Livre : André Dang, l'homme mystère du nickel néo-calédonien

La Maison d'édition des femmes sort ce mois-ci la version vietnamienne du livre Mystère Dang , écrit par 2 journalistes françaises, Anne Pitoiset et Claudine Wéry. Utilisant un découpage propre aux romans policiers, ce livre va tenter de suivre, au plus près, le destin atypique et exceptionnel de André Dang au cœur de l'histoire de la Nouvelle-Calédonie.

Mystère Dang est un récit mais il se lit comme un roman d'aventures. André Dang intrigue, il inquiète, les auteures ont tenté de le décrypter.

Né misérable en 1936 sur les flancs d'une montagne de nickel, le Koniambo, André Dang est un descendant de travailleurs d'Indochine venus trimer en Nouvelle-Calédonie pour développer la colonie. Après la mort de son père sur la mine, Dang est adopté à 6 ans par une famille vietnamienne de Nouméa, qui lui fera découvrir l'école. Le petit Vietnamien est relégué au fond de la classe avec les Kanaks. Comme eux, il figure au rang des parias de la société néo-calédonienne, alors dominée par quelques grandes familles qui contrôlent tous les rouages de la vie politique et économique.

Les aléas de l'ascension de Dang

À 12 ans, André Dang quitte la maison de ses parents adoptifs pour revenir vivre avec sa mère et ses 2 frères utérins. Il est devenu le pilier de sa famille, notamment après l'exil de son beau-père, suite à un accident meurtrier. Doué d'une ferme volonté, le jeune André a surmonté les innombrables difficultés de sa vie. "Tôt le matin, il va au collège, pieds nus, les souliers sur l'épaule pour ne pas les user. Dans son cartable est rangé un chiffon avec lequel il se nettoie les pieds avant de se rechausser, même procédure le soir" (extrait de l'original, page 21).

Dès son adolescence, André Dang a pris conscience qu'il faudra terminer ses études supérieures pour sortir de la pauvreté. Élève surdoué, André a continué d'aller à l'école tout en travaillant, puis a réussi à aller en France pour poursuivre ses études de mécanique à Marseille. À la fin de celles-ci, il a travaillé comme technicien à la société Citroën, puis grâce à cette occasion, a eu l'opportunité de voyager partout en France... Mais ces années-là lui ont fait comprendre son attachement à la Nouvelle-Calédonie, à ses proches. Il décide d'y rentrer et d'investir dans le commerce automobile. Après une dizaine d'années de travail chez Pentecost, il devient ensuite le concessionnaire de grandes marques d'automobiles comme Toyota et General Motors. Doué d'un grand sens des affaires, André Dang parvient à bouleverser l'ordre établi et fait fortune dans le commerce. Il brise les codes de l'économie de comptoir pour jouer à jeu égal avec les grandes familles européennes.

Méprisé par les Caldoches d'origine européenne, il se lie d'amitié dans les années 1970 avec le leader indépendantiste Jean-Marie Tjibaou. Des "liaisons dangereuses" avec les milieux canaques, qui lui vaudront 6 ans d'exil forcé en Australie au début des années 1980 lors des violences qui opposèrent Kanaks et Caldoches.

Mystère et mines de nickel

La paix retrouvée, André Dang devient l'homme providentiel des Kanaks. Dans le sillage des Accords de Matignon (1988), qui depuis déterminent la vie politique du territoire, pour récupérer la maîtrise de leurs richesses, les Kanaks prennent pied dans l'industrie du nickel, à travers la Société minière du Sud Pacifique (SMSP), vendue par le député Jacques Lafleur. André Dang mène la danse. Une nouvelle fois, le diable d'homme s'attire de graves inimitiés et foule du pied les habitudes de l'industrie minière locale. Avec succès. En 1995, la SMSP se hisse au rang de première exportatrice mondiale. Grâce à des accords avec des géants mondiaux, elle a inauguré fin 2008 une usine métallurgique en Corée du Sud et une autre est en construction au Nord de la Nouvelle-Calédonie.

André Dang a ainsi joué un rôle de plus en plus important dans la vie économique néo-calédonienne, une figure majeure sur la scène mondiale du nickel. Il a su surmonter de gros problèmes de santé... et surtout le choc psychologique en apprenant la mort tragique de toute l'équipe dirigeante de la SMSP lors d'un crash aérien en 2000. Il a dû ainsi retarder sa retraite pour reprendre les affaires en main. Face aux vicissitudes de sa vie, André Dang a toujours su se montrer déterminé, dynamique et courageux.

Menant une vie modeste, André Dang reste une personnalité très humaine en gardant des liens profonds avec sa famille et ses proches tout en maintenant un attachement à sa patrie de sang.

C'est le mérite d'Anne Pitoiset, ancienne journaliste à Reuters, meilleure spécialiste française de la Nouvelle-Calédonie et du Pacifique, et de Claudine Wéry, correspondante de l'Agence France-Presse à Nouméa, que d'avoir tenté de retracer le parcours singulier d'André Dang. "Le projet est enrichissant", déclare Anne Pitoiset, lors de la conférence de presse tenue le 23 février à Hanoi à l'occasion de la sortie du livre sur la terre d'origine de son héros.

"Ce livre est pour nous une aventure humaine et journalistique", indique Claudine Wéry. L'enquête sur le personnage et l'écriture ont coûté aux 2 auteures une année de travail. Elles ont rencontré, interviewé 120 personnes qui sont amis, proches, voire ennemis du patron du groupe SMSP. D'ailleurs, André Dang a été interviewé tous les vendredis pendant un an. "À l'écriture, nous avons réellement vu que l'homme avait une dimension internationale", reconnaît Anne Pitoiset.

À présent, une adaptation du récit pour la télévision nationale française se dessine, révèle Anne Pitoiset, correspondante de L'Express, des Échos et de l'Expansion en Nouvelle-Calédonie. Le premier tour de manivelle est espéré cette année.

Hoàng Hoa/CVN

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