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Un homme reçoit un vaccin contre Ébola dans un centre de traitement à Goma, le 15 juillet. |
"Nous ne pouvons pas être trop prudent", a a insisté à Genève Tedros Adhanom Ghebreyesus, le directeur général de l'OMS, qui a précisé qu'il allait à nouveau réunir son comité d'urgence pour décider si l'épidémie constituait une "urgence sanitaire mondiale".
En juin, l'OMS avait jugé que l'épidémie en cours constituait une urgence sanitaire seulement pour la RDC et la région. Mais l'irruption d'Ébola à Goma, une ville d'un million d'habitants qui est une veritable ville-carrefour dans la région des Grands Lacs représente un "avertissement", selon le responsable des situations d'urgence de l'OMS, Mike Ryan.
L'inquiétude est palpable à Goma, ville partagée entre ses villas avec vues magnifiques sur le lac Kivu, siège des Nations unies et des ONG, et ses quartiers densément peuplés avec une activité commerciale importante.
"Goma est très peuplée, je crains que la propagation ne soit rapide. Que les autorités fassent tout pour retrouver toutes ces personnes", s'inquiète un moto-taxi, Jean-Pierre, 30 ans.
La ville se trouve en effet à la frontière du Rwanda, avec un port d'où les bateaux partent pour Bukavu et le Sud-Kivu, et un aéroport avec des vols civils ou onusiens à destination de Kinshasa, Entebbe et Addis Abeba.
Le Rwanda a d'ailleurs demandé lundi 15 juillet à ses ressortissants d'éviter tout voyage dans l'Est de la RDC.
"Isolé immédiatement"
En RDC, les autorités multiplient les mesures de préventions et les appels au calme. Les équipes chargées de répondre à l'épidémie ont identifié 60 contacts du pasteur évangélique qui est tombé malade à Goma et ils ont vacciné la moitié d'entre eux, selon l'OMS.
L'autre moitié devrait être vaccinée dans les prochaines 24 heures, a souligné Mike Ryan.
Un employé de l'Unicef prend la température d'un homme dans une station de lavage des mains installée à Goma, le 15 juillet. |
Le pasteur a été évacué lundi matin vers Butembo d'où il était arrivé la veille au chef-lieu de la province du Nord-Kivu avec environ un million d'habitants.
Explication: le centre de traitement de Butembo, épicentre de l'épidémie, est mieux préparé que celui de Goma qui n'a encore traité aucun cas jusqu'à présent, a expliqué le gouverneur, Carly Nzanzu Kasivita.
"Le cas a été non seulement détecté précocement, mais aussi isolé immédiatement évitant toute contamination additionnelle", assure le gouverneur.
Le gouverneur tout comme le ministère de la Santé appellent les habitants de Goma à garder leur "calme" face à l'épidémie qui frappe à leur porte.
Cette épidémie, qui a fait 1.665 morts, était jusqu'à présent cantonnée dans le nord de la province, dans les zones de Beni-Butembo, depuis qu'elle a été officiellement déclarée le 1er août dernier près de Beni.
L'itinéraire du patient a de quoi nourrir les inquiétudes plus ou moins rationnelles qui entourent chaque maladie contagieuse et mortelle.
Cacher son état de santé
Originaire du Sud-Kivu, le pasteur était arrivé début juillet à Butembo, où il a présenté les premiers symptômes dès le mardi 9 juillet.
"Durant son séjour à Butembo, le pasteur a prêché dans sept églises", où il touchait de ses mains régulièrement les fidèles "y compris les malades", a précisé le ministère de la Santé.
Le pasteur, qui serait membre d'une Église évangélique dite du "réveil", a ensuite pris le vendredi 12 la route pour Goma à bord d'un bus avec 18 autres passagers et le chauffeur.
"Le bus est passé par trois points de contrôle sanitaire. Lors des contrôles, il ne semblait pas présenter des signes de la maladie. Par ailleurs, à chaque point de contrôle, il a écrit des noms et prénoms différents sur les listes de voyageurs indiquant probablement sa volonté de cacher son identité et son état de santé", rapporte le ministère de la Santé.
"Ce cas confirmé d'Ébola à Goma montre que la situation demeure inquiétante et que l'épidémie n'est toujours pas sous contrôle", a commenté Médecins Sans frontière (MSF) qui a cessé ses interventions à Beni-Butembo en raison de l'insécurité.
L'insécurité a d'ailleurs encore frappé à Beni où deux notables locaux, enrôlés dans des actions de prévention, ont été assassinés dans la nuit de samedi 13 juillet à dimanche 14 juillet.
L'intervention des responsables communautaires est destinée à lever les résistances des populations contre la vaccination, l'hospitalisation et des modes d'enterrement qui évitent les contacts avec les fluides contagieux des défunts.
"Selon plusieurs sources, les assaillants seraient des personnes du même quartier que les deux victimes, qui enviaient leurs voisins car ils avaient trouvé un emploi dans la riposte contre Ébola", a indiqué le ministère de la Santé.
Un épidémiologiste de l'OMS avait été tué le 20 avril à Butembo, où deux centres de traitement d'Ébola avaient été attaqués fin février-début mars.
Cette épidémie est la deuxième épidémie Ébola la plus importante de l'histoire après celle qui a tué près de 11.000 personnes en Afrique de l'Ouest (Guinée, Liberia, Sierra Leone) en 2013-2014.
AFP/VNA/CVN