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L'équipe de France de relais 4x400 m masculin à Budapest. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Il s'en est fallu de très peu pour que les Bleus connaissent le pire résultat de leur histoire aux Championnats du monde (zéro médaille en 1983 et 1993). Ludvy Vaillant, Gilles Biron, David Sombé et Téo Andant ont arraché sur le fil la médaille d'argent et endossé, record de France à la clé (2:58.45), le rôle de sauveurs comme Kevin Mayer l'avait fait au décathlon il y a un an aux Mondiaux de Eugene (Oregon, États-Unis).
Les relayeurs tricolores, qui rêvent d'or olympique l'été prochain, ont dédié leur breloque au reste de la délégation : "Cette médaille, elle est pour toute l'équipe de France, on la mérite tous".
Pas de quoi faire oublier pour autant que le bilan bleu-blanc-rouge est embarrassant, à onze mois de la grand-messe du sport à domicile.
Au-delà des podiums, les Bleus compilent un nombre réduit de places de finalistes (top 8). Huit, quand leur plus bas total historique est de six (en 1983 et 2019).
"Le bilan n'est pas bon", convient auprès de l'AFP le directeur de la haute performance à la Fédération française d'athlétisme (FFA) Romain Barras, qui, à défaut de briller, avait exhorté ses troupes à relever la tête, à grand renfort de métaphores allant de la cape du super-héros aux loups chassant dans la forêt.
Tendance ancrée
Le sprinteur américain Rai Benjamin, devant le Français Téo Andant, le Jamaïcain Antonio Watson, et le Britannique Rio Mitcham lors de la finale du relais 4x400m masculin. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Ma plus grande déception, c'est l'incapacité qu'ont eu la majorité des athlètes à se transcender le jour J, en battant leur record personnel, leur meilleur score de la saison ou en terminant à une meilleure place" que leur classement mondial, regrette-t-il.
C'est l'autre vertige de cette sélection française pourtant élargie : sur 56 athlètes engagés en individuel, seuls dix ont réussi leur meilleure performance de la saison, dont six ont amélioré leur record personnel.
"Ce qui fait mal, c'est le manque de capacité d'accéder aux finales, retient le médaillé olympique et mondial du 200 m Christophe Lemaitre au micro d'Eurosport. On a toujours envie d'être optimiste, mais à un an (des JO), c'est difficile de tout changer, de trouver des solutions pour aider les athlètes à passer ce cap".
Au milieu de ce bilan désastreux, quelques rares lueurs d'espoir, avec Sasha Zhoya sur 110 m haies, Thibaut Collet à la perche, Alice Finot sur 3.000 m steeple, avec un nouveau record de France, et une partie des relais.
Mais la situation est suffisamment alarmante pour que la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra ait sommé les dirigeants de la FFA de venir s'expliquer fissa: le trio André Giraud, président, Patrick Ranvier, Directeur technique national, et Barras est attendu au ministère dès mardi.
Finalement la tendance ne fait que s'ancrer pour l'athlé français, qui tangue sérieusement depuis 2019.
"À un moment donné, je ne peux pas assumer les attentes de tout le monde. Je ne peux pas assumer d'être le seul à faire des médailles pour l'équipe de France", s'est désolé Mayer, fer de lance des Bleus, après son abandon à Budapest.
Financement en suspens
Le Français Kevin Mayer lors de l'épreuve de saut en longueur du décathlon lors des Championnats du monde d'athlétisme à Budapest le 25 août. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Ce qui se profile pour l'athlétisme français avec ses résultats historiquement pauvres, ce sont aussi des conséquences financières, en particulier du côté du grand argentier du haut niveau, l'Agence nationale du sport (ANS) - qui lui a déjà remonté les bretelles ces dernières années.
"À un an des Jeux, forcément les entonnoirs se resserrent, constate Barras. L'état des résultats aujourd'hui va forcément avoir une répercussion" sur le nombre d'athlètes aidés par l'ANS, qui ne croit plus au "fantasme de six ou huit médailles".
La FFA peut néanmoins compter sur ses canaux de financements propres, précise Barras, qui ne veut pas "abandonner" les athlètes. L'ANS "a une énorme machine à gérer, les JO, et se concentre sur les médailles, nous, fédérations, on doit avoir une vision plus élargie", estime-t-il.
Comment redresser la barre, si ce n'est pour les JO-2024, au moins pour l'après ?
"Aller plus loin dans l'accompagnement", en termes "d'optimisation de la performance ou de suivi médical" par exemple, "réfléchir à la concurrence au quotidien, l'émulation, évoque Barras. Des actions ont été mises en place en septembre 2022, voire janvier 2023, et ça prend du temps". Mais "ça fera boule de neige", veut-il croire.
En attendant, il reste à croiser les doigts pour que "la magie du Stade de France et la magie des Jeux à la maison opère".
AFP/VNA/CVN