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Les grandes agglomérations où le trafic routier est important sont les plus touchées par la pollution aux particules fines. |
Selon un rapport national sur l’environnement commandité par le ministère des Ressources naturelles et de l’Environnement, les chiffres d’observation automatique de certaines stations placées au bord de grandes avenues comme Nguyên Van Cu (Hanoi), Lê Duân (Dà Nang) montrent qu’à partir de l’année 2013, la teneur en ozone (O3) a observé nette une tendance à la hausse qui se confirme aujourd’hui.
Normalement, dans la nature, les concentrations d’ozone dans la troposphère sont les plus élevées entre 09h00 et 11h00, lorsque le soleil est déjà haut dans le ciel. Pourtant, dans les grandes villes vietnamiennes, cette teneur augmente nettement au courant de la nuit.
Dans la ville de Dà Nang (Centre), considérée comme une ville «propre» au Vietnam, le nombre de jours où la qualité de l’air est mauvaise a sensiblement augmenté au cours de ces trois dernières années, passant de 40 jours en 2011 à 128 en 2013. L’explication réside dans la forte augmentation de la teneur en ozone dans l’atmosphère, les autres indices de pollution étant inchangés.
Le vice-ministre des Ressources naturelles et de l’Environnement, Bùi Cach Tuyên, informe que l’ozone n’est pas émis directement dans l’air. Il résulte plutôt de la transformation photochimique de polluants précurseurs : les oxydes d’azote et les composés organiques volatils. Ces polluants sont produits en grande quantité par des activités humaines comme le transport, l’industrie. Cela étant dit, il n’y a toujours pas d’explication à l’augmentation de la teneur en ozone la nuit, alors qu’habituellement, ce phénomène est observé en fin de matinée.
Le spleen du smog
L’ozone est un oxydant qui, à forte concentration, irrite le nez, la gorge, la peau et les yeux. Sur de courtes périodes d’exposition, il peut provoquer toux, maux de tête ou difficultés respiratoires causées notamment par une constriction des bronches et des bronchioles. L’ozone pourrait aussi causer un affaiblissement des mécanismes de défense et, par conséquent, une augmentation des infections. Les concentrations d’ozone dans l’air sont associées à l’augmentation des hospitalisations et des admissions aux urgences pour des problèmes respiratoires.
Les sportifs et les enfants peuvent être davantage affectés par l’ozone à cause de l’intensité de leurs activités et des longues périodes de temps qu’ils passent à l’extérieur. Les vieillards ou les personnes souffrant de maladies respiratoires peuvent constater une aggravation de leurs symptômes. L’ozone peut aussi causer des dommages à la végétation et nuire au rendement des cultures.
Hanoi plus polluée que Hô Chi Minh-Ville
En dehors de la forte teneur en ozone, la pollution de l’air par les particules fines dans les centres urbains vietnamiens est inquiétante. Les provinces du Nord où le trafic est important sont les plus touchées, avec des conséquences sur la santé.
Les technologies arriérées utilisées dans l’industrie sont aussi un facteur important de pollution de l’air. |
Hanoi est aussi plus polluée que Hô Chi Minh-Ville, en dépit du fait que sa population et le nombre de véhicules en circulation sont moindres. Les résultats d’enquêtes du Département de la santé (ministère des Transports et des Communications) montrent que le taux de personnes affectées par les maladies respiratoires est plus élevé à Hanoi qu’à Hô Chi Minh-Ville. En 2013, la qualité de l’air de la capitale a été au-dessus du niveau d’alerte durant 257 jours, dont 21 marqués par des «pics de pollution» avec une qualité exécrable.
Des experts expliquent que la pollution de l’air aux particules fines à Hanoi est due essentiellement aux technologies de production obsolètes utilisées dans l’industrie ou à la position des zones industrielles, toutes à proximité des axes routiers. Le dérèglement climatique est aussi pointé du doigt pour la forte teneur en ozone. Depuis ces cinq dernières années, la qualité de l’air dans les grandes agglomérations vietnamiennes n’a cessé de se dégrader, notamment à Hanoi, où le phénomène prend des proportions inquiétantes. Changer de modes de vie et de consommation, par la mise en place effective d’une logique de développement durable, se pose plus que jamais comme un impératif. Pour ne pas risquer de compromettre l’avenir des générations futures.
Un manque criant d’espaces verts
Les arbres et autres végétaux influent sur la qualité de l’air que nous respirons, en agissant comme de véritables filtres à air (absorption des poussières). En effet, les polluants et les poussières en suspension dans l’air peuvent être captés par les feuilles des arbres, limitant ainsi leur circulation dans l’environnement. Au Vietnam, la superficie réservée aux espaces verts est très faible. Dans les centres urbains, l’on n’en compte que 0,5 m² par personne. Ce taux est de 2 m² par personne à Hanoi et de 3,3 m² à Hô Chi Minh-Ville, soit à peine le dixième de grandes cités modernes comme Washington (40,2 m²/personne) ou Londres (26,9 m²/personne).
Huong Linh/CVN