Migrations: Paris et Berlin appellent à avancer sans attendre de consensus à 28

Emmanuel Macron et Angela Merkel ont appelé dimanche 24 juin à des accords à plusieurs pays sur les défis migratoires, pour contourner l'absence de consensus qui paralyse l'UE, encore illustrée par le blocage d'un nouveau navire au large de Malte avec 239 migrants à son bord.

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Des membres des ONGs SOS Méditérranée et MSF lors d'un exercice de sauvetage à proximité de l'Aquarius le 23 juin.

Ce nouveau bras de fer en Méditerranée autour cette fois du Lifeline, à qui l'Italie et Malte ont refusé l'accostage, se poursuivait alors qu'étaient réunis à Bruxelles les dirigeants de 16 pays pour un mini-sommet visant à apaiser le climat de tension face aux questions migratoires. "Cher Matteo Salvini, nous n'avons pas de viande à bord, seulement des humains", a lancé l'ONG allemande responsable du navire, où se trouvaient notamment quatre bébés secourus en mer, après des déclarations du ministre italien de l'Intérieur sur la "chair humaine" qu'il transportait.

La "réunion informelle" de dimanche 24 juin à Bruxelles n'a pas débouché sur des mesures concrètes, mais elle a été "utile", a estimé à son issue le président français Emmanuel Macron. Elle a notamment "permis d'écarter des solutions pas conformes à nos valeurs, comme les stratégies de refoulement", a déclaré M. Macron, plaidant pour une "solution européenne".

Cette solution "se construira uniquement sur la coopération entre les États membres de l'UE, que ce soit une coopération à 28 ou entre plusieurs États qui décident d'avancer ensemble", a-t-il ajouté, faisant écho aux déclarations de la chancelière allemande Angela Merkel. "Nous sommes tous d'accord pour réduire la migration irrégulière, pour protéger nos frontières", a déclaré Mme Merkel. Mais quand un consensus n'est pas possible, "nous voulons réunir ceux qui sont volontaires pour trouver un cadre commun d'action", a ajouté la chancelière.

"Mouvements secondaires"

Elle avait évoqué plus tôt la nécessité de trouver des "accords bilatéraux ou trilatéraux dans l'intérêt mutuel", en partant du principe que le sommet à 28 programmé les 28-29 juin à Bruxelles, "n'apportera pas encore de solution globale au problème des migrations".

Le président français Emmanuel Macron, le 24 juin à Bruxelles.
Photo: AFP/VNA/CVN

Mme Merkel et M. Macron ont notamment mis l'accent sur la nécessité de résoudre le problème des "mouvements secondaires", c'est-à-dire des demandeurs d'asile qui se déplacent dans l'UE, au lieu de rester dans le pays par lequel ils sont entrés dans l'attente d'une décision sur leur cas.

C'est pour y mettre fin que le ministre allemand de l'Intérieur menace d'instaurer un refoulement unilatéral aux frontières des migrants. Contre l'avis d'une chancelière fragilisée, qui souhaite des décisions concertées avec ses voisins. "L'idée au départ de cette réunion, c'était un peu de sauver Merkel", soulignait même une source diplomatique, avant le mini-sommet boycotté par les pays du groupe de Visegrad (Pologne, Hongrie, République tchèque, Slovaquie), mais auquel a participé l'Italie.

Le Premier ministre du gouvernement populiste italien Giuseppe Conte s'est dit "très satisfait" à l'issue de la rencontre, lors de laquelle il a exposé ses propositions. Rome a notamment appelé à "dépasser" le principe du Règlement de Dublin, qui confie aux pays de première entrée dans l'UE la responsabilité des demandes d'asile, et dont la réforme est au point mort depuis plus de deux ans, en raison notamment de l'opposition frontale des pays de Visegrad, opposés à toute mesure de répartition. L'Italie demande aussi dans son texte des "sanctions financières" contre les pays n'accueillant pas de réfugiés, comme l'a également souhaité M. Macron la veille.

"Pas de leçon à recevoir"

Le ton était pourtant une nouvelle fois monté samedi 23 juin quand le gouvernement italien avait fustigé l'"arrogance" d'Emmanuel Macron, après sa proposition de "centres fermés" pour les migrants dans les pays de première arrivée, où les migrants attendraient l'examen de leur cas sans possibilité de se déplacer vers d'autres pays.

La chancelière allemande Angela Merkel, le 24 juin à Bruxelles.
Photo: AFP/VNA/CVN

Paris "n'a de leçon à recevoir de personne", a répliqué dimanche 24 juin depuis Bruxelles le président français, faisant valoir que la France avait reçu davantage de demandes d'asile depuis le début de l'année que l'Italie.

Tous les pays européens sont désormais d'accord pour renforcer les frontières extérieures de l'UE, mais ils continuent de se diviser sur leurs responsabilités dans la prise en charge des migrants tentant de rejoindre l'Europe, comme de ceux s'y trouvant déjà.

Et ce malgré la chute massive des arrivées sur les côtes européennes constatée depuis 2016. "La première priorité si on veut sauver la libre-circulation à l'intérieur de l'espace Schengen, c'est de veiller à un contrôle réel, strict des frontières extérieures de l'UE", a souligné dimanche 24 juin le Premier ministre belge Charles Michel.

Il a aussi évoqué l'idée de créer des "centres d'orientation ou des hotspots", en référence aux idées encore floues de créer des "plateformes de débarquement" des migrants secourus en mer, y compris hors de l'UE (le nom de la Tunisie est souvent cité), et des centres d'accueil de migrants dans les pays de transit.Ces projets en gestation visent à pouvoir distinguer en amont, avant les périlleuses traversées de la Méditerranée, quels migrants sont effectivement éligibles au droit d'asile et décourager les autres de tenter le périple.

AFP/VNA/CVN

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