>>Le Met de New York étend ses retransmissions à 1.900 cinémas et 64 pays
>>Le Met de New York dévoile ses nouvelles galeries d'art américain
Le Metropolitan Opera de New York au Lincoln Center à Manhattan, le 11 janvier 2017. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le concert de gala, prévu dimanche soir 7 mai dans la salle grandiose du Lincoln Center à Manhattan, sera l'occasion d'entendre des grandes voix mondiales, comme l'Espagnol Placido Domingo ou la très populaire soprano Renee Fleming.
Cette soirée avec dîner à 3.000 dollars par personne - le plus grand gala organisé par le Met depuis 2009 - coïncide avec la fin d'une saison riche une fois encore en solos puissants et décors dignes de musées, portée par un choeur et un orchestre parmi les plus réputés au monde.
Mais si la qualité est toujours au rendez-vous, l'avenir du Met est incertain, tant la compagnie peine à renouveler un public vieillissant, avec un prix moyen par billet de quelque 150 dollars.
En 2008, beaucoup de représentations se jouaient à guichets fermés, et près de 90% des recettes potentielles attendues sur l'année avaient été couvertes. En 2015, ce pourcentage était tombé à 69%, selon le dernier rapport financier de l’établissement.
"Graves problèmes"
Le directeur général du Met, Peter Gelb, le 9 mars 2015 à New York. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Avec un budget annuel de 300 millions de dollars, le Met "a de graves problèmes", explique Charles Affron, auteur d'un livre sur cette institution, dans un entretien téléphonique. "Le public se rétrécit de plus en plus."
Le directeur général du Met, Peter Gelb, fait néanmoins valoir que la saison 2016-17 a permis de redresser "légèrement" les ventes pour la première fois depuis des années.
Mais il reconnaît que beaucoup reste à faire, notamment en direction des écoles. "Le monde de l'opéra est en transition, nous remplaçons un public âgé par un public plus jeune", dit-il. "Toute la question est de savoir si ce remplacement peut se faire suffisamment rapidement."
Le gala de dimanche 7 mai marque le 50e anniversaire non pas de la naissance du Met, vieux de 134 ans, mais de la première saison qui suivit son déménagement au Lincoln Center.
Le concert de septembre 1966 qui avait alors inauguré les nouveaux locaux, avec Antony and Cleopatra, du compositeur américain Samuel Barber, avait attiré des personnalités du monde entier, dont la Première dame américaine d'alors, Lady Bird Johnson.
L'opéra connaissait alors une sorte d'âge d'or : la première saison verra défiler des vedettes comme le ténor italien Franco Corelli, la soprano suédoise Birgit Nilsson ou la cantatrice australienne Joan Sutherland. Deux ans plus tard, le ténor italien Luciano Pavarotti faisait sa première apparition au Met dans La Bohème.
Fin de l'âge d'or
Le Metropolitan Opera de New York au Lincoln Center à Manhattan, le 11 janvier 2017. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le Met brille à l'époque non seulement par ses ténors et ses divas mais aussi par une acoustique exceptionnelle et une salle de 3.800 places qui cumule les superlatifs : plus grande, plus impressionnante que les opéras de Milan, Londres ou Vienne, avec ses plafonds chargés d'or, ses énormes lustres, et ses fresques signées Marc Chagall.
Mais cette grandeur est devenue avec le temps une lourdeur, presque un handicap. Pour Charles Affron, les difficultés actuelles tiennent aussi à des productions inégales et à des chanteurs moins solides qu'auparavant. "Ils ne font tout simplement pas vendre assez de billets", dit-il.
Charles Affron compte d'ailleurs beaucoup sur l'arrivée du jeune chef d'orchestre québecois Yannick Nezet-Seguin comme directeur musical, qui assumera ses fonctions à plein temps en 2020, pour donner un nouveau souffle. Un espoir partagé par les responsables syndicaux du Met qui furent à deux doigts de la grève en 2014, après 40 ans de direction par James Levine.
Les nouveaux chanteurs ont néanmoins leurs partisans, qui soulignent qu'ils sont bien meilleurs acteurs que leurs prédécesseurs. La soprano russe Anna Netrebko a été l'illustration de cette évolution cette saison, captivant le public avec son interprétation de la Tatiana d'Eugène Onéguine.
"Un opéra doit être aujourd'hui beaucoup plus que par le passé", estime M. Gelb. D'autant qu'il est devenu difficile de séduire de larges pans d'un public beaucoup plus fragmenté, qui dispose d'un éventail immense de choix musicaux à portée de smartphones.
"Quand les choses allaient moins vite, l'opéra était un art dominant", reconnaît-il. Aujourd'hui, "l'opéra en tant que forme artistique ne se positionne plus comme avant".