Comme un poisson dans l'eau, Phuoc a plongé dans le grand bain en Indonésie. Le jeune nageur s'est permis de toiser la concurrence à deux reprises, en papillon et nage libre. C'est la première fois qu'un nageur vietnamien fait coup double aux Jeux sportifs d'Asie du Sud-Est (SEA Games). Un exploit à marquer d'une pierre blanche.
"Remporter une médaille d'or des SEA Games est quelque chose de spécial", avoue le jeune nageur de la sélection vietnamienne. "Je suis heureux d'apporter mes contributions au sport national. Quand j'ai touché l'arrivée et regardé le tableau électronique, je n'en croyais pas mes yeux ! Et monter sur la première marche du podium pour y chanter l'hymne national devant mes adversaires du Sud-Est asiatique procure un sentiment indescriptible", poursuit-il.
Le jeune nageur n'en est pas à ses premières victoires. Il a glané en quatre ans plus de 50 médailles d'or lors des tournois nationaux et internationaux. Ses victoires aux 26es SEA Games resteront un "bon souvenir" pour lui, un "événement inoubliable" dans sa carrière et l'une de ses "compétitions les plus difficiles".
"En compétition, les nageurs doivent toujours donner le maximum et ne rien laisser au hasard. Mes deux médailles d'or résultent d'un long parcours d'entraînement ponctué de nombreux exercices physiques dans le but de me renforcer. Lors des éliminatoires, les résultats supérieurs de mes adversaires m'ont un peu inquiété. Mais une fois dans l'eau, ce sentiment s'est vite effacé. Si un sportif entame une épreuve avec le moral dans les chaussettes et des doutes quant à ses capacités, il est difficile pour lui de faire de bons résultats, sans parler de la médaille d'or ! La confiance, le calme et la détermination que j'avais en moi m'ont permis de prendre un bon départ et de lancer le sprint final pour arriver en tête", raconte Phuoc.
Assiduité et persévérance
Hoàng Quy Phuoc est né le 24 mars 1993 à Dà Nang (Centre). Sa famille cultive une tradition sportive. Son père, Hoàng Dang Tiêp, était arbitre de tir, son frère joue au football au niveau d'arrondissement et sa sœur était athlète, avant d'abandonner ses ambitions sportives pour une autre tout aussi louable, celle de fonder une famille.
La maison familiale de Phuoc est à 200 m de la plage de My Khê, une belle station balnéaire de la ville centrale de Dà Nang. Le jeune homme aime la natation depuis sa plus tendre enfance. Mais durant de longues années, il n'a été qu'un diamant non dégrossi. Son talent n'a été découvert qu'en 2004 lors d'un tournoi de natation réservé aux écoliers, par l'entraîneur Phan Van Toai, chef de la discipline de natation du Centre d'entraînement et de formation des sportifs de Dà Nang. Les caractéristiques physiques de Phuoc se prêtent particulièrement à la nage. En plus de ses 1m82, toutes ses extrémités sont taillées XXL, que ce soit ses jambes, ses bras, ses mains et ses pieds. Un homme né en définitive pour devenir nageur. Il s'entraîne dans cette discipline en tant que sportif professionnel depuis ses 11 ans.
"Assidu, persévérant et discipliné, Phuoc a fait d'immenses progrès après des débuts quelque peu désorientés !", font remarquer ses entraîneurs. En juin 2006, il est retenu dans la sélection nationale des jeunes nageurs. Et un an après, il devient membre de la sélection nationale. Phuoc connaît ses premières grandes victoires en 2008, lors des championnats des jeunes d'Asie du Sud-Est où il décroche deux médailles d'or, trois d'argent et deux de bronze. Et lors des championnats des clubs d'Asie du Sud Est, il empoche huit médailles d'or. Aux championnats du Vietnam en 2008, Phuoc devient le plus jeune nageur de l'histoire de la natation vietnamienne à battre un record national.
Mais il ne s'arrête pas là, on l'a vu. Depuis 2010, il fait figure de véritable espoir de la natation vietnamienne. Au festival national des sports et de l'éducation physique, il affole les compteurs avec neuf médailles d'or dont six individuelles, avec à la clé neuf records nationaux. Le secrétaire général de l'Association des sports nautiques, Dinh Viêt Hùng estime : "Encore jeune, Phuoc exprime son courage et affirme sa personnalité dans les compétitions. S'il continue à maintenir ce rythme, il deviendra sans conteste l'un des meilleurs nageurs du pays".
Le benjamin de la famille
Phuoc est le benjamin de sa famille qui compte sept frères et sœurs. Il reçoit ainsi des tonnes d'encouragements de son environnement familial. "Ma mère est ma première supportrice. Elle m'aide à me développer et à ce que j'acquiers de la maturité", confie-t-il. Phuoc vit éloigné de sa famille depuis qu'il a 11 ans, puisqu'il doit s'entraîner toute l'année. Mais sa mère, Nguyên Thi Tai, le joint souvent par téléphone, et suit chacun de ses pas. Elle conserve avec le plus grand soin chacune de ses médailles. Inutile de préciser que son récent succès la comble au plus haut point : "Je suis fière de lui. Phuoc est la fierté de notre grande famille", dit-elle.
Phuoc dédie son succès à son père qui a quitté ce monde. Il retient toujours ses conseils : "Pour devenir nageur de haut niveau, il faut être fort physiquement et passionné par ce sport. Il faut également être bien entouré tant sur le plan matériel que moral. Sans oublier une bonne éducation pour acquérir des valeurs indispensables à tout homme digne de ce nom et cultiver la fibre patriotique".
À partir de l'an 2012, les autorités du Service de la culture, des sports et du tourisme de Dà Nang enverront Hoàng Quy Phuoc et une autre nageuse de cette ville, Nguyên Thi Anh Viên, suivre un entraînement intensif aux États-Unis. Nos deux jeunes partiront dans un établissement réputé pour avoir formé beaucoup de grands nageurs américains et du reste du monde. C'est aussi là-bas que s'entraîne Joseph Isaac Shooling, nageur singapourien de 16 ans considéré comme un grand espoir d'Asie du Sud-Est. Fraîchement auréolé de la médaille d'or du 200 m papillon des 26es SEA Games, ce dernier suscite le respect de la part de Phuoc. La nouvelle pépite de la natation vietnamienne fera tout pour tutoyer les sommets. Et de déclarer : "J'ai encore une belle marge de progression à exploiter".
Xuân Lôc/CVN