>>Assurance maladie : 5,4 millions de patients sans médecin traitant
>>De nombreuses "anomalies" détectées dans des cosmétiques vendus en France
Sur la liste des 140 médicaments signalés en rupture de stock et en tension d'approvisionnement par l'ANSM au 15 juillet, les médicaments indisponibles sont prioritairement des produits anciens et peu coûteux. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Mises en lumière depuis le début de la pandémie de COVID-19, les pénuries et tensions d'approvisionnement de médicaments ont subi une forte croissance depuis une décennie, alerte UFC-Que Choisir, passant de 405 pénuries en 2016 à presque trois fois plus en 2019.
En 2020, 2.400 ruptures devraient être constatées, "six fois plus qu'il y a quatre ans", note l'étude, citant l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).
Une situation d'autant plus alarmante que ces pénuries concernent des médicaments dits d'intérêt thérapeutique majeur (MITM), "pour lesquels une interruption de traitement peut être susceptible de mettre en jeu le pronostic vital des patients".
UFC-Que Choisir déplore par ailleurs que les laboratoires pharmaceutiques apportent des solutions "rarement à la hauteur des enjeux sanitaires". Ainsi, dans 30% des situations, les industriels renvoient vers un autre médicament, alors que "les substitutions peuvent entraîner des effets secondaires plus importants, ou nécessiter un temps d’adaptation à la nouvelle posologie, particulièrement pour les patients âgés", selon l'UFC.
Dans 12% des cas, les producteurs orientent "vers des solutions de derniers recours", comme la diminution de la posologie.
Enfin, dans près d'un cas sur cinq (18%), les laboratoires "ne proposent tout simplement aucune solution de substitution".
L'association souligne par ailleurs que ces pénuries ne touchent que rarement les molécules récentes les plus onéreuses. Sur la liste des 140 médicaments signalés en rupture de stock et en tension d'approvisionnement par l'ANSM au 15 juillet 2020, les médicaments indisponibles sont prioritairement des produits anciens (75% sont commercialisés depuis plus de 20 ans) et peu coûteux (les trois-quarts coûtant moins de 25 euros).
L'association de consommateurs déplore également la réponse des pouvoirs publics, notant que seules deux sanctions ont été prononcées par l'ANSM pour rupture de stock contre des laboratoires en 2019.
En réaction, UFC-Que Choisir plaide pour plusieurs mesures, dont l'obligation pour les laboratoires de constituer "des stocks suffisants pour répondre aux besoins des usagers du système de santé pour l'ensemble des médicaments d'intérêt thérapeutique majeur".
Elle réclame en outre le développement d'une production publique de médicaments, "à même d'assurer la fabrication continue de ceux délaissés par les laboratoires".
Dans un communiqué, la fédération du médicament Leem a dénoncé des "informations approximatives" et des "contre-vérités", dans un contexte de "prolifération (...) de campagnes de désinformation" pouvant être "anxiogène pour les patients".
Sous la forme d'un questions-réponses, elle explique notamment qu'il n'y a "pas d'explosion des ruptures d'approvisionnement".
"Sur les 1.504 signalements recensés en 2019, environ un tiers ont conduit à des mesures de gestion des situations de tension entre l'ANSM et les entreprises, (...) conduisant finalement à un nombre limité de véritables ruptures de stocks", insiste le Leem.
La fédération fait également valoir qu'il n'y a pas de volonté de délaisser des médicaments anciens au profit de molécules plus récentes et plus coûteuses, les deux catégories n'étant pas nécessairement produites par les mêmes groupes.
"Lorsqu'une entreprise souhaite arrêter la commercialisation d'un médicament, elle a l'obligation d'en informer au moins un an avant les autorités de santé", relève-t-elle aussi.
AFP/VNA/CVN