Manque de dispositifs pour soigner les malades mentaux

Chaque année, l’Hôpital psychiatrique de Hô Chi Minh-Ville voit augmenter de 10 à 15% le nombre de patients nécessiteux de soins médicaux. Il est en situation de surcharge en raison d’une pénurie de personnel et d’infrastructures.

>>Encore des lacunes en matière de soins psychiatriques

Une salle d'examen de l'Hôpital psychiatrique de Hô Chi Minh-Ville.

Des difficultés sur le manque de dispositifs pour soigner les malades mentauxont été présentées par le Dr Trinh Tât Thang, directeur de l'Hôpital psychiatrique de Hô Chi Minh-Ville, lors d’une récente séance de travail avec le Conseil populaire de la ville, au début d'avril.
Environ 16% de la population connaît des problèmes de santé mentale
Le médecin Trinh Thang a signalé qu’à travers des enquêtes épidémiologiques pour les maladies mentales les plus fréquentes chez les citadins, on constate que 16% de la population ont des problèmes de santé mentale. Le détail est le suivant: 1% pour la schizophrénie, 0,5% l’épilepsie, 6% la dépression, 7% pour les troubles d’anxiété et 5% concomitamment aux excès de drogues et d’alcool y compris le développement de psychose liée aux stimulants chez les jeunes.
Ainsi, ces dernières années, le nombre de patients à se faire examiner et soigner à l'Hôpital psychiatrique municipal est en augmentation de 10 et 15% par an. Le nombre annuel de patients hospitalisés s’élève à 3.300, dont les urgences sont estimées à 1.200 par an, avec 70% d’entre elles en séjour longue durée en hôpital. En outre, les services de traitement ambulatoire ont recensé environ 230.000 examens par an. "Il y a 15 ans, nous étions trois médecins pas trop occupés. Aujourd’hui, nous gérons 20 cliniques et nous sommes débordés. Avec 800 patients, la moyenne par table d'examen correspond à 60 patients par jour", a précisé le Dr Trinh Thang.
En outre, ces dernières années, l’Hôpital psychiatrique de la ville a également mis l’accent sur la création et le développement d’un département spécialisé en pédopsychiatrie avec les services de traitement ambulatoire. Actuellement, ce département est situé au 165 B, rue Phan Dang Luu, arrondissement Phan Dang Luu. On y recense 3.400 cas d’examen par an liés aux maladies mentales, dont les plus fréquentes sont l’épilepsie, les troubles d'hyperactivité, l’anxiété et d’autres troubles du langage et des comportements…
En plus de missions sur place, l’hôpital doit aussi animer des programmes pour protéger la santé des enfants au niveau local. Actuellement, il veille sur 10.000 patients schizophrènes et 8.000 patients souffrant dans 24 cliniques psychiatriques locales et 320 dispensaires.
Comme Trinh Thang, Lê Truong Giang, président de l’Association de la santé communautaire de Hô Chi Minh-Ville, a signalé que la maladie mentale était l’un des facteurs causant le plus de maux au Vietnam.
Dans le contexte d’industrialisation et de modernisation grandissantes, le pourcentage de patients atteints de maladies mentales continuera à augmenter graduellement, et cela représente un danger pour la communauté et la société. Par conséquent, l'investissement dans un système de contrôle, ainsi que dans le traitement des maladies mentales est extrêmement nécessaire.

Séance de travail entre les représentants du Conseil populaire municipal et les dirigeants de l'Hôpital psychiatrique de Hô Chi Minh-Ville.

À la recherche des médecins spécialisés
Malgré l’augmentation du nombre de patients dans le besoin, l’Hôpital psychiatrique de la ville ne dispose que de 500 lits et 61 médecins. En ce qui concerne le domaine psychiatrique, Hô Chi Minh-Ville n’a que 0,07 lits/1.000 personnes, alors que la moyenne nationale est de 0,2 lits / 1.000 habitants et dans le monde de 0,5 à 1,5 lits/1.000 habitants. Ainsi, la ville a besoin de 1.500 lits supplémentaires pour pouvoir mieux soigner ces patients.
D'autre part, les trois établissements composant l’Hôpital psychiatrique de Hô Chi Minh-Ville sont surchargés, exigus et dans un état douteux en termes d'infrastructures. Le complexe est situé au 766, rue Vo Van Kiêt dans le 5e arrondissement. Il s’étend sur seulement 3.000 m2 pour tous les services et fonctions.
Le Dr Trinh Thang s’est plaint: "Nous avions tenté d'ouvrir plus de services pour augmenter les revenus des fonctionnaires et du personnel hospitalier, mais nous ne pouvions pas les mettre en service à cause des difficultés structurelles". C’est le même cas pour l’antenne Lê Minh Xuân (district de Binh Chanh), qui peut seulement fournir 50 lits pour 120 patients internes. Enfin, son unité réservée aux enfants, au 164, rue Phan Dang Luu dans l’arrondissement de Phu Nhuân, fait face aux même difficultés.
"Aucun service n’a évolué. Nous fonctionnions principalement grâce au budget public, mais depuis 3 ans ce budget ne suffit plus à payer les salaires du personnel", a révélé M. Thang.
Un autre problème du à ces fonds insuffisants est le recrutement du personnel. En effet, depuis plusieurs années, l’Hôpital psychiatrique de la ville n’a presque pas recruté. Malheureusement, d'ici à 2020, parmi 61 médecins, 13 seront retraités. Le faible revenu et les conditions de travail difficiles sont les principales raisons de ce problème. Actuellement, le revenu moyen est de 10 à 12 millions de dôngs/mois pour un médecin expérimenté de 20 ans et 4 à 5 millions pour un jeune médecin.
Face à cette réalité, le Dr Trinh Thang a demandé à la ville un financement pour rénover son établissement (766 rue Vo Van Kiêt) et améliorer les soins de santé des habitants... En outre, il a demandé pour Lê Minh Xuân et l’unité de pédopsychiatrie une augmentation du nombre de lits pour arriver à 1.000 places en hospitalisation.
Pour gérer l’augmentation des malades mentaux ainsi que la pénurie de médecins et d’infrastructures de l’Hôpital psychiatrique de la ville, Thi Thi Tuyêt Nhung, cheffe du Service de la culture et des travaux sociaux au Conseil populaire de Hô Chi Minh-Ville, a demandé aux services concernés, et notamment au Service municipal de la santé, de mettre en place les mesures nécessaires.
"Dans un contexte où la population souffre de pressions croissantes, et où le nombre de personnes dépendantes aux drogues est en nette augmentation, la mise à niveau de cet hôpital est extrêmement nécessaire", a déclaré Thi Thi Tuyêt Nhung. Par ailleurs, elle a signalé que l’hôpital psychiatrique devait absolument promouvoir ses atouts afin de pouvoir augmenter ses revenus et viser une autonomie financière pour l'avenir.

Texte et photos: Quang Châu/CVN

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