Mosquées fermées, rassemblements interdits : ramadan morose en pleine pandémie

Mosquées fermées, rassemblements familiaux interdits et couvre-feux. Le mois de jeûne sacré musulman du ramadan a débuté vendredi 24 avril en plein confinement lié à la pandémie de COVID-19, même si certaines autorités religieuses ont rejeté les restrictions.

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Vue aérienne du site de la Grande mosquée et de la Kaaba, à la Mecque, désert au premier jour du ramadan à cause du coronavirus, le 24 avril 2020.
Photo : AFP/VNA/CVN

Cette année, ce mois sacré, synonyme de période de partage, de générosité et de rassemblements, s'annonce morose pour les centaines de milliers de musulmans d'Asie, du Moyen-Orient et d'Afrique de Nord.

Les restrictions imposées dans nombre de pays contraignent les mosquées à demeurer portes closes et l'iftar, le repas quotidien de rupture du jeûne, un moment habituellement convivial voire festif, ne pourra être partagé comme le veut la coutume en famille ou entre voisins.

Le roi Salmane d'Arabie saoudite, pays abritant les deux lieux les plus saints de l'islam, s'est dit "affligé" par l'absence de prières collectives, mais a insisté sur la "protection de la vie et de la santé des peuples".

Les mesures de confinement sont strictes dans le royaume, où les prières ont été suspendues dans les mosquées et un couvre-feu total imposé dans la plupart des régions. À l'exception de celles dans la Grande mosquée à La Mecque, où des fidèles en nombre restreint et entourés des forces de sécurité, priaient vendredi 24 avril.

Habituellement noire de monde, l'esplanade de la Kaaba, la structure cubique située au coeur de la Grande mosquée et vers laquelle se dirigent les musulmans lors de la prière, était déserte.

Des Syriens achètent des olives dans un marché à la veille du ramadan, à Idleb, en Syrie, le 23 avril 2020.

Le confinement affecte particulièrement les plus défavorisés, privés de la charité des mosquées ou d'associations. "Les mosquées sont fermées et ceux qui nous aident normalement traversent aussi des difficultés", déplore Salah Jibril, un chômeur palestinien de Gaza.

À Tripoli, dans le Nord du Liban, malgré la morosité générale, les marchés ont attiré les habitants, dont beaucoup craignent des augmentations de prix sur fond de crise économique dans le pays.

Propriétaire d'une boutique de friandises, Samer al-Hallab s'attend néanmoins à ce que ses ventes "chutent de plus de 75% pendant ce ramadan par rapport aux années précédentes".

"Très différent"

L'un des cinq piliers de l'islam, le ramadan commence vendredi 24 dans la majorité des pays musulmans, et samedi 25 avril en Iran, au Maroc ainsi que pour les chiites d'Irak et du Liban.

Des femmes portant des masques prient à la mosquée Al Makmur de Banda Aceh en Indonésie, le 24 avril 2020.

En Irak, même s'il y a un allègement du confinement en journée, les Irakiens ne pourront pas partager l'iftar avec leurs proches le soir. Vendredi 24 avril, le mausolée d'Abdelqader al-Gelani, l'un des plus grands lieux saints sunnites d'Irak, était fermé, comme la plupart des mosquées.

Des couvre-feux nocturnes sont imposés dans plusieurs pays du Moyen-Orient. L'Algérie, la Tunisie et la Libye ont annoncé l'allègement durant le ramadan des couvre-feux.

Plus grand pays musulman du monde, l'Indonésie a invité les fidèles à rester chez eux, alors que des millions d'Indonésiens se rendent chaque année dans leurs villes et villages à la fin de ce mois.

"Ce ramadan est très différent, il n'est simplement pas festif. Je suis déçue de ne pas pouvoir aller à la mosquée mais que pouvons-nous y faire ?", déplore Fitria Famela, une Indonésienne.

En Indonésie comme dans d'autres pays d'Asie, continent où résident plus d'un milliard de musulmans, certains responsables religieux ont cependant refusé de respecter les restrictions.

C'est le cas de la principale organisation musulmane de la province indonésienne Aceh. Jeudi soir 23 avril, des milliers de fidèles ont assisté à la prière dans la plus grande mosquée de la capitale, Banda Aceh.

"Je ne suis pas inquiète car je porte un masque et je garde mes distances", affirme Cut Fitrah Riskiah, présente à la cérémonie.

Au Bangladesh, les dignitaires religieux ont balayé les recommandations appelant à réduire la fréquentation dans les mosquées. Et au Pakistan, les mosquées étaient bondées à l'approche du ramadan.

"Test envoyé par Allah"

Mohamad Shukri Mohamad, le plus haut dignitaire religieux de l'État malaisien conservateur du Kelantan, a lui choisi d'oublier les prières collectives et les repas en famille, même si cela signifie ne pas voir ses six enfants et 18 petits-enfants.

Des Libanais lâchent des lampions devant un mosquée pour célébrer le début du ramadan, à Sidon, dans le sud du Liban, le 23 avril 2020.
Photo : AFP/VNA/CVN


"C'est la première fois de ma vie que je n'ai pas pu aller à la mosquée. Mais nous l'acceptons et nous nous conformons aux mesures de distanciation sociale pour protéger nos vies."
En Russie, les fidèles devront prier sans aller à la mosquée. Les tentes habituellement installées le soir avec eau et nourriture ne seront pas présentes cette année. Le chef du Conseil des muftis de Russie, Ravil Gaïnoutdine, a appelé à accepter ces conditions comme un "test envoyé par Allah".

En Asie centrale, les autorités religieuses des trois pays reconnaissant des cas de coronavirus sur leur territoire - Kirghizstan, Kazakhstan et Ouzbékistan - ont interdit les célébrations et les rencontres en famille. Au Tadjikistan, officiellement épargné par le coronavirus, les autorités laïques ont appelé les fidèles à ne pas observer le jeûne pour ne pas se rendre vulnérable aux "maladies infectieuses". Dans la capitale Douchanbé, les habitants se serrent la main et s'enlaçaient pour le ramadan, mais davantage de personnes portent un masque que d'habitude.

AFP/VNA/CVN

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