>>Le gala du Met à New York fait le plein de célébrités et de glamour
>>Le Met de New York dévoile ses nouvelles galeries d'art américain
Une visiteuse de l'exposition sur l'or précolombien au Met, le 26 février à New York. |
Les quelque 300 pièces, réunies jusqu'au 28 mai au Metropolitan Museum de New York, ont survécu aux pillages systématiques des conquistadors espagnols, qui ont souvent fondu l'or ou l'argent qu'ils avaient volés, pour transformer des œuvres en lingots.
"La plupart des sites ont été complètement détruits", rappelle Joanne Pillsbury, responsable de l'art américain ancien au Met. Elle a supervisé l'installation à New York de cette exposition qui a déjà fait une première étape à Los Angeles.
Pour reconstituer ce parcours, qui débute au Pérou autour de l'an 1200 avant Jésus-Christ et s'achève au Mexique après l'arrivée d'Hernan Cortés durant la première moitié du XVIe siècle, il a fallu convaincre 52 institutions de douze pays différents, qui ont accepté le principe d'un prêt.
Beaucoup sont situées dans les pays d'origine de ces objets, au Pérou, au Mexique, mais aussi en Colombie, au Costa Rica, au Belize et au Guatemala. "Ces œuvres étaient parmi les plus importantes de leurs époques", souligne Joanne Pillsbury.
L'exposition n'a pas cherché à donner un aperçu de l'ensemble de l'art précolombien, mais à présenter ce qui s'est fait de mieux chez les peuples indigènes d'Amérique Centrale et du Sud.
Certaines pièces sont d'une finesse extrême, comme cette oreillette en or et turquoise de la culture Mochica avec un guerrier en relief, paré de minuscules accessoires amovibles.
Un visiteur de l'exposition sur l'or précolombien au Met, le 26 février à New York. |
Les objets présentés avaient quasiment tous une fonction décorative, de cérémonie ou ornementale plutôt qu'utilitaire. Ils étaient souvent l'expression d'un statut social ou politique.
Or, plumes et jade
L'intérêt de l'exposition est d'ailleurs renforcé par la contextualisation des œuvres, permis par les résultats de recherches archéologiques récentes.
Elles ont notamment permis de découvrir que ces couronnes, bracelets, pendentifs et ornements en or étaient portés aussi bien par des femmes que par des hommes, explique Joanne Pillsbury.
C'est ce qu'a confirmé la découverte majeure, en 2006, d'une momie de femme couverte de bijoux et ornements sur le site de Huaca Cao Viejo, dans le nord du Pérou, exemple de la culture Mochica, l'une des plus anciennes d'Amérique.
Ce travail, qui éclaire des civilisations qui utilisaient peu ou pas l'écrit et ont donc peu transmis, "n'aurait pas pu être fait il y a 30 ans", assure Joanne Pillsbury.
Pour elle, "cette exposition évoque des dialogues transfrontaliers, que ce soit dans le passé ou au présent".
Les Incas, les Mayas ou les Aztèques, les peuples les plus connus, mais aussi les Moche, les Chimu ou les Lambayeque se sont influencés et la technique du travail de l'or a voyagé du Pérou jusqu'au Mexique, où elle s'est implantée le plus tardivement.
Si l'or était révéré par tous ces peuples, qui lui prêtaient des origines surnaturelles, il n'a pas toujours été le matériau le plus prisé de l'ère précolombienne.
Comme le montrent plusieurs objets de l'exposition, le jade a longtemps eu une place de choix, mais son extrême dureté et son éclat inférieur à celui de l'or lui ont ensuite fait perdre du terrain.
Jamais démodée, la plume d'oiseau a également fait les beaux jours de l'art précolombien et même au-delà, comme en atteste La Messe de saint Grégoire, tableau prêté au Met par le musée des Jacobins d'Auch.
Réalisé au Mexique en 1539 après la prise du pouvoir par les Espagnols, "c'est un exemple du métissage culturel et aussi technique" qui mêle l'iconographie biblique, la plume et des motifs aztèques, explique Fabien Ferrer-Joly, conservateur du musée des Jacobins.
AFP/VNA/CVN