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À Melbourne, Bangkok, Kampala, Berlin et San Francisco, dans des petites villes d'Afrique ou d'Amérique du Sud, par groupes de dizaines de personnes ou dans des cortèges si massifs qu'ils embouteillaient les centres-villes, une même génération a scandé les mêmes slogans, unis par une même colère face à l'inaction des adultes au pouvoir.
Jamais le monde n'avait vu une telle mobilisation de jeunes pour le climat. Les organisateurs de ce mouvement sans chefs "Fridays for Future" disent avoir recensé des rassemblements dans 160 pays et plus de 5.000 villes et villages, avec quatre millions de jeunes et, en réalité, beaucoup d'adultes, de nombreux syndicats et entreprises s'étant joints au mouvement.
Les plus grandes manifestations ont été vues en Australie, à Berlin, Londres, New York et San Francisco, mais sur tous les continents, des lycéens et des enfants ont marché, pancartes à la main, alternant comme à chacune de ces grèves entre humour noir ("Respecte ta mère", à New York, c'est-à-dire Mère Nature) et réprimande contre les générations qui les ont précédés ("Si vous ne vous comportez pas comme des adultes, nous le ferons", à Skopje).
"On dit que nous sommes paresseux, que nous ne voulons rien faire, que nous ne voulons pas nous engager. Mais quand nous essayons d'exprimer nos préoccupations, on se moque de nous aussi, les gens disent qu'il ne faut pas nous écouter, que nous ne savons rien... donc l'équilibre est assez difficile", a dit, grinçante, Greta Thunberg, 16 ans, dans un entretien à l'AFP à New York.
Créditée pour avoir lancé ces grèves l'an dernier à Stockholm, la lycéenne suédoise est invitée partout, a rencontré Barack Obama et des parlementaires américains à Washington cette semaine, et c'est elle qui ouvrira samedi matin 21 septembre le Sommet de la jeunesse sur le climat à l'ONU, avec d'autres jeunes militants.
De la rue à l'ONU
Grève de l'école, le 20 septembre 2019 à Bangkok. |
Quelque 500 jeunes militants associatifs, éco-entrepreneurs et autres, venus de la Terre entière et certes plus âgés qu'elle en général, ont été invités par l'ONU pour ce sommet.
Puis lundi 23 septembre, un sommet spécial climat a été convoqué par le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, avec une soixantaine de chefs d'États et de gouvernements attendus à la tribune pour présenter des plans de réduction des émissions des gaz à effet de serre révisés à la hausse.
Greta Thunberg participera aux deux sommets.
"Le changement arrive, qu'ils le veuillent ou non", a-t-elle prévenu à New York, ovationnée par la foule.
Partout, ces manifestants souvent trop jeunes pour voter dénonçaient l'absurdité de devoir attendre 10, 20 ou 30 ans pour qu'une nouvelle génération prenne le pouvoir et agisse. Le consensus scientifique est qu'il sera trop tard.
"Nous sommes l'avenir et nous méritons mieux", a dit à Bangkok Lilly Satidtanasarn, 12 ans, surnommée la Greta Thunberg de Thaïlande pour son combat contre le plastique.
"Pour moi manifester n'est pas un choix, c'est nécessaire", a dit à New York Sierra Meloy, 17 ans, vêtue d'un tee-shirt "La science n'est pas une théorie gauchisante du complot".
En Amérique latine, des milliers de personnes ont défilé au Mexique, en Colombie, au Guatemala ou encore au Brésil, où le président d’extrême droite Jair Bolsonaro a été ciblé pour sa gestion des incendies de la forêt amazonienne.
Antonio Guterres a convoqué les sommets pour accélérer le processus lancé par l'accord de Paris, signé par 195 pays en 2015.
Il s'attend à ce que de nouveaux pays s'engagent à être neutres en carbone d'ici 2050, mais a reconnu que beaucoup resterait à faire.
"Il est clair que nous sommes en retard", a-t-il confié à des journalistes au siège de l'ONU vendredi 20 septembre. "Les résistances sont nombreuses. Nous avons toujours un énorme problème avec le charbon en Asie".
"Mais il s'est produit une accélération intéressante ces derniers mois", a ajouté Antonio Guterres. "On voit que le climat est devenu une question électorale".
AFP/VNA/CVN