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Yoshua Bengio, directeur scientifique de l'Institut Mila, le 4 juillet à Montréal, au Canada. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Pour le Professeur montréalais Yoshua Bengio, considéré comme l'un des "pères fondateurs" de l'IA, à ce rythme, la technologie va rapidement "arriver au niveau de l'intelligence humaine, voire plus".
"Ce serait comme si on créait une nouvelle espèce sur Terre" qui pourrait "prendre des décisions qui nous nuisent et mettent même en danger l'espèce humaine", s'alarme le lauréat du prix Turing 2018, l'équivalent du Nobel pour les informaticiens.
La saga qui a vu le licenciement puis la réintégration, chez OpenAI, créateur de ChatGPT, du patron Sam Altman, taxé par certains de mettre la sécurité au second plan, a récemment illustré le débat sur le développement effréné de l'IA.
Depuis longtemps, le professeur Bengio alerte sur ces entreprises qui "ne vont pas ralentir, ne vont pas prendre de précautions, potentiellement aux dépens du public".
Il est essentiel de mettre en place "des règles qui vont être les mêmes pour toutes les entreprises", affirme le chercheur à la barbe poivre et sel.
Début novembre, il a été choisi par la communauté internationale pour rédiger le premier rapport sur "l'état de la science", une évaluation scientifique des recherches existantes, des risques et possibilités de l'IA.
Concentration de chercheurs
Des employés de l'Institut Mila, le 4 juillet, à Montréal, au Canada. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Dans son laboratoire de recherche situé dans un quartier branché de Montréal, Yoshua Bengio réunit depuis les années 1990 une "masse critique de chercheurs en IA".
À quelques pas du bâtiment en briques rouges, des géants américains tels que Microsoft, Meta, IBM ou encore Google ont établi une partie de leurs équipes de recherche dans le domaine.
"Un peu comme en Europe, il y a beaucoup d'investissements dans la recherche fondamentale au Québec. En même temps, il y a une flexibilité pour les entreprises qui nous rapproche des États-Unis", salue Hugo Larochelle, directeur scientifique de Deepmind, la division IA de Google.
Et rapidement, un certain nombre de chercheurs ont fait émerger une réflexion sur l'avenir de cette technologie.
En 2018, la métropole a ainsi été le berceau de la Déclaration de Montréal, une des premières chartes mondiales encadrant l'IA et écrite en collaboration avec le public.
"C'est une des singularités du Québec, c'est qu'on a su très tôt donner envie à la communauté scientifique de travailler sur comment mieux réfléchir l'intégration de l'IA pour la société", raconte Guillaume Macaux, vice-président de l'OBVIA, un observatoire de recherche indépendant.
Pionnier du genre, l'observatoire créé dans la foulée de la Déclaration de Montréal mise sur l'interdisciplinarité de ses chercheurs pour conseiller les politiques gouvernementales et sensibiliser le public.
L'art pour "démystifier" l'IA
Des personnes participent à l'expérience de réalité virtuelle "Chom5ky VS Chomsky", dans laquelle elles discutent avec une IA pour mieux comprendre son fonctionnement, à l'Office national du film du Canada, le 7 septembre à Montréal. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Mais "démystifier les secrets de l'IA" est également la mission que se sont donnée des artistes de la métropole francophone.
"Montréal est un terrain de jeu fantastique", pense l'artiste aux longs cheveux noirs bouclés.
La "réputation en création numérique" de la ville cumulée à son expertise en IA en fait une "parfaite combinaison pour débattre des enjeux éthiques et sociétaux", souligne-t-elle.
Pour la créatrice, l'art devient "nécessaire plus que jamais" pour inviter "un public élargi à se poser des questions sur des enjeux de l'IA qui vont les affecter demain".
AFP/VNA/CVN