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Un manifestant tire avec un mortier artisanal durant des affrontements entre étudiants et police anti-émeutes à Managua, le 28 mai. |
Le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme a estimé lundi 18 juin que la situation au Nicaragua "pourrait bien mériter" la création d'une enquête internationale et a exhorté les autorités à envoyer "sans délai" une invitation à son bureau. Le Nicaragua, pays le plus pauvre d'Amérique centrale, a basculé dans le chaos après la répression le 18 avril des manifestations contre l'insécurité sociale.
Ces violences "ont provoqué la mort d'au moins 178 personnes, presque entièrement aux mains des forces de police et des groupes armés pro-gouvernement, y compris à l'aide de l'utilisation présumée de tireurs d'élite, avec au moins 1.500 blessés", a relevé le Haut-Commissaire, Zeid Ra'ad Al Hussein, à l'ouverture de la 38e session du Conseil des droits de l'Homme.
"La gravité de la situation pourrait bien mériter la création d'une commission d'enquête internationale", a-t-il déclaré. Il a également dit espérer que "les engagements pris lors de la reprise du dialogue national le 15 juin seront tenus, y compris la cessation de toutes les formes de violence (...) et l'engagement d'inviter d'urgence le Haut-Commissariat à se rendre dans le pays". "Cette invitation doit être envoyée sans délai", a-t-il ajouté.
Vendredi 15 juin, le gouvernement et l'opposition ont trouvé un accord autorisant des observateurs des droits de l'Homme à venir enquêter sur les violences. Les représentants de l'opposition ont de leur côté accepté une demande clef du pouvoir du président Daniel Ortega: un plan visant à lever les blocages qui entravent les routes pour empêcher les forces anti-émeutes de passer, selon la conférence épiscopale, médiateur dans le conflit.
L'opposition exige depuis deux mois le départ du président Daniel Ortega, 72 ans, "héros" de la révolution sandiniste qui a dirigé le pays de 1979 à 1990 après avoir évincé Anastasio Somoza, et qui est revenu au pouvoir depuis 2007.
Le chef de l'État s'est dit prêt à travailler à une démocratisation du pays, mais n'a pas dit s'il consentirait à écourter son mandat, valable théoriquement jusqu'en janvier 2022. Opposition et gouvernement au Nicaragua doivent reprendre leur dialogue national lundi 18 juin.