Marchande ambulante, un métier de défis au quotidien

Pham Thi Thuy parcourt chaque jour les rues de Hanoi avec sa palanche chargée de fruits sur l’épaule. Pourtant très lourd, cet ancien système de portage s’est fait une place au cœur de la ville grâce à sa qualité indéniable : la mobilité.

Chaque jour, Pham Thi Thuy se sert de sa palanche pour aller vendre des fruits.

Marchant le long des trottoirs encombrés et slalomant entre les motos avec une facilité déconcertante malgré l’imposant bout de bois qui semble peser sur leur épaule, les marchandes ambulantes transportent toutes sortes de fruits, de légumes et autres denrées alimentaires. À chaque pas, la tige de bambou, à la fois flexible et résistante, se courbe sous le poids des charges réparties à ses deux extrémités. Certaines femmes ont abandonné la palanche, symbole du Vietnam traditionnel, et ont opté pour le vélo, plus moderne.

Assise sur le bord de la rue Quán Su à Hanoi, Pham Thi Thuy est occupée à éplucher quelques ma thay (héléocharis dulcis). Un des deux paniers de sa palanche en est rempli ; l’autre contient une petite montagne de goyaves. En tout, 25 kg de marchandises, auxquels il faut ajouter les 5 kg de la palanche. «C’est vrai que c’est très lourd, mais je me suis habituée avec le temps. Par contre, il m’arrive d’avoir mal au pied», explique Thuy.

S’enfiler dans les petites rues

À l’origine, les palanches ont été conçues pour permettre aux femmes de transporter des provisions alimentaires en effectuant de longs trajets sur les chemins sinueux. De nos jours, les marchandes ambulantes aux chapeaux coniques arpentent les rues goudronnées... Quel contraste ! La palanche aurait-elle des avantages dont ne disposent pas les autres systèmes de portage plus modernes ? Ou est-ce simplement une question de tradition ?

Thuy est originaire de Bình Bô, dans la province de Phú Tho (Nord). Depuis 1997, elle effectue chaque jour plusieurs kilomètres à pied dans les rues de Hanoi avec sa palanche pour vendre des fruits. «Bien sûr que je pourrais prendre autre chose qu’une palanche. Un vélo par exemple. Mais l’avantage de la palanche, c’est que l’on peut fuir rapidement lorsque la police arrive. Avec la palanche sur l’épaule, je peux courir et m’enfiler dans les petites rues», confie Thuy.

Certaines femmes ont troqué la palanche pour le vélo afin de transporter leurs produits.

Effectivement, la vente ambulante est interdite depuis plusieurs années sur les sites touristiques et dans les rues principales de Hanoi. Elle reste toutefois tolérée dans certaines ruelles et impasses.

La marchande ajoute : «En réalité, c’est surtout que je n’ai pas la place pour ranger un vélo chez moi, alors que la palanche, je peux l’accrocher au mur».

Quoiqu’il en soit, nombreuses sont les femmes, qui, comme Thuy, ne tiennent pas vraiment compte de cette nouvelle réglementation. La marchande s’est déjà fait arrêter par la police à plusieurs reprises. L’amande est de 160.000 dôngs.

Thuy se déplace donc sans cesse dans les différentes rues de son quartier. Elle explique : «Chaque vendeur dispose de son propre quartier. C’est d’ailleurs pour cette raison que je ne ressens pas vraiment de concurrence. Dans mon quartier, je suis la seule à vendre des héléocharis et des goyaves».

Pour une villeplus moderne

Au fil des années, le nombre de marchands ambulants a tendance à diminuer. Les jeunes préfèrent travailler dans les nouvelles entreprises qui s’implantent. «C’est un métier difficile. Et, si je pouvais, je changerais de métier. Mais ce n’est pas si facile», raconte Thuy.

«Je gagne tout juste de quoi payer les études de mes enfants», poursuit-elle. La marchande a constaté que les acheteurs se faisaient aussi moins nombreux depuis quelques temps.

La décision d’interdire la vente ambulante dans la capitale a été prise dans l’objectif de donner une image plus moderne à la ville. Les marchands ambulants causeraient trop de déchets dans la rue et gêneraient la circulation automobile. Certaines personnes estiment pourtant que les femmes avec leur palanche sont un véritable attrait touristique et qu’il ne faut pas le négliger. D’autres pensent au contraire que les touristes, peu habitués à ce genre de pratiques, se sentent parfois offensés lorsqu’on les incite vigoureusement à acheter quelque chose.

Texte et photos : Jessica Raclot/CVN

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