cette performance dans le village de Yixing, en Chine. Afin de rappeler ce qui avait attiser la passion pour la céramique chez la créatrice, "Sylvia" est essentiellement composé d’objet du quotidien. "J’utilise de la terre blanche, pas rouge comme auparavant, avec un émail bleu. Je suis très attachée à la couleur et aux effets, aux ombres, à la lumière... Le plus compliqué est de parvenir à diversifier ses créations en se basant toujours sur les mêmes matières premières disponibles à Bát Tràng", précise-t-elle.
Aucune cérémonie d’ouverture n’ayant été organisée, Thi.bli a utilisé ses réseaux sociaux pour promouvoir sa nouvelle collection. Le principal pour elle est de montrer au public un autre genre de pièces utilitaires, cette fois faites entièrement à la main à une époque où tout s’industrialise. Chaque pièce se différencie par sa forme, sa couleur, son émail. Ce sont autant de caractéristiques rendant la démarche de l’artiste unique.
"Je ne cible pas les clients en fonction de leur nationalité mais plutôt en fonction de leur sensibilité aux produits faits à la main. Je voudrais que les gens apprécient et soutiennent cette démarche. J’ai, pour se faire, réalisé des verres que j’ai déformé volontairement pour que chaque personne puisse sélectionner la céramique qui corresponde la mieux à la forme de sa main", détaille la céramiste.
Source: CVN |