Kosovo : sacrifice de moutons et offrandes pour fêter l'été

Un sacrifice de moutons et des dons pour accueillir les beaux jours et réclamer les faveurs du destin : des milliers d'Albanais ont afflué samedi 6 mai à Babaj i Bokes, au Kosovo, pour une fête immémoriale, mi-religieuse mi-païenne.

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Un sacrifice de moutons à Babaj i Bokes, au Kosovo, le 6 mai 2017.
Photo : AFP/VNA/CVN

Pour fêter Shen Gjergji (Saint-Georges) comme chaque 6 mai, ils sont venus de tout le Kosovo et de l'Albanie voisine, pour s'incliner, dans le mausolée de Tyrbja Pulaj, sur le cercueil d'un dignitaire musulman, le derviche Neziri, un soufi local qui a vécu il y a deux siècles et demi.

Ce syncrétisme ne dérange pas Halil Syla, 56 ans, descendant du derviche, dont la famille est chargée de l'organisation de cette fête unique : "C'est une coutume séculaire, qui se transmet de génération en génération", et est observée dans "toutes les religions".

Le sang des animaux égorgés à la chaîne macule les murs du mausolée, gorgent la terre du cimetière situé sur une hauteur des contreforts des montagnes séparant Kosovo et Albanie.

Dans l'enclos, des moutons bêlent en attendant par dizaines le couteau des bourreaux, tandis que les familles déambulent entre les tombes.

Originaire de ce village de 600 habitants, Rexhe Miftari, 58 ans, est revenu de Suisse où il a émigré il y a 28 ans et où est né son fils, Eremik, 15 ans.

Il n'est pas pratiquant -"Cet endroit est ouvert à tous, personne ne vous demande votre religion"-, mais explique croire dans les vertus d'une goutte de sang ou de la langue des moutons. Il a demandé "à éloigner les menaces qui pèsent sur la famille et le Kosovo".

Dede Markegaj, 81 ans, ex-professeur, catholique, ramènera une langue de mouton à un petit voisin, muet. Musulmane d'une soixantaine d'années venue d'Albanie, Fetije Berisha, espère régler ses soucis de tension artérielle.

D'autres demandent la fertilité ou la guérison d'un proche, avant de redescendre manger gratuitement du mouton, danser, profiter des attractions.

Selon l'historien de Pristina, Dede Palokaj, cette fête, qui n'a pas d'équivalent dans la région, remonte à des temps immémoriaux "pour célébrer la fin de l'hiver et accueillir la saison estivale".

Au début de l'ère chrétienne, Saint Georges aurait choisi d'intégrer cette célébration païenne au calendrier chrétien. Les musulmans s'y sont ensuite associés, explique-t-il.

Le Kosovo, qui a déclaré son indépendance de la Serbie en 2008, est peuplé en écrasante majorité d'Albanais. Le 6 mai, les Roms des Balkans fêtent aussi Saint-Georges.


AFP/VNA/CVN

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