Pham Van Nâu est né en 1935 à Thuy Son (district de Thuy Nguyên, ville portuaire de Hai Phong). Il ne se souvient pas quand il s’est mis à jouer pour la première fois de la flûte par le nez. Il se rappelle juste que gamin, il aimait tailler des flûtes à l’ombre des papayer. «J’ai appris à jouer avec la bouche, comme tout le monde. Mais après un mois, j’ai essayé avec le nez et ça m’a plu. J’ai réussi avec une narine, puis les deux», raconte-t-il simplement.
Le nasoflûtiste Pham Van Nâu. Photo : TH/CVN |
En 1967, il fait son service militaire dans les provinces de Lang Son (Nord) et Thanh Hoa (Centre). Admiratif du talent du jeune bidasse, un montagnard lui propose la main de sa fille. Il refuse. Pour une très bonne raison : il est déjà marié.
La famille de sa femme est depuis des générations spécialisée dans la médecine traditionnelle. Elle transmet ce métier à M. Nâu, qui est devenu un médecin traditionnel à part entière.
La flûte, la compagne d’une vie
Avec sa flûte, Pham Van Nâu peut reproduire le son d’un ruisseau, le chant des oiseaux, le bruissement des feuilles d’arbre et bien d’autres bruits de la nature. Chaque matin, il fait ses gammes avec sa flûte en truc (une sorte de bambou). Bien qu’il n’ait suivi aucune formation musicale, il mémorise rapidement les mélodies. Il est capable de jouer toute la journée, et seule la soif le fait arrêter. Une fois celle-ci étanchée, il reprend de plus belle. «Il y a quelques années, j’ai participé à un échange artistique dans une unité militaire du district de Thuy Nguyên. J’ai joué 50 airs sans m’arrêter. Le public battait les mains, certains m’ont même demandé de prendre une photo avec moi», se gargarise-t-il.
Beaucoup de gens l’admirent. C’est un peu l’idole du coin, celui que tout le monde connaît, salut et apprécie. Et ce statut de star locale n’est pas pour lui déplaire, il faut bien le dire... «Le cadeau le plus important pour moi ce sont les sourires et les applaudissements», avoue-t-il.
Le vieil homme, bon pied bon œil, partage ses journées entre ses chers flûtes, la gymnastique matinale et ses amis. «J’adore le son de la flûte, il entre en résonnance avec mon âme ! Grâce à lui, j’oublie tous les tracas de la vie quotidienne, et même les coups tordus que certains ont pu me faire. La flûte, c’est ma vie !»