>>Manifestation inédite de policiers sur les Champs-Élysées
Environ 500 policiers se sont rassemblés sur les Champs-Elysées dans la nuit du 17 au 18 octobre. |
Vingt-quatre heures après cette manifestation sur les Champs-Elysées, de nombreux policiers restaient mobilisés dans la nuit de mardi 18 octobre à mercredi 19 octobre : quelque 400 d'entre eux se sont rassemblés à Evry où le directeur général de la Police nationale Jean-Marc Falcone a reçu les chefs de brigade et de brigade anticriminalité (BAC) de l'Essonne, d'où étaient partis de nombreux manifestants la veille. Ils ont abondamment hué leur patron lorsqu'il est reparti en voiture, appelant à sa démission.
Une soixantaine d'autres se sont à nouveau réunis devant l'hôpital Saint-Louis à Paris, où est soigné un agent grièvement blessé lors de l'attaque au cocktail Molotov du 8 octobre à Viry-Châtillon, dans l'Essonne, qui a exacerbé la colère des policiers.
Par ailleurs, une centaine de policiers se sont rassemblés dans la nuit de mardi 18 octobre à mercredi 19 octobre à bord de leurs véhicules de service sur le Vieux-Port à Marseille.
"Défiler avec des voitures de police et des gyrophares (...) n'est pas conforme à ce qu'est la déontologie de la police dans la République", a lancé au Sénat le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve. "Ils manifestent une exaspération que je comprends", a-t-il toutefois ajouté.
Une centaine de policiers manifestent sur le Vieux-Port à Marseille, le 19 octobre. |
La "police des polices" (IGPN) va enquêter sur "les manquements individuels aux règles statutaires" après cette manifestation sur les Champs-Élysées dans la nuit de lundi 17 octobre à mardi 18 octobre, a annoncé pour sa part Jean-Marc Falcone. Les manifestants "fragilisent la police nationale", a-t-il asséné.
Dans la soirée, lors d'une rencontre à Evry avec des syndicalistes et des responsables policiers du département, il a cependant "appelé à l'apaisement", a-t-il dit.
"Je comprends l'émotion des fonctionnaires de police. Je suis venu leur dire le soutien de la hiérarchie" après l'agression de leurs collègues, a-t-il ajouté, promettant de décider d'ici quinze jours "des suites à donner" à l'enquête de l'IGPN sur la manifestation "non autorisée".
"Je leur ai dit que je comptais sur eux" pour expliquer à leurs collègues "que maintenant ce mouvement de contestation doit s'arrêter".
"Notre hiérarchie n'a rien compris au malaise des fonctionnaires", pestait malgré tout devant l'hôtel de police d'Evry une policière venue soutenir ses collègues menacés de sanctions.
Tout a commencé lundi après-midi 17 octobre quand des SMS ont circulé, annonçant un cortège depuis l'Essonne vers l'hôpital Saint-Louis. "Face à une hiérarchie carriériste, des élites syndicales enlisées dans leurs conflits, et une justice complètement désintéressée par notre sort, nous devons nous souder. Entre bleus", était-il écrit.
Dans la nuit de lundi 17 octobre à mardi 18 octobre, selon une source policière, "ils étaient environ 400 dont un large contingent venu" de l'Essonne devant l'hôpital.
Tags antipolice
Vers 01h00, le cortège s'est dirigé vers les Champs-Élysées. En tenue civile, gyrophares allumés, ils ont perturbé pendant plus d'une demi-heure la circulation autour de l'Arc de Triomphe, avant de se disperser. "Nous sommes à bout", lâchait l'un d'eux.
Un policier devant la carcasse d'un véhicule de police incendié à Viry-Chatillon le 8 octobre. |
"On s'est organisé nous-mêmes, par les réseaux sociaux et le bouche à oreille", a expliqué à l'AFP une source policière.
"On peut comprendre le ras-le-bol des policiers qui exercent dans ces quartiers et ne voient pas depuis des années les décisions politiques faire changer la situation sur le terrain", a réagi Christophe Rouget du syndicat SCSI, qui avait appelé le 11 octobre à manifester devant les commissariats en solidarité avec les collègues attaqués dans l'Essonne.
Le Premier ministre Manuel Valls a réaffirmé le soutien du gouvernement abondamment exprimé après l'attaque de Viry-Châtillon et promis de "poursuivre sans relâche ceux qui s'en prennent à nos professeurs, nos écoles, nos forces de l'ordre" après une série d'agressions, principalement en banlieue parisienne.
Les chefs de file des députés Les Républicains et UDI, Christian Jacob et Philippe Vigier, ont estimé que la manifestation était un signe de "ras-le-bol" et de "désespoir", l'élu centriste évoquant une société "au bord de l'embrasement".
Le Front national a également apporté son "total soutien" aux policiers qui ont manifesté durant la nuit.
Les forces de l'ordre ont également fait face ces derniers jours à un guet-apens dans le quartier sensible du Val-Fourré, à Mantes-la-Jolie (Yvelines). Une manifestation de soutien à de jeunes nationalistes corses a violemment dégénéré à Bastia, plusieurs dizaines de personnes jetant des cocktails Molotov sur les forces de l'ordre.
Des tags antipolice ont aussi échauffé récemment les esprits. Mardi 18 octobre, une enquête a été ouverte après la découverte d'un nouveau tag sur le campus de l'Université Paris VI Pierre-et-Marie-Curie à Paris.
AFP/VNA/CVN