>>Mario Draghi prête serment pour diriger l'Italie
>>Italie : Mario Draghi, chargé de former un gouvernement, appelle à "l'unité"
Cérémonie de passation de pouvoirs entre le Premier ministre italien sortant Giuseppe Conte (gauche) et Mario Draghi à Rome le 13 février. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Je jure d'être loyal à la République", a déclaré l'ancien président de la Banque centrale européenne (BCE), au cours de la cérémonie d'investiture devant le président Sergio Mattarella, retransmise en direct du palais présidentiel par la télévision.
M. Draghi, surnommé "Super Mario" pour son rôle dans la crise de la dette de la zone euro en 2012, se présentera devant le Sénat mercredi 17 février, puis le lendemain devant la Chambre des députés pour le vote de confiance qui donnera la légitimité définitive à son gouvernement.
L'ex-président de la BCE, qui succède à Giuseppe Conte, contraint à la démission après l'éclatement de sa coalition, a choisi un homme de confiance, Daniele Franco, pour le ministère-clé de l'Economie.
M. Franco, 67 ans, considéré comme l'un des meilleurs experts des finances publiques de la péninsule, a fait l'essentiel de sa carrière au sein de la Banque d'Italie, dont M. Draghi a été le gouverneur, jusqu'à en devenir le numéro deux début 2020.
Mario Draghi a cependant joué la continuité sur plusieurs autres postes importants : il a ainsi confirmé Luigi Di Maio, un haut responsable du Mouvement populiste 5 Etoiles (M5S), au poste de ministre des Affaires étrangères, la technocrate Luciana Lamorgese à celui de ministre de l'Intérieur et Roberto Speranza, du petit parti de gauche LEU, à la Santé.
Les membres du gouvernement ont également prêté serment samedi 13 février.
Mario Draghi a habilement mêlé technocrates et responsables politiques, choisissant des personnalités compétentes dans tous les partis lui ayant offert leur soutien, sans faire appel cependant aux leaders.
"Super-ministère" de la Transition écologique
Le nouveau chef du gouvernement italien Mario Draghi, le 12 février au palais de la Quirinale, à Rome. |
Il a également annoncé la prochaine création d'un "super-ministère" de la Transition écologique qui sera dirigé par un physicien de renom, Roberto Cingolani, responsable depuis septembre 2019 de l'innovation technologique chez le géant italien de l'aéronautique Leonardo.
Depuis que M. Mattarella avait fait appel à lui le 3 février, Mario Draghi a eu des entretiens tous azimuts avec les partis politiques représentés au parlement, qui lui ont permis de former un attelage hétéroclite allant du Parti démocrate (PD, centre gauche) à la Ligue d'extrême droite de Matteo Salvini en passant par le parti de droite Forza Italia de Silvio Berlusconi.
Jeudi, in extremis, l'inclassable Mouvement 5 Etoiles, antisystème jusqu'à son arrivée au pouvoir, avait lui aussi donné son feu vert, faisant ainsi tomber le dernier obstacle à la formation d'un gouvernement d'union nationale.
Selon un sondage Ipsos publié dans le Corriere della Sera, 62% des Italiens soutiennent Mario Draghi.
Samedi, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a estimé dans un tweet que son "expérience sera(it) un atout exceptionnel pour l'Italie et pour l'Europe", tandis que le Premier ministre britannique Boris Johnson le félicitait également sur Twitter.
Les difficultés ne font cependant que commencer pour cet Italien affable de 73 ans connu pour sa discrétion, son sérieux et sa détermination.
L'Italie, qui approche de la barre des 100.000 morts dues au COVID, a enregistré en 2020 l'une des pires chutes du PIB de la zone euro, 8,9%. La troisième économie de la zone compte beaucoup sur la manne de plus de 200 milliards d'euros de fonds européens, dont le versement est lié à la présentation à Bruxelles d'ici à fin avril d'un plan détaillé de dépenses.
"Mais il ne suffit pas de dépenser les fonds. La Commission européenne s'attend à ce que les dépenses aillent de pair avec les réformes", selon une analyse du Centre pour une réforme européenne (CER).
En tête des priorités figure aussi l'accélération de la campagne vaccinale, affectée comme dans les autres pays européens par des lenteurs d'approvisionnement. Seuls 1,2 million des 60 millions d'Italiens ont été vaccinés.
Même s'il bénéficie pour l'instant de son aura de "sauveur de la nation", cet homme aux cheveux poivre et sel formé chez les jésuites, dont l'arrivée a réjoui les marchés financiers, devra faire preuve de beaucoup d'habileté pour rester en selle sur le long terme face à des partis politiques qui devraient s'agiter de plus en plus à l'approche des prochaines élections, prévues pour 2023.