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L'ambassadrice américaine à l'ONU Nikki Haley lors d'une réunion du Conseil de sécurité le 26 novembre. |
Au préalable, le Koweït et le groupe arabe à l'ONU avait, lors d'un vote de procédure gagné de seulement trois voix, obtenu qu'une règle d'une majorité aux deux tiers soit appliquée au texte américain malgré de vives critiques de Nikki Haley.
Le texte des États-Unis n'a recueilli que 87 voix, dont celles de l'Union européenne. Après une demande de l'Afghanistan pour changer son vote, 58 pays dont ce dernier ont voté contre et 32 se sont abstenus, selon un décompte final.
"Une simple majorité est requise", avait plaidé en vain Nikki Haley avant le scrutin, qui s'est tenu avec une heure de retard en raison "de négociations de dernière minute", selon la présidence de l'Assemblée générale.
Cette enceinte, dont les résolutions n'ont pas de valeur contraignante, "n'a jamais rien dit sur le Hamas", avait dénoncé la diplomate américaine, en critiquant une "politique de deux poids deux mesures" aux dépens d'Israël.
"La décision (d'un vote de procédure) vise à entraver" l'adoption de la résolution américaine, "et mon frère du Koweït le sait très bien", avait ajouté l'ambassadrice.
Son homologue israélien, Danny Danon, s'est toutefois félicité dans un communiqué que "pour la première fois dans l'Histoire des Nations unies, un nombre record de pays aient soutenu une résolution de l'Assemblée générale condamnant le Hamas".
La règle des deux tiers a été approuvée par 75 voix, 72 pays s'exprimant contre -dont l'Union européenne- et 26 États se sont abstenus.
"Affaire très personnelle"
"L'échec de l'entreprise américaine aux Nations unies constitue une gifle pour l'administration des États-Unis et une confirmation de la légitimité de la résistance", a déclaré un porte-parole du Hamas, Sami Abou Zahri.
La présentation de la résolution américaine, soutenue par l'UE, constituait l'un des derniers faits d'armes de Nikki Haley, qui a récemment annoncé quitter ses fonctions en fin d'année. Selon des diplomates, Nikki Haley, soutien inconditionnel d'Israël, avait fait de cette condamnation du Hamas "une affaire très personnelle".
Son projet de texte dénonçait "le Hamas pour des tirs répétés de roquettes en Israël et pour incitation à la violence, mettant la vie de civils en danger". Il exigeait "que le Hamas et d'autres entités militantes incluant le Jihad islamique palestinien cessent toutes les provocations et activités violentes dont le recours à des engins aériens incendiaires".
Lors des prises de parole, l'Arabie saoudite et l'Iran, soutien du Hamas, ont dénoncé le texte américain. "Israël n'a jamais respecté les résolutions de l'ONU", a lancé le représentant saoudien, tandis que la diplomatie iranienne assurait que "le Hamas était un mouvement légitime qui combat l'occupation israélienne".
Sous la pression des Européens, les Palestiniens et les pays arabes avaient renoncé à amender le texte américain pour y introduire des rappels précis des résolutions portant sur la fin de l'occupation israélienne, le statut de Jérusalem-Est et la solution de deux États dans les frontières reconnues en 1967, largement soutenue dans le monde.
Ils ont transformé leur amendement en résolution qui a été adoptée dans l'après-midi par 156 voix en sa faveur - dont celles de l'Union européenne. Six pays ont voté contre, dont les États-Unis et Israël, 12 États s'abstenant. "Encore une résolution contre Israël", a déploré Danny Danon.
L'objectif de l'Union européenne "était d'éviter une confrontation dont tout le monde serait sorti perdant", a expliqué un diplomate sous couvert d'anonymat. Il s'agissait aussi de préserver "l'unité de l'UE", a-t-il ajouté.
"Personne ne comptait avancer" sur le processus de paix avec les textes mis au vote jeudi 6 décembre, a précisé cette source, évoquant des "jeux politiques".
Le chef du Hamas Ismaïl Haniya s'était plaint dès le 28 novembre de la démarche américaine dans une lettre rare à la présidence de l'Assemblée générale de l'ONU. La missive, remise au représentant de l'ONU à Gaza, n'est cependant jamais arrivée à destination. Elle a été transmise au seul pouvoir légitime reconnu par l'ONU, l'Autorité palestinienne, qui l'a bloquée, selon une source onusienne.
AFP/VNA/CVN