Brexit
May veut rassurer les Européens installés au Royaume-Uni

Statut de résident permanent (sous conditions), souplesse administrative, délais "adaptés" : Theresa May a tenté lundi 26 juin de rassurer les millions de citoyens européens installés au Royaume-Uni inquiets pour l'après Brexit, avec des propositions toutefois jugées pas suffisamment "ambitieuses" par l'UE.

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Capture d'écran à partir d'une vidéo de la chaîne parlementaire britannique (PRU) qui montre la Première ministre Theresa May le 26 juin au parlement à Londres.

"Je sais que certains sont inquiets", a déclaré la Première ministre conservatrice en détaillant devant le chambre des Communes son projet sur le statut des immigrés européens dans le Royaume-Uni post-Brexit.

"Mais aujourd'hui (...) je souhaite rassurer pleinement les gens en leur disant qu'en vertu de ce projet, il ne sera demandé à aucun citoyen européen se trouvant actuellement légalement au Royaume-Uni de (le) quitter au moment où le pays sortira de l'UE". "Nous voulons que vous restiez", a assuré Mme May.

Cette question très sensible concerne 3,2 millions de ressortissants de l'UE qui s'interrogent sur leur avenir dans le pays, et dont le règlement figure parmi les priorité de l'UE dans le cadre des négociations sur le Brexit, officiellement lancées depuis une semaine.

Elle est aussi intimement liée au sort des 1,2 million de Britanniques installés dans les 27 autres pays de l'UE, a rappelé Theresa May en soulignant que tout accord avec l'UE devait être fondé sur la "réciprocité".

Selon le projet du gouvernement dévoilé lundi 26 juin, un document de 17 pages, les citoyens européens conserveront leurs droits actuels jusqu'au jour de sortie de l'UE, mais devront ensuite demander l'obtention d'un statut, nouveau, de résident.

Le gouvernement fait la distinction entre les personnes présentes depuis au moins cinq ans dans le pays, à une date butoir restant à définir, et les autres.

Dans le premier cas, les citoyens européens pourront réclamer un statut de résident permanent. Ils disposeront alors des mêmes droits qu'un Britannique, en termes d'accès au travail ou à la santé par exemple.

Les autres devront en revanche passer par un statut de résident temporaire.

La date butoir devrait être comprise entre le lancement officiel de la procédure de divorce (mars 2017) et la sortie effective du pays de l'UE (théoriquement mars 2019) et fera l'objet de "discussions" avec les 27, selon le gouvernement.

"Pas une offre généreuse"

Mais pour l'heure, ce flou entretient l'incertitude pour de nombreux immigrés européens, souligne le Pr Dimitrios Giannoulopoulos de la Brunel University de Londres.

"En fonction du moment où cette date butoir sera choisie à l'intérieur de cette fenêtre de deux ans, des milliers de citoyens européens pourront se trouver du mauvais côté de la ligne", dit-il.

Alors que nombre de ressortissants présents dans le pays s'inquiètent d'éventuelles lourdeurs procédurales, le gouvernement promet de "moderniser" le fonctionnement de son administration, mais aussi des délais "adaptés" pour le dépôt des dossiers.

Le projet confirme enfin, au grand dam de Bruxelles, que Londres ne veut pas que la Cour européenne de justice (CJUE) soit compétente pour trancher les litiges sur les droits des immigrés européens après le Brexit.

"Objectif de l'UE sur les droits des citoyens : le même niveau de protection que dans le droit européen", a réagi sur Twitter le négociateur en chef de l'UE Michel Barnier, en demandant aux Britanniques "plus d'ambition, plus de clarté et de garanties".

Lors de sa présentation devant le parlement, la proposition a été vivement critiquée par le chef de l'opposition travailliste Jeremy Corbyn. "Ce n'est pas une offre généreuse. (...) C'est la confirmation que Mme May veut utiliser les gens comme monnaie d'échange", a-t-il dénoncé, en estimant le Royaume-Uni avait besoin "d'une nouvelle approche sur le Brexit".


AFP/VNA/CVN

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