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Carte de Goma, chef lieu de la province du Nord-Kivu en RD Congo. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
Un peu plus d'un mois après les deux premiers cas enregistrés à l'étranger en Ouganda, l'OMS va de nouveau se demander s'il faut élever cette épidémie - qui a tué 1.668 personnes depuis l'été dernier - au rang d'"urgence de santé publique de portée internationale". La situation doit être pour cela "grave, soudaine, inhabituelle ou inattendue", avec des "répercussions pour la santé publique au-delà des frontières nationales de l'État touché", ce qui "peut exiger une action internationale immédiate", selon les critères du Règlement sanitaire international. La réponse avait été "non" le 14 juin.
Comme pour l'Ouganda, ce premier cas diagnostiqué à Goma, la plus grande ville touchée par l'actuelle épidémie avec un à deux millions d'habitants, semble bousculer la routine de la "riposte" face à une épidémie déclarée le 1er août 2018. "Il est important d'évaluer le niveau de risque", a déclaré à la presse à Goma Ibrahima Socé Fall, directeur général adjoint de l'OMS. "L'évaluation de l'OMS montre que le risque est élevé pour les provinces et les pays voisins, notamment l'Ouganda et le Rwanda", a ajouté le coordinateur de l'OMS sur place Michel Yao.
Goma est proche du Rwanda, qui a déconseillé à ses ressortissants de traverser la frontière. La ville, bien connue des humanitaires et des Nations unies, dispose d'un aéroport connecté à Kinshasa, Entebbe-Kampala et Addis Abeba. Des bateaux partent vers la province voisine du Sud-Kivu.
"Envoyé spécial" français
En préambule à sa conférence de presse, l'OMS a confirmé le décès du patient diagnostiqué dimanche 14 juillet à Goma lors de son transfert à Butembo, l'un des principaux foyers de l'épidémie à 250 km à vol d'oiseau au Nord.
Des patients attendent devant le centre de santé Afia Himbi à Goma, le 15 juillet. |
Ce patient "était pratiquement en phase terminale donc c'était un transfert assez délicat", a relevé M. Yao de l'OMS. Il est présenté par les autorités comme un pasteur d'une Église chrétienne qui avait présenté les premiers symptômes le mardi 9 juillet avant de voyager en bus vers de Butembo vers Goma le vendredi 12 juillet. Originaire de Bukavu (Sud-Kivu), il est arrivé à Butembo début juillet. Là, il avait prêché dans sept églises où il avait touché des fidèles, y compris des malades, d'après le ministère de la Santé.
Le gouverneur de la province du Nord-Kivu Carly Nzanzu a demandé à la population de Goma de "suivre les conditions hygiéniques": "Si à Goma, on se comporte très bien, on accompagne l'équipe de la riposte, il y aura plus de peur que de mal". L'épidémie était circonscrite jusqu'à présent dans la région de Beni-Butembo (environ 250 km à vol d'oiseau au nord de Goma), et très marginalement dans la province voisine de l'Ituri.
La France a annoncé, sous la pression des événements, qu'elle nommait un "envoyé spécial" pour Ebola en RDC. Il s'agit du professeur Yves Levy, spécialiste reconnu en immunologie, ancien PDG de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). La veille, le responsable des situations d'urgence de l'OMS Mike Ryan avait regretté l'absence de contribution financière française.
"Ce serait bien d'avoir davantage de personnels issus des pays francophones sur le terrain. Nous avons besoin d'expertise en français mais surtout nous allons avoir besoin de beaucoup d'argent, de centaines de millions de dollars pour apporter une vraie réponse et retomber à zéro (cas) cette année", a ajouté le ministre britannique du Développement international, Rory Stewart.
AFP/VNA/CVN