L'OPEP divisée sur la stratégie à adopter face à la chute des prix

L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), qui se réunit vendredi 4 décembre à Vienne, ne devrait pas décider d'abaisser son plafond de production malgré le lourd tribut qu'une telle stratégie fait payer aux plus petits producteurs du cartel, davantage exposés à la chute des prix du pétrole.

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Même si de plus en plus de voix discordantes au sein même du cartel, Venezuela en tête, appellent à une réduction de la production pour soutenir les cours du brut, qui ont perdu plus de 60% de leur valeur depuis la mi-2014, la plupart des analystes jugent peu probable que l'Arabie saoudite et ses alliés du Golfe, poids lourds de l'organisation, consentent à des réduction de production.

Les ministres des 12 pays de l'OPEP et de l'Indonésie, qui va faire son retour au sein du club après six ans d'absence, devraient ainsi, comme en juin, maintenir inchangé leur quota théorique de production fixé à 30 millions de barils par jour, même si plusieurs membres du cartel ont laissé entendre ces derniers jours que les discussions se poursuivaient pour parvenir à un accord.

Le logo de l'OPEP à Vienne.

"Rien n'est décidé, nous sommes encore en train de discuter", a déclaré jeudi 3 décembre le ministre irakien du Pétrole, Adil Abdul Mahdi, à l'issue d'une réunion préparatoire entre plusieurs membres du cartel.

Le ministre saoudien du Pétrole, Ali al-Nouaïmi, avait quant à lui assuré mardi 1er décembre à son arrivée dans la capitale autrichienne que la réunion aborderait "tous les sujets" et que son résultat n'était pas arrêté.

La chute des cours du brut, qui évoluent actuellement non loin de leurs plus bas en six ans et demi, est en grande partie imputable à l'offensive commerciale de l'Opep, Arabie saoudite en tête, qui inonde le marché d'or noir pour contrer l'essor des hydrocarbures de schiste aux États-Unis, mais aussi aux pays non membres du cartel, notamment la Russie, dont la production a récemment atteint des niveaux records.

Retour de l'Iran et de l'Indonésie

Les experts estiment toutefois que les pays du Golfe, soucieux plus que jamais de préserver leurs parts de marché alors que l'Iran prépare son grand retour sur le marché, n'accepteront de réduire leur production que si les producteurs extérieurs au cartel s'engagent également dans cette voie.

Or, ni Moscou ni Téhéran ne semblent prêts à un tel compromis car ils estiment que la déprime du marché est essentiellement imputable à la production excédentaire de l'OPEP, qui ne respecte pas son plafond.

"Nous avons dit à de nombreuses reprises que nous ne jugeons pas opportun de baisser notre niveau de production, parce que les conditions ne sont pas les mêmes pour nous, les conditions climatiques, les conditions de production", a fait savoir jeudi 3 décembre le ministre russe de l’Énergie, Alexandre Novak, cité par les agences russes.

Ce dernier a par ailleurs dit ne pas s'attendre à des "changements radicaux" lors de la réunion du cartel, à laquelle il a précisé que la Russie ne prendrait pas part, mais jugé qu'il serait "opportun pour l'OPEP de respecter les quotas qu'elle fixe".

De son côté, l'Iran a de nouveau revendiqué jeudi 3 décembre son droit à augmenter sa production dès que la levée des sanctions occidentales serait effective, estimant que Téhéran n'avait aucune responsabilité dans la chute actuelle des cours.

"C'est la responsabilité des membres producteurs de l'OPEP et des autres qui ont produit plus que le plafond", s'est défendu jeudi 3 décembre à Vienne le ministre iranien du Pétrole, Bijan Namdar Zanganeh.

Le président vénézuélien Nicolas Maduro avait pour sa part rappelé mardi 1er décembre à la Radio nationale que le Venezuela souhaiterait "que tous les pays respectent le plafond de production de l'OPEP et étudient un projet de réduction de 5% de la production".

"Avec l'Indonésie qui doit rejoindre l'OPEP et la production additionnelle en provenance d'Iran à prendre en compte, il est difficile de se figurer pourquoi l'Arabie saoudite et d'autres membres importants voudraient renoncer à des parts de marché qu'ils ont si désespérément essayé de défendre lors de l'année écoulée", a commenté Fawad Razaqzada, analyste chez Gain Capital trading group.

AFP/VNA/CVN

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