Merkel voit "pour la première fois" une chance de régler la crise migratoire

À la veille d'un sommet européen crucial, la chancelière allemande Angela Merkel a assuré voir une "première" chance de résoudre la crise migratoire grâce à un accord controversé avec Ankara, tout en refusant un chèque en blanc à la Turquie.

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La chancelière Angela Merkel s'exprime devant la Chambre basse du Parlement, le 16 mars à Berlin.

Parallèlement, la Commission européenne a répondu à l'un des points les plus problématiques de ce plan UE - Turquie, excluant tout projet de "renvois collectifs" vers le territoire turc.

"Je suis d'un optimiste prudent sur la possibilité de conclure un accord contraignant avec la Turquie", a déclaré le soir du 16 mars le président de la Commission, Jean-Claude Juncker au journal Handelsblatt.

"Lors du Conseil européen (jeudi et vendredi), il s'agit de savoir si nous parviendrons à trouver un accord nous donnant pour la première fois une véritable chance de solution durable et paneuropéenne sur la question des réfugiés", avait auparavant martelé Angela Merkel devant la chambre des députés, pour défendre l'accord dont elle est considérée comme l'architecte.

Présenté dans ses grandes lignes au début du mois, le projet prévoit notamment que la Turquie reprenne tous les migrants se rendant illégalement en Grèce et qu'en échange les Européens accueillent des réfugiés syriens se trouvant en Turquie, dans le cadre d'un mécanisme organisé.

Ankara réclame aussi une série de concessions comme la relance de négociations sur son adhésion à l'UE - bloquées par la querelle autour de Chypre -, une liberté de circulation de ses ressortissants en Europe et une aide financière deux fois plus importante que prévu.

Pas d'adhésion pour la Turquie

Sur ces points, et alors que Nicosie menace de bloquer le plan UE - Turquie, la chancelière a assuré notamment que "l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne n'est absolument pas à l'ordre du jour".

Mme Merkel a aussi souligné que l'Europe devait rester ferme face à Ankara sur ses valeurs démocratiques, alors que le pouvoir turc est accusé de dérive autoritaire.

Les migrants continuent par ailleurs à utiliser d'autres routes pour tenter de se rendre en Europe.

Le 16 mars encore, le président Recep Tayyip Erdogan a réclamé la levée de l'immunité de parlementaires pro-kurdes. La veille, des universitaires ont été arrêtés pour avoir signé une pétition en faveur de la minorité.

"Il va de soi que face à la Turquie nous devons mettre en avant nos convictions sur la protection de la liberté de la presse ou le traitement des Kurdes", a-t-elle dit.

Au même moment, le vice-président de l'exécutif européen, Frans Timmermans a lui aussi assuré qu'il ne s'agissait pas de céder sur toute la ligne à Ankara.

Il a aussi répondu aux critiques de l'ONU et d'ONG estimant que le plan négocié entre Turcs et Européens allait conduire à des expulsions collectives bannies en droit international.

"Il ne peut y avoir ni retours collectifs ni refoulement", a assuré M. Timmermans, promettant des procédures individualisées, conformes au droit.

Pour lever la menace de blocage chypriote, Jean-Claude Juncker a reçu le soir du 16 mars le président Nicos Anastasiades, dont le pays bloque six chapitres clés des négociations d’adhésion de la Turquie depuis 2009.

L'Europe "pas à l'honneur"

Dans ce contexte de négociations tendues, et alors que des dizaines de milliers de migrants sont coincés en Grèce après la fermeture de la route migratoire des Balkans, Mme Merkel a aussi critiqué le manque de solidarité de certains pays européens.

"On ne peut assez saluer ce que la Turquie fait (...) depuis des années pour 2,7 millions de réfugiés. Ce n'est pas à l'honneur de l'Europe, une union de 28 États avec 500 millions de citoyens, qu'elle fasse autant la difficile pour partager le fardeau", a-t-elle dit, à l'adresse de l'Europe centrale et orientale en particulier.

La chancelière a admis que son pays profitait de la fermeture de la route migratoire des Balkans par les pays concernés, mais que cette solution ne pouvait être durable car elle se fait à ses yeux aux dépens de la Grèce.

La tension reste en effet palpable à la frontière gréco-macédonienne, où sont bloqués, dans des conditions très difficiles, des milliers de migrants depuis la fermeture de la route des Balkans.

Les migrants continuent par ailleurs à utiliser d'autres routes pour tenter de se rendre en Europe. Plus de 1.800 migrants ont été secourus depuis le 15 mars au large de la Libye et deux corps récupérés, ont annoncé le 16 mars les gardes-côtes italiens, alors que d'autres opérations de sauvetage étaient encore en cours.

Angelina Jolie, ambassadeur de bonne volonté du Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés a rencontré des réfugiés en Grèce, ainsi que le Premier ministre Alexis Tsipras, espérant "accélérer les moyens pour faire face à cette crise humanitaire qui est en train de s'aggraver".

AFP/VNA/CVN

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