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Photo prise le 25 novembre 2019 de Jules Théobald, le doyen des Français, décédé mardi à 112 ans. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le décès de M. Théobald, qui était né le 17 avril 1909, a été confirmé par sa famille après des informations de presse. Ses proches avaient pour coutume de raconter que ce père de trois enfants était né en réalité en 1907, une anecdote qui n'a jamais pu être confirmée.
Habitant de la Pointe des Nègres à Fort-de-France, il avait été nommé président d'honneur de l'Association des habitants du littoral de la Pointe des Nègres en mars dernier.
"Les gens découvrent petit à petit son décès. Il laissera un grand vide même si on s'y attendait un petit peu", a témoigné pour l'AFP Steeve Moreau, maire-adjoint de Fort-de-France chargé de la sécurité. "C'était aussi un militant politique. Il en parlait peu mais il a été au Parti Progressiste Martiniquais (PPM) aux côtés d'Aimé Césaire. Il nous disait tout le plaisir qu'il avait d'avoir mené ces combats. Il y a beaucoup d'affection pour lui."
"Nous avions eu un moment de partage avec lui récemment", a rapporté M. Moreau, chargé de représenter le quartier de la Pointe des Nègres au conseil municipal : "C'était quelqu'un très à l'écoute. Il aimait beaucoup son quartier. Il connaissait tout le monde, tout le monde le connaissait. Il était très proche des gens. Il s'intéressait vraiment à la vie du quartier".
L'AFP avait rencontré le vieillard en 2019, échangeant avec lui sur ses nombreux souvenirs de sa vie active, de sa jeunesse et de son enfance il y a plus d'un siècle.
À la journaliste qui lui parlait de son âge, il répondait en souriant, dans un créole chevrotant : "Si ça ne tient qu'à moi, je peux bien vivre jusqu’à 200 ans !".
"Une belle petite vie"
"J'ai eu une belle petite vie, avait-il témoigné ce jour-là. "J'étais en forme. J'ai été marin pêcheur. Aucun pêcheur n'est allé aussi loin que moi à l'époque. Si le bon Dieu me donnait la force, je travaillerais encore sur mon canot".
Il s'était souvenu de pêches miraculeuses, de virées dangereuses aussi. "On était deux et le bateau a coulé. On a dormi sur la mer. C'est l'avion qui nous a retrouvés au large du Prêcheur. J'attrapais des petits poissons que je mangeais. Dans la détresse, le meilleur, c'est la tête de poisson !".
À plus de 110 ans, il avait encore un bon coup de fourchette et se souvenait même de quelques recettes, comme celle du poisson séché mariné dans de l'ail et du bois d'inde.
Parmi ses voyages qui résistent encore à l'oubli, il y avait ses escapades en bateau vers les îles voisines, notamment la Dominique, où il a eu deux enfants dont il a eu ensuite peu de nouvelles.
Jules a eu deux autres enfants en Martinique. Sa fille aînée vivait dans l'Hexagone et venait le voir régulièrement. Son fils Christian vivait avec lui : "Ah mon Dieu, si je n'avais pas ce petit bonhomme… Je suis très content de l'avoir à mes côtés", avait confié Jules, qui se raccrochait à son fils au moindre trou de mémoire.
Pas besoin d'aide, en revanche, pour évoquer son amour de la fête et de la danse. Jules Théobald racontait des bals, des histoires de filles, se rappelait des soirées de dominos avec les copains. "J'aimais le plaisir, la danse, les courses de bateaux. Je ne regrette rien de ma vie, je regrette seulement d'être malade. J'ai un truc dans le cœur. Ça me désole".
AFP/VNA/CVN