Des membres de l’Association AD@LY et une partie de la couverture, exposée à Montpellier. |
Photo : Bùi Phuong/CVN |
La guerre est terminée depuis une trentaine d’années mais ses traces sont encore bien visibles notamment dans ces images effrayantes d’enfants souffrant de terribles anomalies génétiques. Des malformations dues à l’agent orange/dioxine, un défoliant largué au Vietnam par l’armée américaine.
Consciente du drame vécu par un grand nombre des enfants vietnamiens, l’Association montpelliéraine AD@LY (les Amis de Dà Lat sur les traces de Yersin), qui vient de fêter ses 20 ans en mai 2014, se mobilise depuis des années pour sensibiliser l’opinion internationale sur les conséquences humaines de cet écocide. Elle souhaite pouvoir aider concrètement les victimes.
Porteuse de message
Cette année, dans le cadre de la Journée mondiale du tricot (14 juin), cette association a encore une fois pensé aux victimes. Elle a fait exposer devant la boutique de tricot Patchenco à Montpellier une pièce en patchwork de carrés de laine multicolore. C’est un échantillon d’une couverture géante de 320 m², réalisée par l’association dans le but de soutenir les victimes du défoliant.
«Chaque année, nous voulons renouveler la présentation de cette porteuse de message afin de sensibiliser les amis du monde sur la situation des victimes vietnamiennes. Comme vous voyez à l’entrée de la boutique, on a une pièce de laine exposée, agrémentée de deux T-shirts, dont l’un porte le slogan très significatif +L’agent orange tue encore+ et l’autre +AD@ LY, les amis de Dà Lat sur les traces de Yersin+», précise Anna Owhadi-Richardson, présidente de l’association.
Les tricoteuses de la solidarité
AD@LY a lancé en 2008 l’initiative, dans le cadre de la Journée mondiale du tricot, de réaliser une gigantesque couverture en laine multicolore. «Cette idée est venue de Joseph, un retraité handicapé de la guerre du Vietnam», explique la présidente de l’association. Le projet a été particulièrement soutenu par Raymond Aubrac, parrain fondateur d’AD@LY, le Conseil général de l’Hérault et la mairie de Montpellier.
La couverture géante de 320 m² avec les deux drapeaux du Vietnam et de la France, exposée à Dà Lat devant l’Institut Pasteur, le 3 mars 2013. |
Les tricoteuses bénévoles se sont lancées dans le projet. Ce sont, côté français, des pensionnaires de la Maison de retraite protestante de Montpellier, et côté vietnamien, des jeunes handicapées de l’atelier de tricot artisanale de Huu Hoa de la ville de Dà Lat (hauts plateaux du Centre). «Nous avons bénéficié de dons de laine de toute la France», poursuit Mme Anna.
En 2010, les deux parties de la couverture, l’une faite à Dà Lat et l’autre à Montpellier, ont été reliées à Dà Lat, lors de la Journée internationale de la Francophonie (20 mars). Elle mesure plus de 320 m² et a participé à de nombreux événements où elle a rempli sa mission d’information et de sensibilisation sur le sort des victimes.
Pour faciliter son transport et son exposition dans diverses villes, la couverture est actuellement découpée autour de la partie centrale ornée symboliquement des deux drapeaux de la France et du Vietnam, en 36 petites pièces pour lits à deux places. Elle est conservée à Dà Lat chez Huu Hoa et attend des acheteurs généreux. «Actuellement, la couverture est prête à la vente. Mais nous attendons une opportunité événementielle pour que l’opération soit la plus fructueuse possible. Mais nous ne sommes pas impatients tant qu’elle continue à remplir sa mission d’informer le monde sur le drame des victimes de l’agent orange/dioxine du Vietnam», conclut la présidente d’AD@LY.
Bùi Phuong/CVN
AD@LY et l’histoire du petit Minh Lôc
Anna explique les liens de son association avec les victimes vietnamiennes de l’agent orange/dioxine par l’histoire de son retour au Vietnam en 1993 : C’est mon premier retour au Vietnam après 32 ans. Christina Noble, une amie, me présente Minh Lôc, un petit garçon de 10 mois. Il me sourit, un sourire triste que je devine derrière une affreuse déformation de la face, un double bec de lièvre qui le défigure atrocement, de graves anomalies anatomiques et fonctionnelles des mains et des pieds complètent le tableau. Une des nombreuses victimes des défoliants de la guerre. En septembre 1994, Minh Lôc, accompagné d’une pédiatre vietnamienne, a débarqué à Montpellier. Une équipe de chirurgiens (particulièrement le Dr Gary Bobo) de la clinique St-Jean dirigée par Vidal Ginestié, avec l’aide du Rotary Club, a rendu à Minh Lôc son beau sourire devant la vie.