Pham Thi Binh les bras en porte-étendard après sa victoire au marathon des SEA Games 27 au Myanmar. |
L’histoire de «la fille aux pieds nus» Pham Thi Binh est belle et émouvante. Issue d’une famille pauvre de la province de Quang Ngai (Centre), elle a vécu une enfance difficile placée sous le signe de la précarité. L’année 2003 marque un tournant important dans sa vie, puisqu’elle est convoquée dans l’équipe d’athlétisme du district de Binh Son pour prendre part aux spartakiades provinciales. Le résultat va bien au-delà des espérances, avec une médaille de bronze pour sa première participation ! Elle n’a alors que 14 ans.
Pham Thi Binh, de l’énergie à revendre et sportive dans l’âme, progresse rapidement. En effet, six mois seulement après ses débuts, elle décroche à la surprise générale la médaille d’or sur le 10.000 m dames des championnats du Vietnam d’athlétisme jeunesse (cadets) en 2004. Du jamais vu dans l’histoire du sport national.
Reculer...
Pourtant, à 20 ans, Binh voit sa carrière si prometteuse subir un coup d’arrêt : après s’être fait diagnostiquer un problème cardiaque qui lui faisait courir de graves risques pour sa santé, il lui faut de toute urgence se faire opérer pour pouvoir continuer à courir. Problème : le coût de l’opération, impossible à financer pour sa famille. Heureusement, son cas ne laisse pas de marbre les membres du Fonds en faveur des petits cœurs, créé par poète Thanh Thao, qui paye les frais de l’intervention chirurgicale que subit la jeune femme. Après quelques mois de convalescence, elle fait son retour à la compétition, plus forte que jamais. Une chance pour elle mais aussi pour le sport vietnamien.
Pham Thi Binh est un sacré exemple de courage et d’abnégation. |
L’image de ce petit bout de femme vietnamienne aux pieds nus coupant la ligne d’arrivée seule en tête après les 42,195 km courus sous la fournaise birmane lors des 27es Jeux sportifs d’Asie du Sud Est (SEA Games 27) reste une image forte de ces jeux, elle qui a tant ému spectateurs et téléspectateurs. Ce résultat marque aussi un cap important dans sa carrière, la propulsant aux yeux de tous comme «la reine du marathon» de l’Asie du Sud Est.
Les efforts de Binh sont récompensés à leur juste valeur. Après les SEA Games 27, outre la prime de l’État de 45 millions de dôngs pour sa médaille d’or, c’est avec fierté et délectation qu’elle reçoit le satisfecit de la province de Quang Ngai, auréolé là aussi d’une prime de 45 millions de dôngs.
... pour mieux sauter !
La victoire de Pham Thi Binh lors de cette compétition lui ouvre de nouvelles portes, avec à la clé une nette progression de ses revenus. La province de Binh Binh (Nord), la ville de Dà Nang (Centre) et la province de Binh Phuoc (Sud) l’invitent à concourir pour leur sélection, moyennant un salaire de plus de 20 millions de dôngs par mois, bien plus que les 8 millions de dôngs mensuels proposés par le Centre des sports de la province de Quang Ngai pour l’année 2014, dont Binh porte les couleurs actuellement.
Cette année, à 25 ans, la marathonienne a besoin d’argent pour pouvoir suivre ses études de dernière année à l’Université des sports de Dà Nang et aider sa famille à joindre les deux bouts. Étant donné qu’elle a parfaitement le droit de choisir la localité lui faisant la meilleure offre, pourquoi s’en priver ? Nombre d’athlètes ont déjà fait ce choix, à l’instar des sprinteuses Vu Thi Huong (originaire de Thai Nguyên, Nord, et qui concourt aujourd’hui pour la province d’An Giang, delta du Mékong) ou de Dô Thi Thao (originaire de Son La, Nord, mais inscrite dans la ville de Hanoi).
Tout récemment, le grand constructeur de motos japonais Yamaha l’a choisie comme ambassadrice de sa marque pour l’année 2014, elle qui symbolise la réussite avec pour armes le courage et l’abnégation. Elle est la première athlète vietnamienne - tous genres et disciplines confondus - à devenir ambassadeur de la marque d’une entreprise autre qu’un équipementier sportif.
«J’ai beaucoup réfléchi avant de me décider. Car, prendre des photos et devenir une égérie de la marque Yamaha n’a rien à voir avec la piste !», confie Pham Thi Binh. Et d’ajouter : «Bon, il y a beaucoup de choses à faire. Mais je ferai de mon mieux pour répondre aux attentes de mon rôle d’ambassadrice, comme je le fais sur la piste».
Concernant ses objectifs pour 2014, Binh ne cache pas son ambition de monter sur l’une des trois marches du podium du marathon des championnats d’Asie d’athlétisme qui se disputeront en août prochain en Thaïlande, ainsi que de revenir avec une médaille autour du cou des prochains Jeux sportifs d’Asie à Incheon (République de Corée). Un sacré challenge, d’autant que la concurrence risque d’être d’un autre acabit. Mais les défis, ça la connaît !
Phuong Nga/CVN