>>L'escalade de la violence menace les civils au Niger, selon l'ONU
>>Niger : quatre militaires tués dans une attaque terroriste dans le Nord du pays
Carte du Niger localisant le village de Darey-Daye. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Cette tuerie, commise lundi après-midi 16 août, a touché le village de Darey-Daye, déjà visé en mars et situé dans la région de Tillabéri, dans la zone dite des "trois frontières" entre le Niger, le Burkina Faso et le Mali, théâtre de violences jihadistes régulières.
"L'attaque a lieu à Darey-Daye vers 15h00 (14h00 GMT)" lundi 16 août "par des hommes armés venus à moto" qui ont tiré "sur des gens en train de cultiver leurs champs", a déclaré un élu local en précisant que "le bilan est lourd : il y a eu 37 morts dont quatre femmes et treize mineurs". Quatre femmes ont également été blessées, a-t-il dit.
L'attaque et ce bilan ont été confirmés par le gouvernement. "L'attaque qui a ciblé de paisibles populations civiles a été perpétrée par les éléments terroristes venant d'un pays voisin où ils sont aussitôt retournés après leur forfait", indique un communiqué du gouvernement lu à la radio publique par son porte-parole Tidjani Idrissa Aboulkadri.
"Des mesures sécuritaires et sanitaires renforcées ont d'ores et déjà été prises dans la zone et une enquête est en cours pour retrouver et traduire devant les tribunaux les auteurs de ces actes lâches et criminels", ajoute-t-il.
Le village visé est situé à 40 km à l'est de la ville de Banibangou, chef-lieu du département du même nom.
Le 15 mars, des jihadistes présumés avaient massacré 66 personnes au total lors d'attaques à Darey-Daye et contre des véhicules qui rentraient du grand marché hebdomadaire de Banibangou.
Depuis le début de l'année, des jihadistes présumés multiplient les assauts sanglants contre des civils dans le département de Banibangou, une zone enclavée dans le Nord-Est de la région de Tillabéri.
Cette région est depuis plusieurs années le théâtre d'actions sanglantes de groupes jihadistes liés à Al Qaïda et à l'Etat islamique (EI) commises contre des civils et des militaires.
Depuis le début de la saison des pluies en juin, les attaques visent surtout des civils travaillant dans les champs.
Le 9 août, "des individus armés" avaient attaqué "des populations travaillant dans un champ" du village de Falanzandan, dans le même département de Banibangou, tuant 15 personnes et en blessant deux autres, selon le ministère nigérien de l'Intérieur.
"Guerre contre la population"
Le 25 juillet, 14 civils avaient été tués dans le village de Wiyé, et trois jours plus tard, le 28 juillet, 19 personnes avaient été massacrées dans le village de Dèye Koukou, toujours dans ce département de Banibangou, selon les autorités.
Comme lors de l'attaque de lundi 16 août, les assaillants sont venus à moto et certaines victimes ont été froidement abattues, selon des témoins.
Human Rights Watch (HRW) avait estimé la semaine dernière à plus de 420 le nombre de civils tués depuis le début de l'année dans l'Ouest du Niger dans des attaques menées par des groupes jihadistes qui ont également contraint des dizaines de milliers de personnes à fuir de chez eux.
"Des groupes islamistes armés semblent mener une guerre contre la population civile dans l'Ouest du Niger. Ils ont tué, pillé et brûlé, semant dans leur sillage mort et destruction et brisant des vies", selon Corinne Dufka, directrice chargée du Sahel à HRW.
Parmi les victimes, on compte des chefs de village, des imams, des handicapés et de nombreux enfants, dont "certains ont été exécutés après avoir été arrachés des bras de leurs parents", relevait l'ONG.
Selon des bilans officiels, 307 civils ont été massacrés entre janvier et mars dans l'Ouest du Niger: 100 en janvier à Tchoma Bangou et Zaroumadereye, 66 dans les attaques du 15 mars, et 141 le 21 mars dans des localités, hameaux et campements de la région de Tahoua, également proche du Mali.
Les régions de Tillabéri et Tahoua demeurent instables malgré d'importants efforts pour tenter de les sécuriser.
Dans le Sud-Est, le Niger doit également faire face aux atrocités des jihadistes nigérians de Boko Haram et de l'État islamique en Afrique de l'Ouest (Iswap).
AFP/VNA/CVN